Gérard Palaprat vient de nous quitter. Il s’était fait connaître par des tubes (j'imagine qu'il devait exécrer cette appellation) post soixante huitards, en 1971 et 1973. Fais-moi un signe et pour la fin du monde auront marqué les hits parades et mes oreilles de pré adolescent. J’accrochai tout de suite au timbre de sa voix, à sa mélodie, aux mots qu’il balançait avec élégance et simplicité.
Les années ont passé. On ne l’a plus entendu. Comme les
chansons qui meurent aussitôt qu’on les oublie, chante Michel Legrand (Les
moulins de mon cœur). Gérard a trop subi l’éclat de deux tubes et on a oublié
toutes les autres chansons qu’il a créées : Le grand bateau, les tambours
d’Ecosse, Le chemin d’encore plus loin ou encore le tremblement de terre,
superbe chanson réaliste sur un séisme et ses tragédies.
La terre craque.
Ça sent le soufre.
Y aura-t-il un raz-de-marée ?
Dans les décombres,
Des cris sans nombre
Et la montagne va tomber.
Et l'incendie brûle partout.
Oui, combien de chansons oubliées mais qu’on voudra
réécouter ! Et puis ce long silence radio. Pourtant tu vis Gérard !
Tu pars en Inde et rencontre Shandra Mistri, ton maître de sitar. Tu crées
encore, dans l’indifférence des médias. Tu te rapproches des humbles, des gens
sans importance mais qui ont quelque chose à t’apporter !
Et un jour tu m’acceptes comme ami, sur Facebook. Je suis
intimidé. C’est tellement incroyable ! Pourtant tu dois lire mes billets. Je t’imagine
dans ce décor invisible de notre complicité. Je te vois lire mes vers mais aussi
mes délires. Que peux-tu en penser ? Mystère de la virtualité !
Et voilà que tu pars, sans préavis, rattrapé par l’horrible
crabe. Je pense à tous ceux qui t’aiment, qui t’ont suivi et dont je fais
partie, modestement.
Ce soir, en ta mémoire, j’avais simplement envie d’écrire
tout le bien que je pensais de toi.
Tout simplement.
Il ne manquait jamais l’ami
De fêter mon anniversaire
Un simple mot, de son pays
Au cœur des marais de lumière
Un bel ami, inespéré
Dans la magie du virtuel
Et dont les notes revenaient
Du fond de l’enfance éternelle
Gérard a gagné la montagne
De sa
fin du monde harmonieux
Où l’éternité de Cocagne
Lui fit un signe douloureux !
Comme un message qui se plaint
De l’inviter si vite au bal
Par le chemin d’encore plus loin
Au nord des ombres sépulcrales.
Le port quitta le grand bateau
Au roulement des tambours d’Ecosse
Vive la Terre, je meurs trop tôt
Mais ne pleurez pas sur ma fosse !
J’aimais le chant, j’aimais les mots
Et les visages en fleurs de l’art
J’appris l’humilité très tôt
Dans les mélopées d’un sitar
Un bel ami s’en est allé
Dans le halo de son mystère
Dégrisé de tous les succès
Sous le soleil de l’éphémère
L’ami Gérard comme une étoile
Au firmament des chants éteints
Quand les oublis tissent le voile
Sur des arias sans lendemain
Au revoir gentil troubadour
De nos invisibles sourires
Qui sait, nous nous verrons un jour
J’aurai tant de choses à te dire…