Quatre jours après le
passage du super-typhon Haiyan aux Philippines c’est la désolation. Le
grand pays catholique, archipel dévasté, enterre ses morts au plus vite qu’il
le peut, pour éviter la propagation des microbes. Les fosses communes prolifèrent
dans un décor sinistre de fin de monde. Les orphelins affamés pleurent leur
mère !
Dieu semble avoir
abandonné ce bout de terre, le laissant comme une fragile proie sous la véhémence
assassine d’un ouragan tentaculaire. L’homme et ses habitations de fortune ne
pèsent pas lourd face au cataclysme.
Les morts restent
indénombrables dans les décombres. Les secours arrivent au compte –gouttes.
Après Haïti notre
planète réalise la fragilité de son existence et ne peut que s’en remettre à la
solidarité internationale.
La coquille de noix ballottée par les
vents
Trop fragile jouet dans les bras du
typhon
Philippines meurtries par le souffle
sans fond
La furie éolienne aux abcès violents.
Les réfugiés se meurent dans l’attente
du riz
Et d’étiques fourmis creusent fosses
communes
Surmontant la nausée, puanteur d’infortune
Priant Dieu égaré dans cette tragédie…
Estomacs affamés se ruent vers les
pillages
Sur le frêle archipel des illusions
perdues
Dans le chacun pour soi par la mort sous
tendue
Dans les pleurs de l’enfant d’une mère
sans visage.
Survivants hébétés dont les regards
hagards
Scrutent les cieux ouverts aux premiers
cormorans
Emportant sous les ailes tant de vitaux
présents
Les denrées salutaires entachées de
retard.
Haiyan le prédateur recense ses victimes
De Leyte et de Samar, dans son dernier
soufflet
Il ne reste que ruines, dépeuplées,
dévastées
L’impuissance des rêves et la peur de
l’abîme.
Manille en bonne mère tend ses bras
émaciés
Vers les enfants perdus d’un théâtre
maudit
La terre a des odeurs au fond de l’eau
croupie
Les oiseaux d’Occident y peinent à se
poser.
Pas de guerre, de combats, juste un
délire du vent
Un tourbillon tueur aux rafales d’enfer
Qui abroge l’écho d’un paradis sur Terre
Pour croiser nos destins, las, solidairement...