Simone Veil vient de rentrer sous la coupole ! Elle fait désormais partie des immortels. C’est une immortelle mais pas à l’image de la plante du même nom qui fait partie des Astéracées. Non car « à s’taire assez » elle n’en est pas capable. Cette femme a connu un destin incomparable et a toujours porté de la voix quand cela était nécessaire !
Simone conserve de ses jeunes années la meurtrisse irréparable de la déportation. Son étoile jaune l’a conduite à Auschwitz en compagnie de sa mère Yvonne et de sa sœur Madeleine. Elle seule en sortira vivante. Elle ne retrouvera plus ni son père ni son frère, déportés en Lituanie. En revanche, son autre sœur, Denise, lui sera redonnée, comme par miracle, sortie de l’enfer de Mauthausen.
Simone conservera jusqu’à sa mort le matricule 78651, héritage de cette expérience effroyable mais qui va lui forger un courage d’acier.
Car cette femme porte en elle la vaillance et la volonté. Menant une carrière de magistrate elle s’engagera, sur le tard, en politique, aux côtés de Valéry Giscard d'Estaing, l’homme à l’accordéon auvergnat et au chuintement exacerbé.
Sa principale victoire, en tant que ministre de la santé (dans le gouvernement de Jacquot le Corrézien) aura été, sans nul doute, l’adoption de son projet de loi pour légaliser l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse). Un véritable pas en avant pour le droit des femmes à disposer de leur corps et à refuser une naissance non désirée sans avoir recours à des boucheries sanglantes dans des recoins clandestins, au mépris de toute règle élémentaire d’asepsie. Bien sûr Simone se fait des amis avec les ultra catholiques qui voient dans cette loi l’acceptation du crime.
Simone Veil racontera souvent qu’un soir, elle vit l’inscription « Veil = Hitler » devant sa porte, lui infligeant ainsi de nouvelles blessures et la résurgence d’un enfer sidéral.
Sinon, sous Giscard, Simone aura l'occasion de croiser un collègue, responsable du budget, un certain Papon... Elle aura aussi à supporter Raymond Barre parfois très douteux dans ces envies de flirter avec le FN ! Ah, quelle époque épique !
Plus tard, en 1979, Giscard demandera à Simone Veil de conduire la liste de l’UDF :
- Simone, il faut que tu me décimes ce RPR chiraquien ! Ne ratons pas le train de ces premières élections européennes !!
Et Simone l’emporte haut la main ! Aussi, Giscard se doit-il de la nommer Présidente d’un Europarlement qui n’a alors que des pouvoirs rachitiques. Mais Simone s’empare de ce beau symbole, plaide pour l’Europe de la réconciliation et y gagne une popularité qui ne se démentira jamais !
En 1984, elle atteint l’apothéose aux européennes en emmenant une liste RPR-UDF qui réalise un score à rendre jaloux l’UMP actuelle : près de 43 % ! Mais en 1989 c’est une grand moment de solitude car, seule avec des centristes et face à une liste giscardienne, elle échoue (auvergnat ?) avec un lamentable 8,4 %. Elle ne pardonnera jamais ce cuisant camouflet à François Bayrou, son directeur de campagne, qu’elle descendra en beauté quelques années plus tard d’un péremptoire : « C’est le pire de tous !! ».
Plus tard, en 1979, Giscard demandera à Simone Veil de conduire la liste de l’UDF :
- Simone, il faut que tu me décimes ce RPR chiraquien ! Ne ratons pas le train de ces premières élections européennes !!
Et Simone l’emporte haut la main ! Aussi, Giscard se doit-il de la nommer Présidente d’un Europarlement qui n’a alors que des pouvoirs rachitiques. Mais Simone s’empare de ce beau symbole, plaide pour l’Europe de la réconciliation et y gagne une popularité qui ne se démentira jamais !
En 1984, elle atteint l’apothéose aux européennes en emmenant une liste RPR-UDF qui réalise un score à rendre jaloux l’UMP actuelle : près de 43 % ! Mais en 1989 c’est une grand moment de solitude car, seule avec des centristes et face à une liste giscardienne, elle échoue (auvergnat ?) avec un lamentable 8,4 %. Elle ne pardonnera jamais ce cuisant camouflet à François Bayrou, son directeur de campagne, qu’elle descendra en beauté quelques années plus tard d’un péremptoire : « C’est le pire de tous !! ».
Ni vraiment de droite ni de gauche, ni vraiment maladroite, ni réellement gauche, Simone Veil est au début des années 1980 le premier électron libre à mettre en garde la droite contre les dangers d’une alliance avec le Front national. Le borgne catholico-Jeanned’Arquois ne pourra jamais forcer Simone à se taire (six monastères ?).
Femme de loi, mais autrement plus sérieuse que Natacha Amal et Ingrid Chauvin réunies, elle se montre parfois dure avec ses collaborateurs ! Elle voudra sauver le soldat Balladur en 1995 avant de se ranger derrière le panache blanc d’Henri IV de Nicolas Sarkozy…en 2007 ! Bon, elle a quand même plutôt penché vers la droite car Mitterrand ne l’attirait pas (période trop louche durant la guerre…) ; et le neveu, n’en parlons pas !!
L’adhésion au sarkozysme a fini par être digérée par Jacquot qui lui a remis, ce mardi, son épée d’académicienne.
En entrant en habit vert sous la Coupole, cet après-midi, Simone Veil pensera à sa mère. Elle a fait graver sur son épée le chiffre à jamais tatoué sur son bras : 78 651.
- J’ai le sentiment que le jour où je mourrai, a-t-elle confié, c’est à la Shoah que je penserai !
Puis elle prendra le fauteuil laissé vacant par le regretté Pierre Messmer (dont elle fera les loges, heu...l’éloge). Elle sera ainsi la 6ème immortelle à rentrer dans l’histoire. Ce n’est pas le plus mince exploit au regard des traditions misogynes qui marquent de leurs empreintes l’évolution historique de la noble institution créée par un certain cardinal de Richelieu (personnage louche, lui aussi !!).