Des combattants des FARC. Quel avenir après le cessez-le-feu historique ? |
Les hostilités ont officiellement rendu les armes la nuit
dernière. La Colombie peut tourner une nouvelle page de son histoire : un
conflit qui remonte aux années 60 vient de mourir. Les Farc (Forces armées
révolutionnaires des Colombie) par la voix de leur chef, Rodrigo Londono, ont
ordonné à leurs combattants de cesser le feu.
C'est la fin de 52
ans de conflit quand les guérilleros ont pris les armes pour défendre les
paysans avant de s'allier aux narcotrafiquants beaucoup plus lucratifs.
La guérilla qui s’est aussi spécialisée dans les prises d’otages
(n’est-ce pas Ingrid Betancourt ?) compte encore 20.000 hommes et contrôle
de larges territoires.
La guérilla compterait encore 10 000 combattants et contrôlerait des
régions entières.
Alors, que vont devenir ces hommes désormais démobilisés ?
Comment le gouvernement colombien gérera-t-il leur réinsertion dans la vie
civile ?
L’accord prévoit, dans un premier temps, la création de 23 zones
de sécurité et de 8 camps, lieux d’accueil pour guérilleros sans objectifs et
sous le contrôle de l’ONU. L’armement récupéré sera détruit.
Dans un second temps, il est prévu un programme d’aide à la
santé et à l’éducation pour aider les anciens combattants à monter des projets
économiques.
Sur le papier tout semble beau. Mais certains récalcitrants
pourraient ne pas rendre les armes et rejoindre d’autres mouvements
révolutionnaires, comme celui de l’Armée de Libération Nationale (Ejército de
Liberación Nacional, ELN).
Car les
rixes politiques demeurent une calamité en Colombie. Le pays reste empêtré dans
les inégalités sociales qu’une réforme agraire tarde à dissiper.
Aussi, les
raisons d’en vouloir au gouvernement en place demeurent vives.
Réhabiliter
les guérilleros ne sera pas une sinécure dans les régions où ils auront marqué de leur sauvagerie la mémoire collective. En Colombie, comme ailleurs, la vengeance
et la loi du Talion s’enracinent aisément dans le terreau social.
Par
ailleurs, nombre d’anciens rebelles pourraient avoir un mal intense à se débarrasser de leurs habitudes de narcotrafiquants. La culture de la coca a
augmenté de 40% entre 2014 et 2015 et, en 2013, le pays accusait un taux de
chômage de 9,7 % ! L’ancien combattant qui ne trouve pas de travail stable
pourrait bien revenir à ses premières amours.
Aussi,
pour toutes ses raisons, le chemin vers la paix pourrait se faire colombe-hyène !
La
guerre vient de mourir et son enterrement
Fait
tonner les clochers des hameaux colombiens
Autour
de son cercueil des ombres d’armement
Tremblent
sous le soleil et les chants éoliens.
Cinquante
ans de combat dedans la sépulture
Sur le
bois funéraire on a jeté l’œillet
Le
rameau d’olivier, les années de blessures
En
implorant le Ciel qu’il s’inonde de Paix
Mais
dans l’air étouffant une brise furtive
Emporte
dans ses fils quelques rouges pétales
Un
pavot tournoyant, danses figuratives
Fantôme
indélébile aux hardiesses vénales.
La
guerre vient de mourir mais au cœur des obsèques
Les
mouchoirs lacrymaux ont des tâches de sang
Plus
tenaces qu’amour dans la voix de l’évêque
Plus
vivaces qu’un jour de grands recueillements.
On
rebouche le trou dans l’éclat des prières
L’inhumain
inhumé repose désormais
Révélant
dans sa mort l’indicible bannière
Du
futur incertain dans ce rêve germé.
Guérie
des guérillas Bogota s’interroge
Sur le
chemin promis aux armes déposées
La
mémoire vengeresse en diabolique horloge
Pourrait
battre le temps d’échos désenchantés.