Le premier ministre luxembourgeois,
Jean-Claude Juncker, a annoncé mercredi 10 avril que son pays appliquerait, dès
le 1er janvier 2015, le système de
l’échange automatique d’informations entre les administrations fiscales.
L’Autriche et la Suisse devront suivre.
Devant le Parlement luxembourgeois, où il
a prononcé son discours annuel sur l’état de la nation, Juncker a concédé qu’il
ne pouvait rien faire contre l’Oncle Sam dans le cadre des négociations sur le
Foreign Account Tax Compliance Act : à défaut d’abolir son secret bancaire, le
Luxembourg se couperait la branche financière sur laquelle il accueille les
petits nids yankees remplis d’œufs en or !!
Et comme le Grand-Duché «ne peut pas
refuser aux Européens ce qu’il accepterait d’accorder aux Américains», a-t-il
poursuivi…. Voilà, c’est fait ! La retenue à la source aura fait long feu
et vive l’échange automatique d’informations entre les administrations
fiscales. Seules les personnes résidant au Grand-Duché bénéficieront encore du
secret bancaire. C’est déjà beaucoup !
Rosa Luxembourg doit se réjouir dans sa
tombe en constatant le démantèlement progressif des paradis fiscaux. La marxiste
(1870-1919) avait toujours, à l’image de Marx, condamné le capitalisme dans sa
recherche d’accumulation des capitaux ! Ces capitaux placés sont en réalité des plus-values extorquées sur le travail
d’acteurs pas suffisamment rémunérés.
L’argent appelant l’argent la plus-value
réalisée est d’ordre financier ! Les rémunérations non versées (qui
auraient permis d’accroître le pouvoir d’achat des salariés et l’acquisition de
produits locaux plutôt que l’engouement pour des biens low-cost venus d’Asie !)
sont autant de profits qui s’accumulent dans des paradis fiscaux exempts d’impôts.
Rosa confirmerait ainsi que les capitalistes échappant à l’impôt font peser la
charge fiscale sur le pouvoir d’achat des ouvriers (si tant est que cette
catégorie socio professionnelle ait encore une résonnance !)
Par ailleurs, les banques de ces offshore
peuvent prêter les fonds avec retour sur
investissement eu égard aux taux d’intérêt exigés. Le monde financier prend
alors l’emprise sur l’économie réelle et génère un endettement mondial qui
finit par perdre ses contours.
Mais, à son époque, Rosa ne pouvait imaginer
un capitalisme purement financier. Elle évoquait le placement de surplus dans
des économies externes, dans l’exploitation de pays à fortes richesses
naturelles et expliquait ainsi le colonialisme.
Le nouveau colonialisme consisterait donc
à conquérir le cœur des paradis fiscaux et à en tirer un double avantage :
baisse de poids fiscal et retour sur investissement via les intérêts
rémunérateurs !
La suppression progressive de tels paradis
ne se fera que progressivement ! Et quand bien même serait-elle un jour
totalement accomplie que l’économie mondiale ne s’en porterait pas mieux !
La cupidité humaine a tellement de ressort que l’exploitation de l’homme
par l’homme se gave d’avatars !