Le premier
court métrage de Frank Lebœuf n’a rien à voir avec le ballon rond. Les seuls
ballons qu’on y voit sont remplis de piquette qu’ingurgitent, de façon rustre,
des paysans ruinés par la mondialisation et la chute des cours du lait.
Contrairement
à son pote, Lebœuf, dans aucun rôle d’acteur ne se cantonna. Il a résolument
voulu se mettre derrière la caméra et son film de 16 mn 45sec et 11 dixième
(record homologué) est une petite pépite vouée à la cause paysanne.
Dans un pays
déchiré par la crise, où le socialisme prend d’étranges couleurs bleues, le
Président (François Hollande dans son propre rôle) a soudainement l’envie de
redorer le blason de l’agriculture. Avec le concours de son ministre ad hoc (S.
Le Foll, vraiment crédible dans les habits du politicien rural) mais contre
l’avis de son 1° Ministre (M Valls, teigneux comme pas un), il décide de se
rendre, en Président normal, donc sans costume ni cravate (de toutes façons il
ne sait toujours pas nouer cette dernière), au Salon de l’Agriculture pour y
lancer un concours du plus bel animal qui décernera le prix ZOO (du grec Zoo -
animal). Ce prix accordera au propriétaire de la bête consacré une prime de
20.165,50 €, directement prélevée sur les caisses noires de l’Elysée et
déductible des impôts.
Alors que
les oiseaux pépient tôt, les trois hommes se font accueillir, à l’entrée du
salon, par une horde de frondeurs menée par Martine Aubry (Elvire Alémeute,
jeune actrice, vraiment épatante) portant un maillot de corps masculin pour
faire évoluer la loi des genres. Elle a enfile ce vêtement alors en blanc et a noirci ce marcel de saillies (de
vache) à l’encontre du Président. Le
trio réussit quand même à s’imposer à coups de CRS armés de béliers pour la
circonstance.
Dans
l’enceinte du salon, le Président réussit à soumettre son idée de concours à un
référendum local. Le oui l’emporte à 50,264 %
grâce à l’apport des voix de quelques paysans sans étiquette, pour ne
pas dire sans papier. Dans un brouhaha généralisé, où se mêlent mugissements,
grognes humaines, hennissements intempestifs, le concours a lieu et désigne le
seul animal qu’ose proposer un pauvre propriétaire (Gérard Manvusa, jeune
comédien venu des banlieues, une révélation !) avide d’argent. C’est une
vache nommée Gertrude qui se voit remettre le prix ZOO mais elle n’en a cure.
Elle le
prend même très mal et, au nom des siens, de ces animaux qu’on abat sauvagement
après les avoir élevés dans des conditions indignes, pousse un grand
« Nan » de refus ! En voyant faire « Nan » d’elle on
mesure rapidement que la vache hait le prix ZOO niais. Elle se rue sur le
Président !
Le voilà encorné alors que son programme pour redresser la
courbe du chômage n’est pas encore né ! Un paysan « républicain »
assistant à la scène se délecte ! Il voit le Président qui se tord et
adore !
Le film se
termine par un rapide passage aux urgences (complètement encombrées avec des
brancards posés les uns sur les autres) où le Président normal se fait consoler
par sa compagne (Julie Gayet) venue rapidement, suite à cette nouvelle qui
s’coue Terre !
La vache,
quant à elle, devient l’égérie de la révolte paysanne.
Le film se
termine par un grand défilé au Trocadéro, sous les toquades d'Ayrault (dans son propre rôle, 15 secondes d'apparition !) . On y voit Martine, au brie et au vin
rouge, chevaucher la brave Gertrude en chantant : mais que Marianne était
jolie, Un hommage à
celui qui venait du Loir et Cher et rechignait à marcher dans la boue !
Un film
sympathique mais qui a laissé son réalisateur sur les genoux. Il faut dire que
les scènes ont dû être répétées plus de 50 fois. La vache n’y était pour rien ;
la responsabilité incombe exclusivement aux acteurs !