La mer Méditerranée
est leur cimetière. Des centaines de migrants sont morts dans la nuit de samedi
18 à dimanche 19 avril après le naufrage de leur embarcation au large de
Misrata en Libye. La Libye, pays de chaos depuis la chute de Kadhafi et face à
l’incurie d’une révolution de jasmin frelaté, devient le point de départ des
désespérés de la vie.
Ils embarquent sur des rafiots vétustes, entassés aux
bons soins de passeurs mafieux qui les spolient. Beaucoup ne savent pas nager !
Ils périssent en mer avant que d’avoir atteint l’Europe, cette terre promise
dont on leur a vanté l’hospitalité en leur cachant bien qu’elle ne pouvait pas
accueillir toute la misère du monde.
Le
nouveau drame survenu dimanche porte à plus de 1500 le nombre de morts en
Méditerranée en 2015. La Méditerranée est devenue « la route la
plus mortelle du monde » avec le décès d’au moins 3 400 migrants
en mer en 2014, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés
(HCR).
En
Sicile on attend les survivants mais aussi le corps des défunts. Ils devraient
débarquer sur le port de Catane.Le gouverneur de la Région, Rosario Crocetta,
demande que l’Europe passe « de l’inertie aux faits ».
« Après
cette énième tragédie, il faut une réunion urgente des chefs d’État de l’UE en
Sicile, pour une nouvelle convention sur l’immigration et sur le droit des
réfugiés.»
À Rome
le président de la Commission affaires Étrangères du Sénat Pier Ferdinando
Casini estime qu’il faut avant tout « soutenir le travail chef de la Mission
d’appui des Nations Unies en Libye, Bernardino Leone, pour tenter de stabiliser
le pays et si cela n’était pas possible, obtenir l’autorisation d’un blocus
naval via une délibération de l’Onu afin de stopper le trafic d’êtres humains
en Libye.»
Toute l’Europe,
à travers l’Italie, se sent concerné par ce drame humain. La stabilisation du
pays libyen n’est qu’une partie des solutions. La reprise du programme italien Mare
Nostrum en serait une autre. Ce programme, certes coûteux, permettait à la marine
italienne d’intervenir jusqu’aux côtes libyennes. En un an elle avait permis de
secourir plus de 150.000 personnes et d’arrêter 351 passeurs ! Mais le
coût mensuel de 9 millions €, par ces temps d’austérité, n’avait pas permis de
pérenniser cette initiative louable.
L’opération
Triton, qui l’a remplacée, est moins coûteuse mais aussi plus limitée ! On
est passé à 3 millions € par mois ! Avec un tel budget on ne peut que se
limiter aux eaux territoriales européennes pour…constater les dégâts !
Oui, l’Europe
est face au défi des flux migratoires maritimes. Elle est devant ses
responsabilités pour accueillir des peuples abandonnés par le chaos hérité d’une
intervention européenne (chute de Kadhafi en Libye) ou d’une non intervention
(Bachar conserve les mains libres en Syrie et se voit même reconnu comme un
rempart pour éviter l’hégémonie de Daech).
L’Europe
ne peut pas accueillir toute la misère du monde, certes ! Mais elle peut
absorber une partie de la main d’œuvre tant il faudra, dans un avenir proche,
pallier le vieillissement des populations et l’insuffisance de natalité (c’est
vrai en Allemagne). Pour l’autre partie il s’agira de lui proposer un avenir
meilleur dans son pays d’origine. Une telle orientation suppose un effort sans
relâche dans l’aide au développement et dans la lutte contre les mouvances islamistes
obscurantistes.
La mer
est leur tombeau
Au loin
de Misrata
Mille
vagues et rouleaux
Ont mis
fin au combat
Le trop
vieux chalutier
A
chaviré de bord
Des
corps précipités
Ont
coulé dans la mort
Les
gestes du nageur
Ils ne
maîtrisaient pas
Les
flots ont pris des cœurs
Aux
salins du trépas
D’autres
coincés en cale
Auront
cessé d’humer
Les
fragrances fécales
De
leurs corps entassés.
La mer
est leur tombeau
Au
seuil du Paradis
Cette
Europe aux tons beaux
En leurs
yeux embellis
Nus de
tout, mus de peur
Mais
priant l’espérance
Ils ont
cru les passeurs
Qui
flouaient leur confiance.
Ils se
sont embarqués
Pour
Cythère incertain
Mais
sans rien espérer
De leur
pays sanguin
Las des
guerres, du chaos
Ils
auront fui l’enfer
Sur le
premier rafiot
Aux
reflets salutaires.
La mer
est leur tombeau
Au
soleil dévasté
D’une
Europe en lambeaux
Rognés
d’austérité.
Décès
sans épitaphe
Cimetière
marin
La
camarde paraphe
Des
contrats clandestins
Tragédie
maritime
Qui
peint notre impuissance
Sur les
sombres victimes
Et
leurs années d’errance
L’avenir
incertain
Tout au
long de nos côtes
La
douleur des embruns
Et le
poids de nos fautes…