Encore tout escagassé par la présence de gilets jaunes sur un
rond-point, je reprends les rennes d’une nouvelle année avec la ferme intention
de relancer ce blog.
Vous avez remarqué cette mise en jachère ; que dis-je, cet
abandon en rase campagne. Mon blog n’a pas été réensemencé depuis deux mois et
j’entendais, en mon fors intérieur, quelques commentaires : « que
fait-il ? Il est malade ? Il est mort ? »
En vérité, en vérité, je vous le dis mes frères : je
ressuscite ! Je retrouve de l’aplomb et surmonte désormais la peur de la
page blanche. Je combattrai Twitter que j’ai trop fréquenté pour m’avoir incité
à la paresse : l’oiseau bleu invite à la facilité, au billet compulsif,
rapide !
Oui, je reprends les rennes que m’a laissés le bon père à la barbe
blanche et les traîne haut dans le ciel des traîneaux où volent les étrennes,
haut !
Oui, à propos, bonne année 2019 !
Cette année commencera, chez nos amis américains, par le 100ème
anniversaire de la mort de Théodore Roosevelt, Président de la République,
grand médiateur pour la gestion de la guerre russo-japonaise (ce qui lui valut
le prix Nobel de la paix en 1906). Ce sera l’occasion de voir une jolie
cérémonie durant laquelle une rousse svelte, déguisée en statut de la liberté,
déclamera quelques aphorismes de Théodore, sous les yeux ébahis d’un Donald
Trump suspendant pour quelques poignées de secondes son addiction aux tweets.
Le 17 février, David Douillet fêtera ses 50 ans avec des amis chiraquiens
qui auront encore aise de le voir en forme, sans problème urinaire, avec une
prostate amie (une prose tatami évite l’heureux vers).
Le 28 février, le fan club, au bord du lac, pleurera la mort d’Alphonse
de La Martine, mort il y a 150 ans ! Les inconditionnels n’auront pas cœur
à faire l’épitre tout en évitant d’être larmoyant : ils auront larmes
honnies, peau éthique !
Le 25 mars les inconditionnels du droit du travail fêteront les
100 ans des conventions collectives. Nées en 1919, ces jolies demoiselles
mettront quand même du temps pour s’affirmer et même pour se syndiquer.
Le 13 avril, alors que nul ne se découvrira d’un fil, quelques
historiens célèbreront le 500ème anniversaire de la naissance de
Catherine de Médicis. On révoquera, avec quelque flot rance, le massacre de la
St Barthélémy, les tueries des guerres de religion ! On se dira les
croyances restent des leurres meurtriers : de vouloir remplacer un cœur pas
pâle les prothèses tentent !
Le 29 avril, les nostalgiques du bon cinéma comique auront l’alarme
à l’œil pour les 100 ans de la naissance de Gérard Oury, le père du Corniaud et
de La Grande Vadrouille (entre autres). L’occasion sera belle de revoir toute l’œuvre
du maître ou de sortir un coffret DVD de l’intégrale (avec bonus sur les
coulisses d’un tournage familial avec Michèle Morgan : je suis Morgan de
toi.)
Le 6 mai, si on s’y met, on devrait pouvoir trouver un moment pour
fêter dignement les 25 ans de l’inauguration du Tunnel sous la Manche, même en
plein Brexit ! On se remémorera les discours de Mitterrand (à Coquelles, où le coq est loi,
dans le Pas-de-Calais) et ceux de la reine Elizabeth II (à Folkstone, la pierre
qui fait, folle, chlore), allocutions louangeant le chemin de faire de l’Angleterre
« une île pas tout à fait comme avant », une insularité désormais
imbibée de duperie et que de vieux réactionnaires rosbifs déploreront en
soupirant : leurre ose tares !
Le 4 juin, les amoureux de la marque aux chevrons, fêteront les
100 ans de la première voiture Citroën : le type A. Ce 4 cylindres est le
premier véhicule européen à être produit à la chaîne et en grande série, selon
le principe de Taylor qui l’appliquait tailleur !
Le 24 juin, quelques férus d’histoire célèbreront les 500 ans de
la mort de Lucrèce Borgia. Cette femme, injustement qualifiée d’empoisonneuse, mettre
du temps pour être réhabilitée par les historiens. Car le pire poison n’est-il
pas celui de la calomnie ?
Le 14 juillet, fête nationale, Macron déposera une gerbe sur la
tombe de Lino Ventura, au cimetière du Val St Germain (Essonne). En effet, il y
aura alors 100 ans que le grand acteur se sera mis à pousser son premier cri en
parmesan ! Les amoureux de cette grande gueule du cinéma français verront
pour la 30ème fois une rediffusion des Tontons flingueurs !
Le 15 août, toute la France célèbrera le 250ème
anniversaire de la naissance de Napoléon 1° ! Évidemment la fête se
heurtera avec celle de la vierge marrie de voir le preux mis errant, pire :
raillé par cette république laïque (que pourtant le petit tondu avait balayée d’un
revers de la main en se vêtant d’hermine impératrice).
Le 10 septembre, ils seront peu nombreux (mais ils seront !)
à pleurer l’assassinat de Jean Sans Peur, 600 ans auparavant. On reparlera de
ce brave Bourguignon qui tenta, avec un certain art maniaque, de se rapprocher
des compagnons du Duc d’Orléans pour être plus forts contre les Anglais. Il
tenta, mais en vain (de Bourgogne), car cet art ne mit nulle paix en selle :
cet art bat l’étrier !
Le 14 novembre, les tympans accros de Mozart fêteront les 300 ans
de la naissance de Léopold Mozart, compositeur et surtout père du célèbre Wolfgang
Amadeus ! Il en fut le père, mais aussi le fils (maçonniquement parlant)
quand Wolfgang proposa à son Pater de le rejoindre dans sa loge ! Il
rendit ainsi le papa gai novice (le Papageno visse ? Quoi ? Une clé
déplacée sur sa flûte enchantée ?)
Le 24 décembre, on devrait fêter les 100 ans de Pierre Soulages,
peintre et graveur nourri d’art abstrait. L’occasion sera belle de mettre en
lumière, lors d’une grande exposition au grand Palais, son noir ! Cet
outrenoir qui soulage le blanc et qui aime foncer jusqu’aux bouts des ongles
que l’aube s’cure !
Ce sera alors la veille de Noël, la fête de la lumière du Christ,
un bien joli contraste.
Et puis nous attendrons le 31 décembre avant de passer à 2020 :
deux vins côte à côte pour, de nouveau, tourner cépage…