La prison a l'idée d'allumer le feu et Mme Belloubet se doit d'amener des seaux aux porte du pénitencier ! |
Jeudi 11 janvier 2018. Trois gardiens de la prison de
Vendin-le-Vieil (charmante bourgade où je prodigue mes talents de formateur
pour adultes) se font méchamment agresser par Christian Ganczarski, un détenu
allemand radicalisé et sensiblement d’origine polonaise.
Il n’en faut pas plus pour mettre le feu aux poudres au sein de
la prison et, dans un temps canon, l’affaire se répand comme une traînée de
poudre (celle qui n’avait pas brûlé) dans les autres établissements
pénitentiaires.
Le lendemain, un mouvement de grève s’érige dans les prisons,
troquant le mot « détention » pour des tensions. Les 28.000
surveillants de France et de Navarre exercent le service minimum dans une
ambiance de « taule est gênée, râle ». Les matons mutins du matin mutant
brûlent des pneus et attendent qu’on les écoute.
La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, se rend à Vendin-le-Vieil
où flotte dans l’air à la ronde un agréable parfum de caoutchouc cramé. Accueillie
par une « Marseille » hostile, au style haut, noir (comme le charbon
car nous sommes en pays minier), Nicole s’engage à aller vers un accroissement
des effectifs des personnels d’encadrement pour l’instant un quart serré par
manque de budget.
Oui, il faut davantage de personnel pour surveiller des détenus
radicalisés ! D’ailleurs, la prison de Vendin ne va-t-elle pas bientôt
accueillir Salah Abdeslam, dernier membre vivant du commando jihadiste du 13
novembre ? Une fois Salah mis que proposera la Garde des Sceaux ? Six
sonnets ?
Le personnel remonté exige davantage de main d’œuvre mais aussi
une meilleure reconnaissance du métier et cela passe par une augmentation des
rémunérations.
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On joue notre vie pour 1.500
euros mensuels, lance un surveillant à l’adresse de la Ministre. On est comme
nos détenus, on demande de meilleurs traitements.
Nicole, qui se garde des sots, a bien réfléchi sur des
propositions intelligentes, en béton armé (il vaut mieux) mais avec une texture
fine en sable. Elle a consulté ses compères, Mr Lemaire et Mr Darmanin, pour
connaître la faisabilité budgétaire de ses idées. Face aux exigences gourmandes
des surveillants elle ne dresse pas un triste portrait en disant « c’est faute
aux matons ». Non, elle positive mieux que Carrefour qui licencie à tour
de bras. Elle hausse les dispositions.
Les primes évitant déprimes seraient augmentées pour un montant
de 34 millions d’euros. Par ailleurs, sans le prendre d’un pas railleur, Nicole
prévoit la création de 1.100 postes et l’aménagement de 1.500 places pour les
détenus radicalisés dans des quartiers dit « étanches » où le
prisonnier lisse l’âme à défaut d’aiguiser lame à contre Coran.
Sur le plan sécuritaire, la dame de la chancellerie, lâchant
sellerie d’un cheval trop bridé, s’est même laissée aller à envisager la
systématisation du port de menottes pour les déplacements à l’intérieur de la
prison des détenus dangereux qu’on aime noter « létaux » dès qu’ils l’étalent
(leur haine).
Des gilets pare-balles pourraient aussi venir étoffer les jolis
uniformes des surveillants car on voit traîner tant de vilaines choses dans les
pénitenciers où l’on végète, où l’espoir se plante et où, finalement, on mesure
ô combien la cellule ose !
Nicole a dit son dernier mot, Jean-Pierre.
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Mes propositions sont sérieuses
et non révisables. J’invite les gardiens à reprendre le travail et leur
responsabilité.
Mais la grogne persiste face à ces propositions que
Nicole mit tard ! Deux organisations syndicales, la CGT et FO, annoncent qu’elles ne signeront pas le document. La CGT,
dans l’application de sa peine, déplore
notamment l’absence de proposition sur l’évolution statutaire des personnels.
Le syndicat majoritaire, l’Ufap-Unsa Justice (40%), indique,
lui, qu’il consultera sa base avant de
se prononcer.
A Vendin, l’aumônier de prison, réputé pour sa dureté
lupine, se met à y croire sous un ciel de béatitudes : l’abbé loup bée !
Mais Nicole prévient : il y aura des sanctions à l’encontre
des surveillants qui continuent de bloquer les établissements alors qu’ils n’ont
pas le droit de grève !
Oui Nicole force sa
nature : elle se fait l’âpre, ô c’est dur !