Depuis quelques jours, Molenbeek fait l’objet d’une
attention médiatique. Cette commune bruxelloise serait un repère de terroristes
en puissance. La ville est considérée comme une pépinière de djihadistes, une
base arrière de Daech, proche de la France, prête à envoyer sur l’hexagone une
horde de tueurs !
Hélas, cette réputation ne peut s’améliorer à l’épreuve des faits, qui
la confortent.
Dans le commando qui opéra à Paris ce vendredi 13 novembre 2015 sont
apparus deux frères, Salah et Ibrahim Abdelsam. Ils étaient nés en Belgique et
tous deux ont vécu dans le quartier de Molenbeek jusqu'aux attentats ! La
famille y vit encore.
Par ailleurs, le cerveau présumé des attentats, Abdelhamid Abaaoud, dont la mort vient d'être confirmée à la suite des événements de St Denis, était aussi
originaire de Molenbeek.
Pourtant, si hâtivement présentée comme un ghetto islamiste, la municipalité
est, en réalité, très contrastée.
Il y a, en réalité, trois
Molenbeek : celui de longues avenues, où des barres d’immeubles cossus
abritent une bourgeoisie moyenne, celui de maisons individuelles et celui
du « quartier arabe », autour de la chaussée de Gand.
Mais
à l’époque, en 1877, cette ville jumelée depuis 1981 avec celle de Balkany,
ignorait la menace islamiste. Avec ses quelque 50.000 habitants, elle était un parc industriel qu’alimentait un
canal reliant l’Escaut.
Mon
grand-père paternel y naquit en 1877.
Il
était charretier et je ne sais rien de lui si ce n’est qu’il était titulaire d’une
carte d’identité dont j’ai hérité, au gré de circonstances familiales.
Un
petit document émanant de la ville de Lille (il avait demandé la
nationalisation française) et que j’ai
retrouvée, un jour, dans un dossier, avec une émotion non feinte.
Grand-père je ne t’ai pas connu
Mais je t’imagine aiguiller
Deux percherons de blanc velus
Le long des berges apaisées
Le long canal offre aux chevaux
La ligne droite vers le cœur
De la cité dont les fourneaux
Crache le fracas des fondeurs.
Sabots claquant sur les pavés
Au vent les crinières agitées
Douce euphorie, primesautière
Ta cogitation vagabonde
Sous le vol secret des arondes
Dans l’éclat bleuté des linières.