Il y avait bien longtemps que je n'avais pas invité mon ami le Professeur Hitérole. Ce fut un bonheur de le retrouver, chez moi, pour parler de cette longue période de confinement puis de déconfinement.
Fabiano :
Bonjour Professeur, heureux de vous revoir après une telle période de
confinement. Comment allez-vous ?
Prof
Hitérole : Très bien ! J’avance encore masqué en cette ville de
Toulon où, désormais je réside. J’utilise des masques à rade, petites créations
textiles venant tout droit de l’atelier de ma chère épouse.
Fabiano :
Ah oui ! La fameuse production locale dont le produit sain gère la pénurie
d’Etat !
Prof Hitérole : Oui, ma femme pique et pique et collègues rament dans leur
télétravail. Oui, ma douce et tendre vient d’achever son 20ème masque
et, de par sa couture amortit les coups durs ! Ah, cette fameuse pénurie
de masques qu’on a masquée par des « les masques ne sont pas obligatoires
sauf pour les personnels de santé » ou par des « de toutes façons
vous ne sauriez pas les utiliser » ! On a cherché à cacher quelque
incurie basée sur une politique libéraliste qui remonte à quelques années.
Marisol Touraine, en plein Hollandisme flamboyant a pratiqué une gestion de
stocks limitant les coûts.
Fabiano :
C’est-à-dire ?
Prof Hitérole : C’est-à-dire que, pour
éviter de se faire railler comme Mamie Rose (Christine Bachelot) à l’époque du
H1n1, on ne commande pas trop de produits. A l’époque il s’agissait de vaccins qu’on
commandait par de vagues « si non… ». Oui, celle qui n’était pas
encore une grosse tête voulait un fond de rue quiet et argumentait ses achats
amples étatiques (emplette à tic) par des « si non on va manquer de
tout ! ». Résultat : on s’est retrouvé avec des tonnes de
vaccins qui ne servirent à rien. Désormais, afin d’éviter de se retrouver avec
des stocks inutiles et coûteux, on fixe un stock minimum et on opte pour un
système de pré-commandes, prêt à dégainer en cas de pandémie. On a agi ainsi pour les masques ! De « stocker
pour être sûr d'avoir en cas de crise, car c'est vital » se substitue
la logique « être sûr de ne pas trop stocker car c'est essentiel de ne pas
dépenser plus qu'il ne faut ».
Fabiano : D’où une pénurie et cette panique
étatique qui finit par décréter la réquisition de tous les masques de
l’hexagone.
Prof Hitérole : Oui, et comme les masques viennent
lentement, que la Chine met un temps pour nous les exporter, on place les gens
en confinement. On les oblige à rester chez eux, par principe de précaution. Ils
ne peuvent sortir qu’une heure avec un ausweis.
Fabiano : Drôle de période de croissance
interrompue !
Prof Hitérole : Oui, avec ses bons
aspects ! Pas d’avions dans les airs, les rues abandonnées par les
véhicules polluants, le silence qui s’installe, les animaux qui se
réapproprient des espaces jadis souillés par notre productivisme outrancier. Autant
de belles réalités qui font les choux gras des écologistes. Les dernières
municipales l’attestent : une vague verte a déferlé alors que notre ancien
système a des fers laids. Mais, le mauvais point demeure les sombres prévisions
pour l’avenir : un chômage qui va croître à la suite de fermetures de
société, des plans sociaux, comme à Air-France ! J’en ai les bras qui
tombent et l’épaule en ploie !
Fabiano : On ne va pas s’en remettre ?
Prof Hitérole : Seuls, non ! La France,
déjà bien endettée, a continué à emprunter pour financer le chômage partiel.
Elle continue à procéder ainsi ces temps d’été même si l’activité est par ciel
plus clément. Une reprise s’amorce, on relocalise des productions, par exemple
l’industrie du paracétamol : on veut gagner en souveraineté pour ce genre
de produits stratégiques et de première nécessité, vitaux en cas de pandémie.
Fabiano : C’est l’aspect giclant (l’Aspégic
lent) d’un interventionnisme d’Etat mais qui cache bien des incuries,
non ?
Prof Hitérole : Oui, et j’en reviens à mon
propos. La France ne peut s’en sortir qu’avec l’Europe ! C’est pourquoi,
par visio qu’on fait rance, on s’est entretenu à couteaux tirés, entre
partenaires européens. Il existe quatre frugaux, les Pays-Bas, l’Autriche, le
Danemark et la Suède qui veulent bien que l’Europe se relance mais pas à coup
de subventions, à fonds « perdu ». Ils préconisent donc un système de
prêts ! Mais le bonheur est dans le prêt que pour ceux qui peuvent
rembourser. L’Espagne et l’Italie sont loin d’un prêt vert car la période des
vaches maigres s’instaure. On ne peut augmenter la charge d’une dette pour des
pays déjà bien plombés par un passif notoire ! Il y a aussi des pays,
comme la Hongrie, la Pologne ou encore la Slovaquie très réfractaires à l’idée
que Mme Merkel et Mr Macron puissent bénéficier, en priorité, des aides
européennes. Ils jugent qu’il est encore trop tôt pour décider qui sont les
principales victimes de la pandémie !
Fabiano : En fait, on se jalouse dans cette
basse-cour et la sonorisation harmonique ne connaît pour l’instant qu’écho
vide !
Prof Hitérole : Bien vu, Fabiano ! Et
c’est dommage car l’Europe a une belle carte à jouer dans ce nouveau monde où
la guerre froide entre la Chine et les USA s’avère de jour en jour ! Se
relancer pour éviter la dépendance avec Pékin et contourner les obstacles
douaniers de Trump serait profitable à tous !
Fabiano : On peut vraiment parler de guerre
froide entre la Chine et les USA ?
Prof Hitérole : Non, l’expression est galvaudée
même si l’antinomie des sons de cloches sonne le glas-glas ! Les deux
super puissances se jaugent économiquement et l’idéologie n’a que peu de place
dans la rivalité. Le capitalisme a gagné ; la Chine est devenue le grand
fournisseur de la planète. Ses ateliers tissent ainsi nos fils (cette hâte liée
tisse un sinophile ?). C’est son hégémonisme économique qui rend Trump malade,
jusqu’à proposer de l’eau de javel à boire sans modération pour éradiquer le
covid-19 !
Fabiano : A propos de ce virus, les USA n’accusent-ils
pas la Chine d’avoir manipulé l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) ?
Prof Hitérole : C’est ce qu’on dit. Trump,
qui pourtant ne s’est pas privé de limiter son aide à l’OMS, accuse cette
agence onusienne d’avoir laissé faire la Chine, de ne pas l’avoir suffisamment
contrainte à communiquer des informations sur cette pandémie née à Wuhan. Ce n’est
que le 30 janvier que l’OMS décrétera que l’épidémie constitue « une
urgence de santé publique de portée internationale » alors que l’épidémie
affichait déjà un bilan de plus de 8.100 morts, avec des cas de transmissions
entre humains apparus en dehors de Chine, y compris aux USA ! Trump, très
en colère, a rompu ses relations avec l’OMS !
Fabiano : Un peu d’eau et messe pourrait-il redonner
l’esprit saint au Shérif de Washington ?
Prof Hitérole : Ah, ah, ah (rires). Je ne
pense pas que Mr Trump se dirigera vers un statut de grenouille de bénitier et,
qu’en terme de coulpe, battra sienne ! Il durcit son discours pour montrer
sa force ! C’est pour lui un gage de réussite à sa réélection en novembre
2020.
Fabiano : Sauf si le virus passe par là !
Prof Hitérole : Oui, mais le pire n’est
jamais sûr ! Hihihi (rires) ! Bon, sur le coup on devient mauvaises
langues ! Et si on passait à table ?
Fabiano : Ça c’est une idée ! Que
pensez-vous d’un pangolin farci aux amendes !
Prof Hitérole : Ah, ah, ah, dans ce cas dans
la contre-danse le menu est !