Le 4
décembre, à l’âge de 82 ans, s’est éteint Marcel Gottlieb, Monsieur Gotlib, le
roi du gag dessiné, de l’humour noir et absurde, au long de longues planches
désormais devenues cultes.
La vie ne le
prédestinait pas spécialement à vivre d’humour et d’offres rêches aux Dieux de
la rigolade décapante. Né en 1934, d’une famille d’immigrés juifs, le petit
Marcel aura connu l’horreur du nazisme. L’humour viendra exorciser les démons.
Un humour
décliné par des personnages fous, dessinés de main de maître : Gai-Luron,
Superdupont, Hamster Jovial et cette indécrottable petite coccinelle qui venait
se nicher dans moult vignettes de la série Rubrique-à-brac, un agglomérat d’histoires
désopilantes où s’invitaient parfois de sublimes caricatures (Brassens, Guy
Lux, Serge Gainsbourg…)
Gotlib
entama sa carrière de dessinateur chez Vaillant, en 1962. L’hebdomadaire
deviendra le fameux Pif-Gadget, à ne pas mettre entre toutes les mains,
notamment les anti-communistes. Il crée ses premiers héros : Nanar et
Jujube, un jeune garçon et son renard apprivoisé (inspiration St Exupéry ?).
Puis viendra un chien énigmatique : Gai-Luron.
Ce cabot
neurasthénique va lancer la carrière de Gotlib. En 1965, le talentueux
dessinateur frappe chez Pilote et se voit embaucher par Goscinny. La
rubrique-à-brac naît en 1968, à l’heure où Cohn-Bendit lançait slogans et pavés
sur la tranche des CRS.
La rubrique-à-brac,
pour ce qui me concerne, restera une œuvre majeure au panthéon des planches
humoristiques. Il faut prendre le temps de savourer les petits détails,
apprécier les traits subtils qui forcent la caricature, goûter aux calembours qui se glissent dans des
bulles qui n’ont rien de d’essence papale !
En 1972,
avec Claire Bretécher et Nikita Mandryka il crée L’écho des Savanes.
Le 1er avril 1975, il lance son propre journal, Fluide
glacial.
La gestion
du journal le pompe physiquement. L’homme
se retire dans sa maison du Vésinet (Yvelines). Il ne touchera plus vraiment à
ses crayons. Il fait une révérence de la plus grande élégance, en petit homme
pudique qu’il est.
Marcel nous
a quittés et c’est bien triste.
Gai Luron ne retient plus ses larmes
La coccinelle a le cœur gros
Hamster Jovial lance une alarme :
Soyez en deuil, mes louveteaux !
Marcel s’en est allé rejoindre
Père Wolinski, maître Cabu
Mais il est mort sans se faire poindre
Par des kalachnikovs, à vue !
Pourtant dans ces caricatures
On retrouvait un Claude Allah
Mais il côtoyait Jéhovah
Le temps de décoder sa vanne
Les crayons s'étaient mis en panne
Puis la mort vint, dans l'imposture...