Pierre
Tchernia a tiré sa révérence dans la nuit de vendredi à samedi, à l’âge de 88
ans.
Pierre est
une légende du petit écran, un pionnier de l’ORTF au même titre que Pierre
Sabbagh, Pierre Desgraupes ou encore Pierre Dumayet.
Mais sur les
4 Pierres c’est bien Tchernia qui aura marqué le plus l’histoire de
l’audiovisuel français du petit écran noir jusqu’à l’ère d’Internet.
Curieux de
tout, créatif, il a marqué de son empreinte les premières grilles de programme
télévisuel entre deux mires d’attente. Il participe au premier journal télévisé
en 1949, lance plusieurs émissions comme Monsieur Muguet s’évade ou la boîte à
sel.
Il produit
et présente L’ami public numéro 1, une émission qui fait découvrir la magie de
Walt Disney.
Il anime
Cinq colonnes à la Une à partir de 1965 puis connaît la renommée avec sa
fameuse émission Monsieur Cinéma ! Une tranche de culture
cinématographique qui vivra de 1967 à 1980.
Sur la fin
de sa vie, il rejoindra Arthur dans l’émission Les enfants de la télé.
Mais le gai
luron ne se contente pas du petit écran. Le cinéma dont il sait tant évoquer
les charmes à la télévision le happe totalement.
Il devient
réalisateur après s’être dépensé devant la caméra en acteur épisodique (La
belle américaine, 1961 – La guerre des boutons, 1962…).
Il réalisera
quatre films : le viager (1971), les gaspards (1974), la gueule de l’autre
(1979) et Bonjour l’angoisse (1988).
Présentateur,
acteur, scénariste, réalisateur, Pierre était aussi un narrateur hors pair,
prêtant sa voix à des dessins animés relatant la vie d’Astérix, ce petit
gaulois dont le père artistique, un certain Goscinny, était un ami très cher.
Durant toute
sa vie, cet homme affable, d’une rare simplicité en dépit des lauriers de César
lui tombant sur le crâne dégarni, aura fait l’unanimité. Il représentait la
mémoire du cinéma français et nous aura fait devenir des cinéphiles, à des
degrés divers.
Chapeau bas
Monsieur l’artiste et bien le bonjour à Goscinny, Ventura, Serrault, Noiret. Tu
les as tant aimés et ils te l’ont si bien rendu.
Encore bravo
Monsieur Cinéma d’avoir été, en toute humilité, un grand homme de l’image et de
la vie !
Tchernia caricaturé par Uderzo dans un album Astérix |
Il a crevé l’écran, son sourire cache
mire
D’une télévision à ses balbutiements
Les tout premiers JT que le grand
Charles admire
Tant qu’ils ne raillent pas ses moult
agissements.
Il a crevé l’écran de l’appareil à
lampes
Son sourire éblouit tout le petit salon
Le crâne dégarni sous les feux de la
rampe
Et l’élégante voix au soleil des
dictions.
Il parcourt les années dans cette aire
cathodique
Au fil de ses idées qui ne tarissent pas
Repeint de cinéma le repos catholique
S’installe en nos foyers et s’invite aux
repas.
Quand le petit écran gémit d’une
étroitesse
Il en sort sur un pied de caméra douée
Colore les pellicules d’une histoire de
vieillesse
Où Serrault, merveilleux, nous joue les
vies âgées.
Puis il revient, gracieux, à ses
premières amours
Et Mardi cinéma, les enfants de télé
Orchestrent à l’envi comme l'éternel
retour
D'un jeune homme éclairé de rêves passionnés.
Jusqu’au bout d'un long film quand l’image se
brouille
Alors s’éteint la voix qui avait
enchanté
Il restera l’aura d’une flamme en vadrouille
Au cœur de souvenirs des enfants retrouvés.