La Place Maubert n’était pas vide et devant lui marchait Nathalie. Elle avait un joli nom
la guide des Républicains : Nathalie. La place Maubert n’était pas vide,
c’était le jour du marché et Nathalie y faisait sa campagne pour le second tour
des législatives. Oui, Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM comme vous savez) mettait
les bouchées doubles pour tenter de se faire élire et battre son rival Le Gendre
(REM), bien que sa fille ne fût pas encore mariée (REM).
Devant lui marchait Nathalie alors il l’a doublée. Elle lui a
proposé un tract. Il aurait pu refuser gentiment, en gentilhomme, d’un gracieux
« j’eusse tant aimé que vous ne représentassiez point ! ». Au
lieu de cela il lui a arraché les tracts pour lui envoyer à la figure en
lui lançant : Bobo de merde ! C’est votre faute si on a Hidalgo
aujourd’hui comme maire à Paris ! »
Nathalie est tombée ! Elle a perdu connaissance et, comme
par hasard, un photographe de l’AFP passait par là. Il a pris LE CLICHE de l’entre-deux
tours : celui d’une jeune femme, allongée sur le sol rugueux de la place,
avant que les pompiers ne viennent la secourir.
L’agresseur, lui, avait pris les jambes à son cou, la poudre d’escampette
et tout un attirail de choses et d’autres qui vous permettent d’aller plus vite
que la Marche prônée par notre Président
jupitérien. Il s’engouffra dans une bouche de métro. Depuis, on le cherche
encore.
Nathalie s’est retrouvée à l’hôpital Cochin à devoir gérer un
traumatisme crânien bénin ! Les messages de sympathie ont afflué, de
droite comme de gauche puisqu’il paraît que ça existe encore !
Le méchant monsieur est recherché. Il se voit citer dans le
journal entre le retour de l’affaire du petit Grégory et les sujets du bac Philo, dont celui-ci : « Tout
ce que j’ai le droit de faire est-il juste ? »
Oui, il avait le droit d’être en colère, mais non, il n’avait
pas à balancer violemment des tracts à la figure de la gente dame ! Mais
qu’a-t-il fait ? Il aurait préféré entarter BHL ou envoyer de la farine
dans la tranche de Morano. Ça aurait passé comme une lettre à la poste, enfin,
il le pense. Mais là, NKM hospitalisée, NKM tuméfiée, NKM maltraitée, par sa
seule bévue.
Et tout ça parce que sa femme lui avait dit d’acheter une botte
de persil et des échalotes au petit maraîcher du marché Maubert ! A présent
les carottes sont cuites et il se retrouvera bientôt dans le panier à
salades !
J’ai beau me tenir à carreaux
La violence me transcende
J’ai de la haine pour les
bobos
Et je crois bien qu’ils me la
rendent
Bien sûr j’aurais pu
l’entarter
Mais gâcher de la nourriture
Ne s’inscrit pas dans mes
pensées
J’ai de l’éthique, je vous
l’assure
Un œuf aurait dû lui lancer
Un bien pourri, inconsommable
Mais un pote à moi l’avait
fait
Contre Macron ! Pas
imitable !
Balancer la blanche farine
Un copain le fit pour Fillon
Cela fort déplut à Francine :
Sa femme aigre eut mots, nom
de nom !
Alors, marché, Place Maubert
Je l’ai molestée de ses
tracts
En lançant de vilains mots,
ber-
Cés de merveilleuses ires en
acte !
Elle est tombée de tout son
long
Phase imprévue du scénario
J’ai pris la fuite !
Panique à fond
En m’engouffrant dans le
métro.
Me voilà classé « en
cavale »
La faute à Nathalie
« bobo »
Portée d’urgence à l’hôpital
La faute à Madame Hidalgo
Tout se mélange dans ma tête
Le bien, le mal et ce cliché
Volé, naviguant sur le net
Nathalie, au sol, allongée…
Ils n’attendront pas trente
années
Pour me retrouver, les
pandores
Pas de corbeaux à démasquer
Pas de Vologne en ce décor.
Me voilà classé « en
cavale »
Hors fichier S mais bien
coté
Dans le médiatique encéphale
Les réseaux de curiosité.
Combien de temps
supporterai-je
Cette perruque maléfique
Et ces verres noirs qui me
protègent
Contre le soleil et les
flics ?
Tout se mélange dans ma tête
Le bien, le mal et ce cliché
Volé, naviguant sur le net
Nat’ pourras-tu me
pardonner ?