Il était une fois un présumé petit Prince des pelouses ! Les
fées avaient dû se pencher sur son berceau car les grands spécialistes du
football lui prédisaient une carrière à la Zidane.
Le petit Prince, nommé Florian Thauvin, fut donc acheté par un
grand club du Nord, le LOSC (Lille Olympique Sporting Club) car, dans le monde
du football, on achète des petits princes à l’aune de leur future étoile
pressentie !
Mais arrivé sur ces terres hostiles que couvrent des cieux
toujours gris, le petit Florian eut envie de retrouver son sud (il venait de
Bastia). Par un heureux hasard le grand club du Sud, l’OM, lui fit part de son intérêt
pour son astre ascendant ! Le club phocéen voulait s’attacher ses services
et semblait prêt à débourser très fort pour le faire venir sur la canebière !
Mais le Président du LOSC, un certain Seydoux, ne l’entendit pas
de cette oreille. Il avait acheté la pépite prometteuse pour la bagatelle de
3,5 millions d’euros ! Il ne l’avait pas fait venir de Corse pour le
revendre aussitôt.
Cependant le petit Prince
trépignait ! Il voulait retrouver son Sud, car le temps y dure longtemps
et la vie sûrement plus d’un million d’années comme le chantait un mec qui
aimait les cornichons. Oui, Florian piaffait d’impatience et le fit sentir :
il ne s’entraînerait pas avec les Dogues (les joueurs du LOSC) pour montrer son
désamour vis-à-vis d’un employeur qui cherchait à le séquestrer.
Le bon Seydoux, le cœur sur la main et sur le portefeuille, voulut
amadouer le jeune rebelle en le gavant de gâteaux pécuniaires ! Rien n’y
fit ! Même davantage rémunéré l’entêté Florian persista dans sa grève de l’entraînement !
Alors Seydoux si doux céda soudain : il accepta que son
protégé s’en fût ! L’indomptable poulain quitta l’écurie nordiste pour la
modique somme de 11 millions d’euros (+ 2 millions de bonus) car dans le monde
du football on trouve facilement de l’argent sous le sabot d’un cheval et on ne
s’arrête pas à de telles indécences en matière de plus-value !
Voilà le jeune loup sur ses nouvelles terres ! Juste le temps
de pleurer la mort du fils de son nouveau directeur sportif (voir mon article
précédent) et il a repris l’entraînement, gonflé à bloc en vertu d’un
triplement de salaire bien ajusté.
Car dans le monde du football il faut de l’intéressement lucratif :
la simple joie de participer à un jeu collectif et de frapper dans une sphère
sous le regard de Chimène d’un public conquis n’est plus suffisant !
J’aimerais trouver une morale à cette histoire…immorale ! Ça
ressemble à la quadrature du cercle ! Une fois encore je botterai en
touche par une pirouette poétique !
On jongle avec ce qu’on peut !
Tout le monde est
perdant, les mains dans les miasmes
De ce qui ne devrait
que demeurer beau jeu
Les footballeurs secrètent au-delà
des fantasmes
D’improbables arcanes
aux mercantiles enjeux !
Un miroir d’alouettes
où grandit le sale gosse
Monnayant ses talents
arrimés aux deux pieds
Une course à l’argent
à la foulée véloce
Qu’on ne retrouve pas
sur le gazon prisé.
Des jouvenceaux
nourris aux avoines impures
Dénaturées, pourries,
aux racines plongeant
Dans le terreau boueux
des marchands d’aventure
Des faiseurs de
transferts, des cupides marchands.
Tout le monde est
perdant dans ces marchés stupides
Tant le prix de l’effort
à sa juste valeur
Que cette dignité qu’on
habille de vide
Pour mieux l’anesthésier
en ces champs griveleurs.
Les caprices des Dieux
d’un paradis factice
Ont quelque véhémence pour
atteindre leur fin
Refus de s’entraîner,
moue désapprobatrice
Chantage exaspérant et
fierté de crétin !
Les caprices d’enfants
juste sortis du nid
De leur cran dénature la sagesse des hommes
La raison du plus
vieux brusquement s’humilie
A courber de l’échine devant
de petits mômes !
Triplement de salaire,
tapis rouge et lauriers
Bien avant de prouver
ses futiles talents
Le Prince des pelouses
pourra se glorifier
D’avoir leurré l’esprit
de pseudos dirigeants !