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vendredi 4 janvier 2019

L'ANNEE 2018 EN DOUZE QUATRAINS




JANVIER

22 janvier 2018 - Georges Weah, ex joueur de football qui a notamment fait les beaux jours du Paris St Germain, devient Président du Libéria. Il a été élu au second tour de l’élection présidentielle de son pays, le 26 décembre 2017.

C’est la première fois dans l’histoire du Libéria qu’un « native » (autochtone, en opposition aux « Congos » descendants d’esclaves américains affranchis et rapatriés au Libéria qui ont fondé le pays en 1847) devient président par la voie des urnes.
Weah hérite d’un pays qui souffre après avoir épuisé une bonne partie de son énergie à vaincre l’épidémie d’Ebola. La baisse des cours des matières premières exportées (minerai de fer en particulier) représente un choc plus important qu’initialement prévu en raison de la chute des volumes de production. Par ailleurs, le démantèlement progressif de la mission de maintien de la paix de l’ONU pèse sur l’activité, notamment sur le secteur des services.
Georges Weah saura-t-il marquer des buts pour son camp et faire de son pays un havre de prospérité ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

Georges a connu les chants, la ferveur d’un public

Quand il faisait trembler les filets adversaires.

Le voilà désormais pour une République

Le suprême garant, l’attaquant salutaire.

FÉVRIER

Les Jeux olympiques d'hiver de 2018, officiellement appelés les XXIIIes Jeux olympiques d'hiver, se sont déroulés du 9 février au 25 février à PyeongChang en Corée du Sud, ville qui a été élue le 6 juillet 2011, à Durban en Afrique du Sud lors de la 123e session du Comité international olympique

Ces jeux sont marqués par la participation de la Corée du Nord et un réchauffement des relations entre les deux Corées. Ils sont également marqués par la tchèque Ester Ledecká qui est la première athlète de l'histoire des Jeux olympiques d'hiver à gagner la médaille d'or dans deux disciplines olympiques différentes (ski alpin et snowboard) au cours de la même édition


Lorsque les cinq anneaux rassemblent les Corées

Par le charme olympique se mettent à respirer

L’avenir de l’Asie et l’espoir des alliances

Une flamme frissonne telle une délivrance 

MARS

En Italie, les élections législatives du 4 mars marquent un tournant politique : les partis traditionnels s’effondrent – 18,7 % pour le Parti démocrate de Matteo Renzi à gauche, 14 % pour le Forza Italia de Silvio Berlusconi à droite – face aux formations qui se revendiquent antisystème. Le Mouvement 5 étoiles (M5S) de Luigi Di Maio, à l’idéologie inclassable, décroche 32,4 % des suffrages à la Chambre des députés, 31,9 % au Sénat. La Ligue, ancrée à l’extrême droite et dirigée par Matteo Salvini, bénéficie de 17 % des voix et prend la tête d’une coalition où se côtoient Forza Italia et les néofascistes de Fratelli d’Italia, cumulant 38 % des bulletins de vote.

Après près de trois mois de tractations les populistes italiens ont finalement trouvé un compromis avec le chef de l’État, qui exigeait des garanties sur le maintien de l'Italie dans la zone euro.

La feuille de route de ce "gouvernement du changement" tourne résolument le dos à l'austérité et aux "diktats" de Bruxelles. Elle parie sur une politique de croissance économique pour réduire la colossale dette publique italienne.

Ce gouvernement de coalition promet un abaissement de l'âge de la retraite, des baisses d'impôts draconiennes et l'instauration d'un "revenu de citoyenneté" de 780 euros par mois.

Matteo Salvini, devenu Ministre de l’Intérieur, ne souhaite plus que l’Italie soit le réservoir des migrants. Récemment, Le «décret Salvini» abolit notamment les permis de séjour humanitaires actuellement octroyés à 25% des demandeurs d'asile et d'une durée de deux ans. Il est remplacé par divers autres permis: «protection spéciale» d'une durée d'un an, ou «catastrophe naturelle dans le pays d'origine» d'une durée de six mois. Le texte permet d'expulser tout demandeur ayant commis certains délits en Italie.

Par ailleurs, la justice italienne a demandé le placement sous séquestre de l’Aquarius, actuellement bloqué à Marseille. Le navire humanitaire affrété par les ONG SOS Méditerranée et MSF pour secourir les migrants au large de la Libye serait soupçonné d’avoir fait passer vingt-quatre tonnes de déchets potentiellement toxiques pour des déchets classiques. Toutes les raisons sont bonnes pour mettre les bâtons dans les hélices d’un bateau qui ne demandait qu’à briller par son secours humanitaire.

L’Italie se durcit, botte nationaliste

Se veut porter les coups sur le flanc de l’Europe

Refermer ses frontières et d’un œil de cyclope

Observer dans les mots la ferveur populiste


AVRIL

Cuba a tourné la page de soixante ans de castrisme, avec le départ de Raul Castro, qui avait succédé en 2008 à son frère Fidel. Le dirigeant de 86 ans a en effet annoncé qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat lors de l'élection du prochain Conseil d'Etat, au printemps. 

Le vice-président actuel, Miguel Diaz Canel, a donc succédé à Raul. Cet ingénieur de 57 ans, né après la révolution, devra s'imposer en tant que leader politique et chef des armées face aux cadres du parti communiste et aux puissants généraux cubains. 
Le nouveau président ne pourra guère compter sur l’appui du Venezuela, qui continue à livrer un peu de pétrole à prix d’ami mais qui est bien malade ! Par ailleurs, l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche laisse peu envisager une levée de l’embargo décrété par Washington en 1962.

Raúl Castro a bien, quelque peu, soulagé les finances publiques en autorisant quelques centaines de milliers de Cubains à exercer un petit métier en auto entrepreneuriat. Mais les grands projets sont en cale sèche, comme la zone de développement spécial de Mariel, à 45 kilomètres de La Havane, censée devenir la plaque tournante du commerce maritime dans les Caraïbes. En cinq ans, les investisseurs étrangers se sont déclarés avec parcimonie. Le tourisme, seul, est à même d’attirer les capitaux venus d’ailleurs ! Mais il reste tant à faire pour améliorer le revenu moyen par habitant ! 

L’ère des Castro s’efface sur le sable havanais

L’avenir incertain sous le ciel des Antilles

Parle d’un long chemin semé de banderilles

Sur le dos du taureau américanisé…

MAI

Tandis qu’en France on fête les 50 ans de mai 1968 (on ignore encore ses avatars de fin d’année sous la forme de gilets jaunes), l’Angleterre célèbre un mariage princier dont seule elle garde le secret.

Le samedi,  à Windsor a eu lieu le mariage de Meghan Markle et le Prince Harry, un des deux fils de la regrettée Lady Di.

Après la cérémonie, les mariés ont effectué  un tour en calèche à travers la ville pour saluer la foule, avant un déjeuner donné par la reine au château de Windsor pour les 600 invités du couple.

L’occasion était belle d’oublier la morosité ambiante attisée sournoisement par un Brexit que d’aucuns commencent à regretter. 


Meghan, Harry, la bague au doigt

Windsor, toute l’île en émoi

Un grand mariage pour oublier

Qu’à l’Europe on a dos tourné !


JUIN


Le 24 juin, en Turquie, Recep Tayyip Erdogan est réélu Président. Le sultan, avec 52,5 % des voix, maintient sa majorité grâce à l’alliance de son parti avec les ultranationalistes du MHP.

Poutine, le président russe, s’est empressé de féliciter son grand allié dans le combat contre Daesh, en Syrie. Entre autocrates on se comprend et on s’estime. Erdogan instaure une politique de sévérité et emprisonne manu militari ceux qui s’opposent à sa personne. Mais pour beaucoup de Turcs il représente l’autorité, le guide capable de redresser le pays, de lui redonner confiance après l’effondrement de la livre turque et l’apparition d’une inflation à deux chiffres.


Erdogan réélu, les prisons de Turquie

Replongent de plus belle dans la nuit du silence

Le sultan dans le sang de vaines résistances

Se maintient dans le feu de son autocratie.


JUILLET


La France emporte 20 ans après la Coupe du Monde de Football.

L’équipe de Didier Deschamps gagne la finale contre la Croatie (4-2) et permet au maillot français d’obtenir une deuxième étoile (après celle de 1998). Le trophée, arraché sur les terres russes, sera une belle occasion estivale de se retrouver entre Français, fiers de nos couleurs. La coupe est gagnée mais d’aucuns diront que la manière n’était pas au rendez-vous. La France a eu beaucoup de chances et le jeu déployé, basé sur la contre-attaque, sur l’erreur défensive, n’a pas offert un spectacle d’anthologie. Il manquait comme un petit supplément d’âmes à ces coqs calculateurs.


Le valeureux Croate n’aura pas su freiner

La chanceuse envolée des joueurs de Deschamps

Les lueurs M’Bappé, les flux contre attaquants.

Une coupe enlevée mais sans talent forcer. 


AOUT

Une portion du pont Morandi, un viaduc de l’autoroute A10, s’écroule ce mardi 14 août à Gênes, aux alentours de midi. Les deux voies sont détruites sur une longueur d’environ cent mètres. La partie qui s’est effondrée, à l’ouest de la ville, surplombe une route et une voie ferrée.

La catastrophe fait 4 morts dont 4 Français ! La  cinquième ville d’Italie, ses 600 000 habitants, ses étroites ruelles et, surtout, son port, sont comme asphyxiés.

Deux semaines après la tragédie, tout le monde ne parle que du « ponte », cet édifice à haubans en béton armé construit à la fin des années 1960, qui permettait de faire le lien entre l’est et l’ouest de cette ville, où l’état d’urgence a été décrété par le gouvernement le 15 août pour un an.

Il me restera longtemps cette photo : ce camion stoppé net, à deux pas de la chute et à l’intérieur, je l’imagine, la respiration profonde de son chauffeur miraculé.



Il s'en fallut de peu pour qu'il n'en revînt pas

Que le sol sous ses roues soudain se dérobât

 A quoi tiennent les jours dans cette vie sournoise

Quelques mètres devant l'infortune génoise ?


SEPTEMBRE


On sentait que ça couvait mais on ne s’attendait pas à une tel mode opératoire ! Sans alerter qui que ce fût, Nicolas Hulot démissionna de son poste de Ministre de la transition écologique et solidaire en l’annonçant sur les ondes de France Inter, le mardi 28 août !

Alors, pour ne pas oublier le combat écologique, entre 18.500 (selon la police) et 50.000 (selon l’ONG « 350 ») personnes se rassemblent à Paris !C'est la plus grande journée d'action pour le climat en France, c'est la preuve que les citoyens sont prêts à demander des comptes et des engagements aux élus qui nous entourent, après un été catastrophique au niveau climatique", s'enthousiasme Clémence Dubois, responsable des campagnes de 350.org en France.

Cette marche pour le climat a été relayée dans d’autres grandes villes (Lyon, Toulouse, Lille…). Elle montre que les Français sont soucieux de l’environnement et de l’état de la planète qu’ils vont léguer à leurs enfants et petits-enfants.

Le combat est d’autant plus justifié que le gouvernement vient de savonner le CITE, Crédit d’Impôt pour la Transition Énergétique ! L’enveloppe est rabotée de 33% ce qui signifie moins d’argent venant de l’État pour financer les travaux d’isolation des particuliers. L’État explique sa mesure en arguant que le CITE profitait surtout aux propriétaires aisés. Les bailleurs n’étaient pas enclins à réaliser des travaux de rénovation thermique dans les logements qu’ils louent alors que la facture énergétique est supportée par les locataires ! Le gouvernement consacrera donc moins d’argent à ces rénovations en mettant sur pied un système de primes, ciblé sur les ménages les plus modestes.

En attendant, d’autres chantiers traînent : la suppression du diesel, le démantèlement de plusieurs centrales nucléaires, la défense de la biodiversité…


Dans l’ombre du Père Nicolas

Longtemps ils ont manifesté

Pour alerter que le climat

Trop vite allait se réchauffer…


OCTOBRE

Le 1° octobre s’éteint le grand Charles. Charles Aznavour tire sa révérence après 78 ans de carrière. Le grand auteur compositeur nous laisse près de 2.200 chansons interprétées en plusieurs langues. D’origine arménienne, il n’aura eu de cesse que le pays de ses aïeux soit reconnu sur l’échiquier international. 

L’auteur de La Mama, La Bohème, Emmenez-moi, Comme ils disent, Hier encore, était aussi un excellent comédien qui fit le bonheur de Truffaut (Tirez sur le pianiste) ou encore de Chabrol (Les fantômes du Chapelier). On le voit apparaître dans plus de 80 films.

La France rend un hommage national, aux Invalides. Mais c’est surtout en Arménie que l’émotion ne tarit pas. Les bouquets s’amoncellent. Le pays vit des journées très particulière dont une auréolée d’une marche aux flambeaux, une marche à la bougie suivie par des milliers d'Arméniens depuis le centre d'Erevan jusqu'à la fondation de Charles Aznavour, sur les hauteurs de la ville.

Ils sont venus, ils sont tous là

Pour pleurer l’enfant du pays

Elle est en sanglots, l’Arménie

Orpheline sous un ciel si bas.


NOVEMBRE

Ce 11 novembre, Macron invite les grands de ce Monde à commémorer l’armistice de 1918, la fin de la grande guerre qui aura généré 10 millions de morts, environ et précipité dans le handicap près de 8 millions d’êtres humains. Une boucherie sans nom, de quatre années interminables, aura sacrifié toute une jeunesse dans la boue des tranchées, testé de nouvelles armes (gaz, tanks…) et rebattu les cartes du monde.
Pour cet évènement le Président avait convié les chefs d’Etat près de l’Arc de Triomphe. Trump, Poutine, Merkel mais aussi l’Israélien Netanyahu étaient de la partie. 

Emmanuel Macron prit la parole pour rappeler que, durant cette conflagration, l’Europe avait manqué de se suicider. Il a cru juste de préciser que des gens sont morts pour que nous puissions vivre libres ! Il a fustigé (petit coup de canif à l’attention de Trump) le retour aux nationalismes, aux replis sur soi, histoire d’enfoncer davantage le clou sur sa grande idée européenne.

Il ignorait que, quelques jours plus tard, l’Arc où il présidait cette noble assemblée, allait être saccagé par des esprits sans conscience.



Sous le grand monument le soldat inconnu

Écoute l’oraison de sa mort salutaire

Qui nourrit l’âme nue des géants de la Terre

Sous les nuages gris, les menaçantes nues…


DÉCEMBRE

Les fêtes de fin d’année sont violemment bouleversées par la crise des gilets jaunes, poussée à son paroxysme.

Ce mouvement de colère, venu du plus profond de la France déracinée, déconnectée de la mondialisation, va se cristalliser pour devenir un mouvement de revendications protéiformes qu’attiseront des opportunistes en mal de cassures sociales.
Le 1° décembre, l’Arc de Triomphe est vandalisé. Alors que le gouvernement affiche sa crainte de voir la France « au bord de l'insurrection et de la guerre civile », 89 000 agents des forces de l'ordre sont mobilisés sur le territoire français et 14 véhicules blindés de la Gendarmerie à Paris, une mesure exceptionnelle en France métropolitaine !

De Samedis en samedis, telle une pièce en plusieurs actes, le mouvement s’intensifie puis s’essouffle. 

Macron dont les oreilles doivent siffler (« Macron, démission ! » est un slogan répété à l’envi sur les réseaux sociaux) annoncent des mesures pour calmer le jeu :

-         Prime d’activité revalorisée (sous certaines conditions)
-         Heures supplémentaires défiscalisées
-         Baisse de la CSG pour la plupart des retraités
-         Prime exceptionnelle, exonérée de toutes charges sociales, au bon vouloir des patrons du privé !
-         Taxe sur le carburant suspendue.

En dépit de ces mesures, beaucoup de gilets jaunes souhaitent continuer leur combat, quitte à nuire davantage aux pays, aux commerçants. Ils risquent de plomber l’économie française à la rescousse de laquelle le contribuable (dont les GJ) devra se porter, tôt ou tard.


Des samedis broyés sous un froid de colère

La souffrance éclatée en ses cris pathétiques

De jaunes oripeaux pour cacher la misère

Le désespoir des jours dans le vent cathartique.



L’année s’est terminée dans une drôle d’ambiance.

Souhaitons-nous une année 2019 bienveillante !