Alan, Loïc, Diogo et Teddy, Ophélia et Younes ne
verront pas, les yeux écarquillés d’émoi, les splendeurs de Noël. La mort en a
décidé autrement. Les six collégiens ont rejoint le long silence de l’au-delà,
victimes d’un accident parmi les plus horribles qui soient.
Le drame a eu lieu à Millas (Pyrénées-Orientales),
ce 14 décembre : le car qui les conduisait a été percuté par un train lors
d’une traversée de passage à niveau dont les barrières avaient été fermées si
l’on en croit les experts de la gendarmerie.
Cinq vies fauchées et cinq autres sur le fil
fragile du pronostic vital.
Ophélia a été inhumée dès le lundi 18. Le
mercredi 20, le souvenir de Younès arracha des larmes lors de ses obsèques à la
Mosquée de Perpignan. Et puis, ce jeudi 21, les quatre autres collégiens ont
emmené vers leurs cercueils des gens venus de tous les villages environnants,
lors d’une cérémonie célébrée par Mgr Turini, évêque de Perpignan.
La douleur envahit le silence des vallées mais,
au cœur de l’innommable souffrance se glisse une sourde colère en forme de
question. Pourquoi ?
La conductrice du car, fortement blessée dans
son corps l’est aussi dans son âme. Elle sombre dans le déni pour se protéger.
Elle voyait les barrières levées mais l’enquête semble prouver le contraire.
Même si, peut-être, sa responsabilité est
engagée je ne peux m’empêcher à cette femme dont la vie est brisée.
Un
fracas de ferraille et le destin bascule
Comme
se meurent à l’étang les frêles libellules
Des
visages d’enfant ne se poseront plus
Sur
les cœurs attendris avant la nuit venue.
Les
baisers sur la joue et tous les tendres mots
Désormais
reviendront en trainées de sanglots
La
douleur vient sans fond, la nuit couvre les voix
Un
manteau de silence enneige les sous-bois.
Des
petits anges volent dans le blanc du mystère
L’insondable
fleurit en brisures d’hiver
Parfumant
la vallée de morbides senteurs
Noël
comme une crèche où se loge l’absence
Une
étoile étiolée dans la nuit de souffrance
L’écho
noir des bergers qui remplit l’univers.