Un bras de
fer s’est installé entre le gouvernement et la SNCF. La compagnie, qui craint
le « brade-fer » au profit de la concurrence, campe sur ses positions !
La réforme voulue par le pouvoir exécutif ne doit pas prendre les rails du
succès.
Alors les
cheminots sachant miner, s’acheminant vers le front du refus, font tout ce qui
est en leur pouvoir pour faire céder le gouvernement. Ils ont décidé une
nouvelle forme de grève : le « 2 jours sur 5 ».
On applique
deux jours de grève puis on reprend 3 jours de travail. Ce calendrier a été le
fruit d’arbitrages entre quatre syndicats aux sensibilités différentes. Il est
en place depuis une semaine et devrait durer jusque fin juin !
Pendant deux
jours c’est la cohue dans les gares ! Sur le quai des brumes, le passager
s’enrhume et l’angoisse l’étreint ! Se meurt l’entrain et jaillit l’envie
de rester chez soi, poser un arrêt maladie ou se lancer dans le covoiturage.
Chacun sent sa voix ferrée de sanglots rouillés au rythme d’une plainte qui
déraille, en limailles… Quand le rare train arrive, on se presse, on s’agglutine
comme des sardines !
Compressé,
con pressé, le poète malgré tout sort son petit calepin pour écrire quatre vers
sur la condition spartiate de l’usager ferroviaire. Les vers sont acerbes. Qu’a
train ?
Les
cheminots n’ont pas forcément bonne presse. Une large majorité de Français (62
%) souhaite que le gouvernement aille jusqu’au bout de la réforme.
Il est vrai
que la SNCF est en mauvais état et nul n’oserait affirmer qu’elle se garde
leste. Lions, par Dieu, tous nos vœux pour que la situation s’améliore car la
compagnie traîne une dette de 46 milliards, que la grève ne va pas soulager !
Le
gouvernement est prêt à payer cette dette avec la précieuse contribution du
contribuable, pléonasme faisant loi ! Mais, il ne mettra la main au
portefeuille que si les syndicats cèdent.
Trois
pierres d’achoppement demeurent :
-
La
suppression du statut de cheminot pour les nouveaux employés de la SNCF. L’actuel
statut protège toujours le cheminot du licenciement avec l’emploi à vie. Par
ailleurs, l’homme du rail bénéficie de 28 jours de congés payés par ans, soit
un jour de plus que prévu par le code du travail. Il peut partir à la retraite plus tôt (57 ans
pour les sédentaires et 52 ans pour les conducteurs), bénéficie de billets de
train gratuits et fait voyager sa famille en de déboursant que 10 % de la
facture. Le gouvernement a beau dire que le changement de statut n’affectera
que les nouveaux venus, les syndicats sont vent debout !
-
L’organisation
de l’entreprise : le gouvernement souhaite voir la compagnie se
transformer en société anonyme. Aujourd'hui, le groupe SNCF compte trois Epic
(Établissements publics à caractère industriel et commercial) : SNCF
Mobilités, l'opérateur chargé de faire circuler les trains ; SNCF Réseau,
l'entité chargée de l'entretien du réseau ferré ; et pour les chapeauter,
une structure baptisée... SNCF, dans laquelle sont regroupées les fonctions support.
Mais l'Epic (Hait, pique et collègues rament !) étant lié à l’État, il ne peut faire faillite. C’est ce que
ne veut pas la Commission Européenne qui tire les ficelles dans ce dossier !
-
L’ouverture
à la concurrence : On y retrouve la marque de
la Commission. L’Union européenne a fixé des dates limites pour l’ouverture à
la concurrence : fin 2019 pour les lignes régionales et fin 2021 pour les
lignes à grande vitesse. La troupe d’Édouard Philippe ne peut donc que se
soumettre à des diktats quand bien même, par dogmatisme, elle est persuadée du
bien-fondé de ces exigences. Le premier ministre aime rappeler l’exemple
allemand ! Depuis bientôt 25 ans, 450 opérateurs privés se partagent 10 %
du réseau germanique. La Deutsche Bahn, l'équivalent allemand de la SNCF,
est en bonne santé qui gère 75% d’un marché en pleine expansion ! L’ouverture
à la concurrence a permis de réduire les coûts de 30 %, de créer 300 gares
et 500 km de lignes outre-Rhin ! Évidemment Édouard (qui porte une
barbe noire mais ne fume pas le cigare, n’en déplaise à Nino Ferrer) se garde
bien d’évoquer le système britannique ! Là, tout n’est que désolation !
Voilà donc une nouvelle
crise qui vient garrotter la gare ôtée de ses trafics et qui accueille à son
bar le voyageur hagard, au thé, hanté par l’attente, la foule, la compression
dans les rames.
Qui gagnera la bataille du
rail ? Gouvernement, sauras-tu garder sans tracas tes nerfs (centre à
caténaires ?) pour ne pas céder comme céda Juppé, il y a quelques années ?
En attendant, ma petite
voisine, 78 ans, tout de bleu vêtue, a repris sa vieille 2 CV pour se rendre
chez sa cousine résidant à 60 km de là. Elle a la haine ! Sa vieille
citrouille peut tomber en rade à tout moment !
WAGON ? Non
Doux bleu vêt âgée aux
haines ? Oui !