Un cessez-le-feu sur ce territoire damné ressemble, plus que tout, à la frêle colombe qui secoue ses ailes en attendant la prochaine déflagration.
Après onze jours d’affrontements qui ont fait 243 morts
palestiniens et 12 morts en Israël, la fragile trêve se vêt d’un manteau d’inquiétude
de Gaza jusqu’à l’Esplanade des Mosquées.
Les affrontements avaient débuté après la grande prière musulmane
du vendredi dans laquelle s’est immiscé un groupe de Palestiniens scandant des
slogans à la gloire du Hamas, mouvement islamiste considéré comme terroriste
par Tel-Aviv, et qui dirige la bande de Gaza.
Une nouvelle intifada (guerre des pierres) se propagea,
alors, sur le parvis de la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’Islam. Pierres,
cocktails molotov contre grenades et balles en caoutchouc des forces israéliennes.
Une nouvelle flambée de violence dont on finit par s’accoutumer en ces lieux
voués à l’impossible réconciliation entre deux peuples.
A l’origine, on retrouve l’expansion des colonies juives sur
les territoires occupés par la Palestine. Des menaces d’expulsion de familles
palestiniennes dans le quartier de Cheikh Jarrah (Jérusalem-Est) avaient mis le
feu aux poudres.
Puis l’engrenage inévitable s’est mis en branle. Le Hamas a
lancé des quantités de roquettes sur Israël mais le pays de Netanyahu,
disposant d’un bouclier, le Dôme de fer, en a détruit une grande partie en
vol. Les représailles furent terribles, voire démesurées. Le premier ministre
israélien, en difficulté politique, à la recherche d’un gouvernement de coalition,
saisit la bonne opportunité de se replacer en chef de guerre !
Il lança la force aérienne pour détruire ! Les bombes anéantirent l’immeuble abritant la chaîne de télévision qatari Al-Jazeera mais
soupçonnée de cacher des équipements militaires du Hamas !
Au total, Israël a encore frappé environ 800 cibles,
notamment le réseau de tunnels souterrains qui permet aux combattants et
dirigeants du Hamas de se déplacer, ainsi qu'une "brigade terroriste"
responsable des tirs de roquettes.
Est-ce la pression internationale, pourtant bien timide ?
Est-ce un besoin de souffle, une pause pour mieux reprendre les combats ?
Toujours est-il qu’un cessez-le-feu a été décrété par Israël et le Hamas, le
temps de compter ses morts et, pour les Palestiniens, d’admirer les décombres
et les gravats, semences des bombes de Tsahal.
Adama chantait, en 1967 : - sur cette terre d’Israël il
y a des enfants qui tremblent (Inch’ Allah). Cinquante quatre ans après la
situation demeure, mais les enfants sont surtout Palestiniens, victimes d’une
guerre qui n’en finit plus, aux orgies martiales sporadiques, aux effluves de
menaces délétères…
Dans la prison à ciel ouvert, que reste Gaza, l’enfance sous
les décombres sortira miraculé pour grandir, une pierre à la main, dans la haine
de l’occupant.
La cohabitation de deux Etats souverains vit son rêve
utopique sous le regard attristé d’une colombe aux ailes fatiguées, un rameau d’olivier
rabougri en son bec empoussiéré de poudres de guerre…
C’est un cessez-le-feu, la blanche parenthèse
S’ouvrant dans ce décor de morts enténébrés
Un chemin de repos, au feuillage endeuillé
Qui cherche des rancœurs a supprimé la braise.
C’est un frêle soupir, l’image d’un espoir
Qui trouble son sourire dans les brumes de peur
Le souffle retenu aux fracas des terreurs
La bouche déformée par l’effroi de l’Histoire.
C’est un fruit recueilli sur l’olivier tremblant
L’eau tirée de ce puits criblé de projectiles
Le sein qu’un nourrisson redécouvre, fragile
C’est un matin de mai, où les plaies cicatrisent
Autant que Dieu le peut, dans le chant d’une brise
Tandis que des nuages rêvent du blanc d’antan…
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