Le 28
septembre 2016, le planning familial a lancé une nouvelle campagne à l’occasion
de la Journée internationale de défense du droit à l’avortement, le
28 septembre prochain.
Parodiant
l’objet de Magritte le slogan « ceci n’est pas un cintre » faisait référence
à une pipe ayant tourné à un rapport plus conventionnel à l’issue duquel la
fécondation de la femme s’était avérée. Mais la partenaire peut refuser
l’enfant pour moult raisons !
En
réalité, la référence au cintre était en lien avec l’objet utilisé pour
pratiquer les avortements dans de sombres locaux clandestins avant que Simon
Veil n’en mette un terme, de par sa loi sur l’autorisation de l’IVG, en 1975.
Mais des
esprits « saints » très cintrés sur les sains traits de l’éthique
chrétienne n’en démordent pas : l’avortement est un crime !
C’est
oublier que chaque année près de 47.000 femmes meurent « des suites
d’avortements clandestins ».
Cette
campagne de septembre anticipait-elle les remous actuels, devenait-elle lanceur
d’alerte pour dénoncer certaines dérives de sites anti-IVG ?
Car, en ce
jeudi 1° décembre, certains voudraient réutiliser le calendrier de
l’avant : de l’avant 1975, période où un petit Jésus, non désiré, poussait
sa mère, marrie, à pratiquer, dans des conditions effroyables, l’interruption
de grossesse.
Oui, en ce
jeudi 1° décembre, le débat porte sur l’extension du délit d’entrave numérique
à l’IVG. Beaucoup de sites transpirent de leur acrimonie et colportent de
fausses théories, des déclarations fallacieuses, pour dissuader la femme
désespérée (et qui ne sait plus à quel saint se vouer) d’avorter.
La
proposition de loi débattue, ce jour, dans l'Hémicycle vise à étendre le délit
d'entrave à l'IVG aux sites internet diffusant de "fausses informations" sur l'avortement. Ce
délit d'entrave vise explicitement les cas de tromperie intentionnelle.
Créé par
une loi de 1993 et déjà étendu en 2001, puis 2014, il sanctionne, pour l’instant,
le fait d'empêcher ou de tenter d'empêcher une IVG en perturbant l'accès aux
établissements ou en exerçant des menaces sur leur personnel ou les femmes
concernées.
L’angle
d’attaque est donc clair : il ne s’agit pas de condamner les esprits qui,
en leur âme et conscience, condamnent l’acte irréparable. Il s’agit bien
d’interdire les abus de langage, les mensonges, les tromperies ! Ce à quoi mène le dol tôt, comme disait la maman d'un certain Carlos.
Simone Veil, lors de son discours en 1975 ne disait pas autrement : L’avortement
doit rester l’exception (…) il ne doit être qu’un ultime recours (…) c’est une
décision ultime qui ne peut être prise que par la femme afin qu’elle en assume
l’entière responsabilité mais qu’elle ne l’exerce pas dans la solitude ou dans
l’angoisse.
Quand une
femme se réfugie, en désespoir de cause, dans la course aux bons conseils il
serait souhaitable qu’on lui communiquât des informations exemptes de propagande,
sans altérer l’esprit de la loi sur laquelle Simone veille depuis 40 ans.
Les sites anti-IVG accouchent de bonnes intentions : ils se
disent vouloir aider les femmes et rejettent la faute sur le
gouvernement : c’est lui qui cache des vérités et facilite de plus en plus
l’avortement : depuis le 1er avril 2016, les actes nécessaires pour une
IVG (consultations, analyses, échographies, etc.) sont pris en charge à
100% par la sécurité sociale, les tarifs des IVG réalisées en établissements de
santé ont également été revalorisés.
Par ailleurs ils condamnent la
suppression du délai de réflexion obligatoire dans le cadre des avortements
(loi santé du 27 janvier 2016) pourtant validée
par le Conseil Constitutionnel. Ils poussent des cris d’orfraie contre la
décision d’élargir les actes de « tuerie fœtale » aux
sages-femmes !
Mais
surtout ils considèrent que le délit « supposé » d’entrave est une
attente à leur liberté d’expression ! Les évêques les suivent dans ce
sens tout comme une bonne partie de la droite, particulièrement remise en
ordre de bataille chrétienne depuis la montrée en sacre de François Fillon.
In fine, l’Assemblée
nationale a adopté, ce jeudi 1er décembre, en première lecture, la proposition
de loi socialiste visant à pénaliser les sites de "désinformation" sur l’IVG, après cinq heures et demie d’âpres débats.
Le texte
sera relu par le Sénat le 7 décembre, en travées dépeuplées et en procédure accélérée !
C’est ce
même soir du 1° décembre 2016 que François Hollande aura accouché de sa décision de
ne pas se représenter à la Présidentielle, évitant ainsi le délit d’entrave à l’accession
aux primaires de la gauche dont aurait pu pâtir un certain Manuel Valls !