Les 33 mineurs bloqués pendant plus de deux mois au Chili ont tous été ramenés à la surface mercredi au terme d'une opération de sauvetage plus rapide que prévu, empreinte d'émotion et hautement médiatique. Le dernier d'entre eux, Luis Urzua, a été remonté moins de 24 heures après le premier. Jamais des mineurs n'avaient survécu aussi longtemps après un accident et leur sauvetage a captivé le monde entier.Ce sauvetage réussi est aussi un succès pour le président chilien Sebastian Piñera, qui a donné l'accolade à chacun des mineurs à mesure qu'ils apparaissaient à la surface.
Ces 33 ont vécu une expérience collective d'enfermement sans avoir les capacités physiques et la préparation des cosmonautes qui se préparent à aller sur Mars (quand ?) et qu'on enferme dans un caisson durant 105 jours ! Chapeau !
Mais quel est leur avenir ?
Ne devront-ils pas fatalement replonger dans les profondeurs pour gagner leur pitance ?
Ne devront-ils pas fatalement replonger dans les profondeurs pour gagner leur pitance ?
Trente trois forcenés de la mine chilienne
Pendant plus de deux mois, six cent mètres sous terre
Se sont vus ramenés vers la chaleur humaine
La lumière et l’éclat des vies primesautières.
Cris de joie, exaltés ont accueilli les peaux
Nimbées d’obscurité et percluses de faim
La vie de termitières adaptée aux humains
N’est qu’angoisse et douleur aux sombres oripeaux.
Trente trois forcenés et trente trois héros
Pour qui la mère patrie a les yeux de Chimène
Ils attisent fierté, soulèvent des bravos
Par ce feu soutenu en leur vie souterraine.
Besogneux, inconnus, loin des médias du Monde
Ils ont jour après jour défrayé la chronique
En rendant l’infortune génitrice féconde
De solidarité aux racines magiques !
Ils se sont soutenus dans ce combat nocturne
Pour ne pas s’effondrer à l’image du fonds
La mine vengeresse qui voulait en son urne
Les garder prisonniers dans l’infâme tréfonds.
Ils se sont soutenus pour étayer l’espoir
Si fragile lumière dans l’effroi ténébreux
Jusqu’au bout d’un papier extirpé de ce noir
Qui disait « tout va bien, la vie fait de son mieux ! »
Trente trois forcenés que la terre recrache
Après avoir longtemps cru les ingurgiter
Un à un, preux guerrier, exhibent avec panache
La joie de retrouver des cœurs abandonnés.
Bien plus forts que les princes destinés au cosmos
Les pantins de poussière ont aguerri leurs nerfs
Pour supporter huis-clos, dans le noir de leur fosse
L’angoisse et les humeurs comme les mots de travers.
Trente trois forcenés que le soleil reprend
Et si peu affectés par la noirceur pérenne
Qu’on en loue Dieu le Père en guirlandes de chants
Qu’on oublie le futur des chemins de la peine.
Car au delà des cris joyeux des retrouvailles
Moins patents que lauriers que glane Pinera
Se profilent les jours où le noir des entrailles
Rappellera, cruel, la sueur de leur bras…