Tout le monde y pense, les hommes, les anges,
les vautours, y’a plus de distance et tout le monde en parle ! Raillée par
les uns, diabolisée par les autres la théorie du genre n’est pas du genre à
susciter l’indifférence, ainsi parlait un pote à moi qui est passé de la
Francisque à Brel (Il chantait Maréchal nous voilà mais depuis peu n’arrête pas
de fredonner Amsterdam depuis qu’il a adopté un petit rongeur mâle, heu, non,
femelle).
Ah, cette théorie du genre ! Que dit-elle juste ? Elle
dit philosophiquement que le sexe c’est l’inné et que le genre c’est l’acquis !
Par exemple un garçon est doté d’un robinet, c’est inné ! Mais s’il baigne
dans un contexte social qui l’oblige à porter une robe il sera féminisé par l’acquis !
On ne pourra pas parler de port de robe inné !
L’acquis tance le non-respect des normes ! Si les
stéréotypes associés à mon sexe m’attribuent l’obligation de ne pas devenir une
femme je me ferai morigéner si je me féminise olé, voire si je me fais mine
isolée…
En vérité, aucune programmation génétique ne prédestine
la femme à faire le ménage, ni les hommes à peupler le Sénat ou la Chambre des
députés ou encore à prendre sa carte au Medef ! Alors, pourquoi 81,65841 %
des tâches ménagères incombent-elles aux
gentes dames de mon pays ? Pourquoi près de 80% des chefs d’entreprises
sont-ils des hommes ? Parce qu’on ne peut pas dire « Chefe » ?
Parce que « dame patronnesse » ça fait mauvais genre ?
La théorie, c’est qu’on ne peut réduire ces
inégalités qu’en comprenant les mécanismes qui les approfondissent.
En 1972, la sociologue britannique Ann Oakley explique que masculinité et féminité ne sont pas des
substances « naturelles » inhérentes à l’individu, mais des attributs
psychologiques et culturels, fruits d’un processus social au cours duquel
l’individu acquiert les caractéristiques du masculin ou (et) du féminin. Elle
propose ainsi d’introduire la notion de genre comme outil d’analyse pour distinguer
la dimension biologique (le sexe) et la dimension culturelle (le genre).
C’est le but, depuis les années 1960-1970, des
études de genre transversales (sociologiques, philosophiques, historiques,
anthropologiques…) ! Etudes saines, sans la moindre arrière-pensée, me
semble-t-il !
Mais, de même que les exégètes ont tous leur
façon d’analyser un texte saint, les éudiant(e)s de la « théorie du genre »
cherchent à lui faire dire ce qu’ils veulent bien en entendre !
Pour les uns, à l’instar de Simone de Beauvoir, « on
ne naît pas femme on le devient ! » cette théorie corrobore la prédominance
de l’acquis et alimente le féminisme ! La femme doit s’imposer dans la
société et casser les carcans qui l’empêchent d’être l’égal(e) de l’homme. Mais
pour d’autres, cette théorie devient le diable ! Elle incite le petit
garçon à s’imaginer fille et plus tard gay ! Elle pourrait s’immiscer dans
les programmes scolaires pour des cours d’éducation sexuelle quelque peu originaux :
masturbation, diffusion de films porno…
C’est le monde de la rumeur qui circule sur la
toile et que propagent les «antigenre» un agglomérat d’individus hétérogènes :
communauté musulmane très à cheval (arabe) sur les questions de sexualité, par
nature tabou, anti-Hollande et anti mariage-gay, militants du Front National…
Il est vraiment d’un genre nouveau ce
conglomérat d’anti-Peillon (le Ministre de l’Education National accusé de tous
les maux dans ce dossier) ! Il se compose d’esprits qui, en d’autres
circonstances, se fusilleraient du regard ! Ainsi, le mouvement
islamophobe d’un bleu très prononcé se retrouve-t-il dans la même cour de
récréation que les prieurs de rue cherchant mosquée désespérément !
Ah, les rumeurs ! Certains diront qu’il n’y
a pas de fumée (genre féminin) sans feu (genre masculin) et que Peillon devra s’expliquer
pour rassurer tout le monde !
Et si nous laissions la parole à notre cher
généticien Axel Kahn :
La nature même de l’être humain, c’est d’être à
la fois inné et acquis ! L’acquis infériorise les femmes depuis des
millénaires. Or on peut agir sur l’acquis! Je ne comprends pas pourquoi ce
serait dangereux, sauf pour ceux qui considèrent qu’il faut apprendre aux
enfants que les filles sont inférieures aux garçons.
Sans jeter l’huile sur le feu, il semblerait qu’à
cette théorie Kahn adhère !