Il y avait bien longtemps qu’on ne nous avait pas ressorti l’affaire Bettencourt. Je pensais même que la vieille dame avait été placée en maison de retraite administrée par les sœurs de la Charité qu’elle finançait en leur glissant dans les mains pieuses quelques liasses de billets de plus bel effet !
Mais l’affaire ressort non point pour évoquer la déliquescence mentale de Madame L’Oréal ! Non que nenni ! On remonte à la surface quelque écume nauséabonde qui pourrait intoxiquer les bronches délicates du petit Nicolas et de ses sbires.
On apprend, en effet, qu’un journaliste du Monde aurait été espionné par les services de renseignements !
Et oui ! Une juge d'instruction parisienne, Sylvie Zimmermann (consonnance un peu alsacienne, cela dit), a découvert que la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) avait demandé en juillet 2010 par réquisition à l'opérateur Orange les factures détaillées de téléphone de Gérard Davet, journaliste au Monde.
Vous me direz : quel rapport avec l’affaire Bettencourt ? Patience, lecteurs, j’y viens, j’y viens…
Cette demande a été diligentée dès que les hautes sphères furent au courant de la présence d’un article embarrassant pour Eric Woerth, alors Ministre de Travail. Tellement embarrassant que le pauvre Ministre, à peine sa réforme des retraites accomplie (non sans mal !) avait dû démissionner pour des raisons de conflit d’intérêt !
Mais oui, rappelez-vous : sa femme avait été embauchée par le gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt !
Donc, Davet qui n’est pas un dévot dans un duvet, se fait mettre en observation téléphonique au cas où il sévirait davantage ! Son Journal, le Monde, a eu vent de cette barbouzerie en consultant le dossier visiblement non classé « secret défense ».
- Ce qu'il faut bien désormais qualifier d'affaire d'Etat accrédite le soupçon de l'existence d'un 'cabinet noir' au sommet de l'exécutif", lit-on dans son éditorial.
Les agents de la DCRI ont eu accès, alors que Davet gardait un somptueux casier judiciaire vierge, à la liste de tous les appels entrant et sortant de son téléphone ! On pouvait même le suivre à la trace par des données de géolocalisation !
Messieurs les journalistes d’investigation, de grâce, ne soyez pas accros du portable si vous souhaitez conserver votre liberté d’action !!
Claude Guéant, tout juste remis de son épisode marseillais (voir mon article précédent) a fini par admettre qu'il y avait eu enquête !
- Mais Davet n’était pas visé, tient-il à préciser ! Il s'agissait de rechercher l'auteur de la divulgation - présent à l'intérieur de l'administration - de procédures judiciaires, ce qui est tout à fait scandaleux. Il s'agissait donc de rechercher l'auteur d'un dysfonctionnement administratif grave !
Il n’empêche, Bernard Squarcini, patron de la DCRI (un Corse ?), est maintenant susceptible d'être entendu par la juge Zimmermann, estime Gérard Davet, qui est partie civile. Il se pourrait que la vie privée d’un journaliste ait été quelque peu malmenée !!
Cette affaire a ravivé le débat politique entre gauche et droite, à huit mois de l'élection présidentielle. "C'est un abus de pouvoir qui doit être poursuivi en justice.
- C'est une violation de la loi, et à l'évidence perpétrée au plus haut niveau de l'Etat, a dit sur Canal+ Arnaud Montebourg, candidat à la primaire socialiste.
Bien entendu, l’opposition, socialistes en tête, fait son miel d’un tel évènement !!
D’autant plus que cet épisode fâcheux pour notre petit Président succède à celui qui anime les salles de rédaction depuis quelques jours : Nicolas serait mis en cause par le magistrat Isabelle Prévost-Desprez qui a enquêté sur un volet du dossier Bettencourt.
Mais oui, la juge assure dans un livre qu'un témoin (l'infirmière de la milliardaire) avait dit hors procès-verbal à sa greffière avoir assisté à une remise d'argent à Nicolas Sarkozy !!!
De l’argent de poche pour financer quelques faux frais de la campagne de 2007 !!
Mais comme l’infirmière a démenti sur Marianne.fr les amis du petit Nicolas crient à la manipulation !!
L’affaire Bettencourt ayant immigré à Bordeaux, les juges girondins pourraient quand même auditionner les différents acteurs de l’affaire qui, après le repos des vacances, repart comme en 14 !!
Bon, on résume :
- Mme Bettencourt a plein d’oseille parce qu’elle le vaut bien
- Le petit Nicolas a besoin de blé pour mettre du beurre dans ses épinards.
- La vieille de l’Oréal glisse quelques billets dans la main du futur élu sans faire de salade.
- Elle en remet aussi quelques liasses à Mr Woerth dont la femme travaille pour gérer la fortune de la généreuse donatrice qui asperge l’UMP de ses liquidités salvatrices.
- Gérard Davet a vent de tels pratiques et se fait pister par les barbouzes élyséennes au nom du bel adage « occupe-toi de tes oignons ! »
- Cela n’empêche pas Eric Woerth, sublimissime fusible, de sauter comme un grain de maïs transformé en Pope qu’ornent de pitoyables vêtements de curé défroqué.
- Une infirmière, entre deux piqures administrées à Liliane, est témoin de distribution gratuite de billets à des personnages hauts placés. Elle en glisse deux mots à une greffière, comme ça, hors circuit judiciaire, pour entamer une conversation automate.
- La greffière en parle quand même à sa juge qui se dit Prévôt des prêts à tirer sur le Haut de Gamme de notre République. Dont acte ! La magistrat affirme dans le livre « Sarko m'a tuer » de Fabrice Lhomme et Gérard Davet (encore lui !!) qu'un témoin a vu le chef de l'Etat récupérer des enveloppes d'argent liquide chez Liliane Bettencourt. Et cet argent allécha l’hôte !!
On se demande quelle suite sera donnée à ce film que d’aucuns qualifient déjà de vrai navet navrant !
Navet, dis-donc ? Davet dit : non !!
Et DSK qui souffle un peu : du répit !
Pour une fois qu’on ne lui fait pas porter le chapeau melon !!