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samedi 22 mai 2021

MURAT LE CHARGÉ DE LA CHARGE

 


Nous fêtons, cette année, le 200 ème anniversaire de la mort de Napoléon 1°.

Emmanuel Macron, en dépit des polémiques, a tenu a commémorer cet événement sans pour autant célébrer. Jupiter est, en effet, conscient que l'Empereur n'a pas fait que des heureux. Avec ses guerres il a donné beaucoup de veuves et d'orphelins à la mère Patrie. On se rappelle aussi que l'Aigle, pour des raisons économiques, avait rétabli l'esclavage en 1802.

Sans tomber dans les travers des altercations verbales, je vous propose une petite commémoration sous le prisme d'une gloire militaire : celle de Murat, beau-frère de l'Empereur, Maréchal d'Empire et accessoirement roi de Naples.


Joachim est né à La Bastide-Fortunière, le 25 mars 1767. Il grandit en bon gosse dans les bonnes Causses, pour la bonne cause, au sein d’une auberge paternelle, en rêvant déjà à des campagnes égyptiennes et du Caire, si !

On l’envoie chez les prieurs de Cahors qui se montrèrent féroces et minèrent (faire au séminaire ?) son moral. Alors, les vieux l’envoient chez les lazaristes de Toulouse. On le surnomme « l’abbé Murat » en ironisant sur ses dérives concupiscentes et ses dettes accumulées. Craignant la foudre paternelle, Joachim s’enrôle en 1787 dans la cavalerie au grand galop, jugeant le monastère abri d’abattus.

Il devient chef d’escadron au 21° chasseurs, en 1793 et Bonaparte le remarque pour sa bravoure. Il en fait son aide de camp. 


Bien que suivant un régime sans sel, il se montre plutôt à l’aise sur les destriers. Ses charges de cavalerie sont craintes par l’ennemi dont l’attitude lâche vaut cher ! Se paie, en traité de Paix, un répit pour ne plus subir l’agressivité de ce chef de guerre !

En Egypte, Murat s’illustre lors de la bataille des pyramides qui, du haut de leurs quarante siècles, contemple ce fougueux combattant !

- Il a gagné en maturité, disent sur un ton feutré ses soldats, même si parfois ses ordres sont un peu débiles.

Il fallait ce drôle de compliment qu’on le murmurât (con, le mûr Murat ?)

Durant la bataille d’Aboukir (toujours en Egypte) il capture le chef ennemi en dépit d’un coup de feu dans la gorge.

- Aaah, ça fait mal !

- Certes, dit Bonaparte, et d’un son aigu tu râles !

Pour ce fait d’armes, il est nommé général de division, en juillet 1799. Une division qui lui fait voir la vie en bleu, qu’au cyan !

Il participe au coup d’Etat du 18 brumaire avec ses 60 grenadiers ! Les brumes errent sur les grèves d’un ancien régime et le Consulat de Bonaparte peut alors commencer ! Pour le remercier, le futur Aigle lui laisse la main de sa sœur Caroline.

La première fois qu’il la voit, devant sa maison de campagne, Murat lâche : oh ! Il est séduit d’emblée.

Joachim aime, si sot, l’art qu’a sa femme de deviner dans les cartes. En lien avec cette activité, il lui susurrera souvent :

- Je suis l’as de trèfle qui pique ton cœur, Caroline.

Après l’assassinat du duc d’Enghien (mars 1804), Bonaparte se voit libéré de tout complot royaliste et rien ne l’empêche de se faire sacrer empereur (décembre 1804). Dans cette grande folie mégalomane, l’Aigle nomme son beau-frère Maréchal d’Empire. Ce qui virera bientôt à mares et châles d’ans pires. Car les années qui suivront jetteront un froid à porter des laines, et lanceront des pavés dans la mare.

En effet, en dépit de jolies victoires qui édictèrent, cependant, d’austères listes de morts pour la Patrie, le Maréchal connut bien des déboires.

Il haranguait ses troupes, émues, rassemblées et Murat semblait invincible. Mais tout le monde se trompait.

L’Empereur veut s’accaparer l’Espagne et compte sur Murat pour tenir les places fortes conquises. Mais Madrid se soulève et l’Ibère se libère. Le brillant serviteur de l’Aigle ne rétablit l’ordre que dans un déchaînement de violence ! C’est le fameux épisode du Dos et Tres des Mayo immortalisé par Goya (le peintre, pas la chanteuse !).     

Nommé roi de Naples, Joachim trouve que la régence des Napolitains n’était pas du gâteau ! D’autant plus que son beau-frère ne cesse de lui dire que s’il est roi de ce petit royaume, c’est quand même grâce à lui !

Parfois dans l’idée de faire sans Murat, Napoléon s’emmura.

Mais cette idée ne durait pas. L’Empereur avait trop besoin de son brillant militaire et de ses hommes pour ne pas sortir, des caves, alliés !

La retraite de Russie mettra en pièces la belle cavalerie de Joachim. Sans tuer les cosaques, les causes accentuaient… la déconfiture : faim, froid, sentiment d’abandon. Le rongeur attaqua le reste des pitances. Mut rat…

Dans ce gel intense et mortel on ne verra jamais le Maréchal démarrer chaud.

L’homme revient à Naples, complètement frigorifié, et signe une alliance avec l’Autriche pour se maintenir en place, quitte à jouer un peu Tyrol, tout en alléguant son attachement à Napoléon.

C’est ce qu’on appelle « la trahison de Murat »

Napoléon, s’enfuyant de l’île d’Elbe, repart au combat mais sans Murat, désormais tombé dans son discrédit.

Waterloo (1815) signe la fin de l’Empereur et son exil définitif à St Hélène. Sur cette île du diable, Napoléon regrettera longtemps de s’être privé des services de Murat ! Ah, les regrets, les regrets, comme il aurait pu le soupirer à une foule sentimentale, rêvant de son retour.

Après Waterloo, dans une tragédie de claques Murat se claquemura !

Exilé en Corse, il rêve de reconquérir Naples. Mais arrivé dans le port calabrais du Pizzo, il se fait capturer par une foule hostile au style qu'il veut imposer (car il hait mal sa paix), et qui n’oublie pas la répression qu’il avait exercée à son encontre !

Un feu couve, qui risque de l’occire. Qu’a la braise ?

Emprisonné, il sera exécuté au fort de Pizzo, à l’issue d’une dernière pizza, le 13 octobre 1815 !

Son descendant, un certain Jean-Louis, barde de son époque, n’a toujours pas été fichu de lui consacrer un hymne à sa gloire !

Il y a franchement des coups de pieds au cul qui se perdent !

 


JUSTE UN CESSEZ-LE-FEU

 


Un cessez-le-feu sur ce territoire damné ressemble, plus que tout, à la frêle colombe qui secoue ses ailes en attendant la prochaine déflagration.

Après onze jours d’affrontements qui ont fait 243 morts palestiniens et 12 morts en Israël, la fragile trêve se vêt d’un manteau d’inquiétude de Gaza jusqu’à l’Esplanade des Mosquées.

Les affrontements avaient débuté après la grande prière musulmane du vendredi dans laquelle s’est immiscé un groupe de Palestiniens scandant des slogans à la gloire du Hamas, mouvement islamiste considéré comme terroriste par Tel-Aviv, et qui dirige la bande de Gaza.

Une nouvelle intifada (guerre des pierres) se propagea, alors, sur le parvis de la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’Islam. Pierres, cocktails molotov contre grenades et balles en caoutchouc des forces israéliennes. Une nouvelle flambée de violence dont on finit par s’accoutumer en ces lieux voués à l’impossible réconciliation entre deux peuples.

A l’origine, on retrouve l’expansion des colonies juives sur les territoires occupés par la Palestine. Des menaces d’expulsion de familles palestiniennes dans le quartier de Cheikh Jarrah (Jérusalem-Est) avaient mis le feu aux poudres.

Puis l’engrenage inévitable s’est mis en branle. Le Hamas a lancé des quantités de roquettes sur Israël mais le pays de Netanyahu, disposant d’un bouclier, le Dôme de fer, en a détruit une grande partie en vol. Les représailles furent terribles, voire démesurées. Le premier ministre israélien, en difficulté politique, à la recherche d’un gouvernement de coalition, saisit la bonne opportunité de se replacer en chef de guerre !

Il lança la force aérienne pour détruire ! Les bombes anéantirent l’immeuble abritant la chaîne de télévision qatari Al-Jazeera mais soupçonnée de cacher des équipements militaires du Hamas !

Au total, Israël a encore frappé environ 800 cibles, notamment le réseau de tunnels souterrains qui permet aux combattants et dirigeants du Hamas de se déplacer, ainsi qu'une "brigade terroriste" responsable des tirs de roquettes.

Est-ce la pression internationale, pourtant bien timide ? Est-ce un besoin de souffle, une pause pour mieux reprendre les combats ? Toujours est-il qu’un cessez-le-feu a été décrété par Israël et le Hamas, le temps de compter ses morts et, pour les Palestiniens, d’admirer les décombres et les gravats, semences des bombes de Tsahal.

Adama chantait, en 1967 : - sur cette terre d’Israël il y a des enfants qui tremblent (Inch’ Allah). Cinquante quatre ans après la situation demeure, mais les enfants sont surtout Palestiniens, victimes d’une guerre qui n’en finit plus, aux orgies martiales sporadiques, aux effluves de menaces délétères…

Dans la prison à ciel ouvert, que reste Gaza, l’enfance sous les décombres sortira miraculé pour grandir, une pierre à la main, dans la haine de l’occupant.

La cohabitation de deux Etats souverains vit son rêve utopique sous le regard attristé d’une colombe aux ailes fatiguées, un rameau d’olivier rabougri en son bec empoussiéré de poudres de guerre…

 


C’est un cessez-le-feu, la blanche parenthèse

S’ouvrant dans ce décor de morts enténébrés

Un chemin de repos, au feuillage endeuillé

Qui cherche des rancœurs a supprimé la braise.

 

C’est un frêle soupir, l’image d’un espoir

Qui trouble son sourire dans les brumes de peur

Le souffle retenu aux fracas des terreurs

La bouche déformée par l’effroi de l’Histoire.

 

C’est un fruit recueilli sur l’olivier tremblant

L’eau tirée de ce puits criblé de projectiles

Le sein qu’un nourrisson redécouvre, fragile

 

C’est un matin de mai, où les plaies cicatrisent

Autant que Dieu le peut, dans le chant d’une brise

Tandis que des nuages rêvent du blanc d’antan…