Jean-Marc nous a quittés, dans une
tendre révérence, dans la pudeur d’un beau silence parmi les oiseaux migrateurs…
Je revois sa silhouette et cette bouche
essaimant des mots de poésie et de colère. J’ai aimé ce personnage que le
hasard avait mis sur ma route.
Je l’avais rencontré à La Rochelle où,
avec les Châtelains (duo dont j’étais l’auteur compositeur) il chantait dans
les rues, en festival off, comme on dit.
On occupait l’espace, l’agora lyrique,
en se succédant. Nous fîmes plusieurs fois cette expérience, à Bourges ou
encore à Aurillac.
Jean-Marc était jusqu’au bout des mots
un chanteur de la rue. Mais plus que cela, il était un poète et un merveilleux
éveilleur de conscience. Je le revois encore, haranguant la foule entre deux
chansons. Il voulait que le monde change et son utopie se balançait avec grâce
dans le vent qui balayait ses longs cheveux devenus gris.
Il chantait la vie, le cœur des gens, la
vieillesse des amours qui ne meurent pas.
Il aurait pu être célèbre, devenir un second
Ferré. Mais, il a choisi l’authentique scène : la rue.
Figure emblématique de la Croix Rousse,
dans le 4ème arrondissement de Lyon, l’homme révolté qui avait
encore tant à nous conter, s’en est allé rejoindre les étoiles qui pendent au ciel, depuis cent mille ans.
Salut l’ami ! Tu nous quittes bien
trop vite !
Au revoir l’artiste !
Il
y avait l’amour dans ses yeux de malice
Qui
reflétait l’éclat solaire du cœur des gens
En
oiseau migrateur sous des cieux qui se plissent
Il
volait, libertaire, dans les blessures du temps.
Les
mots prenaient l’écho et le feu de sa bouche
Bousculant
le passant et les chiens endormis
Comme
un rayon brûlant dans le ciel qui se couche
Un
éclair qui déchire mille nues affadies
Jean-Marc
avait la rue comme unique voyage
Comme
unique secours en ce monde en confort
Comme
unique chemin jusqu’au lit de sa mort
Il
me reste sa voix guidant sa poésie
Une
indicible flamme au chevet d’une vie
Qui,
un jour, m’emmena aux bleus de son sillage…
Jean-Marc Le Bihan (1953-2019)
Entre les juges et les notables,
Les privilèges et les paumés,
Le non-confort, le confortable,
Les injustices, les justiciers.
Entre les querelles et les guerres,
Les oppresseurs, les opprimés,
Les civils et les militaires,
S'étend la vie au monde entier...
Mais il y a quand même des enfants
qui s'aiment,
Et qui s'aiment tendrement.
Et y'a quand même pendues au ciel
Des étoiles depuis cent mille ans...
Pour ne rien dire, pour ne rien faire,
Pour laisser passer les années,
Civilisés et gens de terre,
Villes désertes, champs goudronnés,
Sur les trottoirs, en grande foule,
Se bousculent, s'écrasent les gens,
Elle sera surpeuplée la boule
Dans cinquante ans disent les savants...
Mais il y a quand même des enfants
qui s'aiment,
Et qui s'aiment tendrement.
Et y'a quand même pendues au ciel
Des étoiles depuis cent mille ans...
JM LB
Jean-Marc et moi, sur une radio libre de Bourges - 1996 |
Jean-Marc Le Bihan (1953-2019)
Entre les juges et les notables,
Les privilèges et les paumés,
Le non-confort, le confortable,
Les injustices, les justiciers.
Entre les querelles et les guerres,
Les oppresseurs, les opprimés,
Les civils et les militaires,
S'étend la vie au monde entier...
Mais il y a quand même des enfants
qui s'aiment,
Et qui s'aiment tendrement.
Et y'a quand même pendues au ciel
Des étoiles depuis cent mille ans...
Pour ne rien dire, pour ne rien faire,
Pour laisser passer les années,
Civilisés et gens de terre,
Villes désertes, champs goudronnés,
Sur les trottoirs, en grande foule,
Se bousculent, s'écrasent les gens,
Elle sera surpeuplée la boule
Dans cinquante ans disent les savants...
Mais il y a quand même des enfants
qui s'aiment,
Et qui s'aiment tendrement.
Et y'a quand même pendues au ciel
Des étoiles depuis cent mille ans...
JM LB