|
Cliquer sur l'image si besoin est... |
L’Egypte a vécu jeudi 10 mai une soirée
historique avec le premier débat télévisé entre deux candidats favoris à
l’élection présidentielle, Amr Moussa et Abdel Moneim Aboul Fotouh.
Les Egyptiens ont été scotchés (sans alcool) devant
leur écran pendant plus de quatre heures ! L’émission assurée par Canal II
Suez a vraiment fait un Taba ! Les échanges entre Amr Moussa, un diplomate
chevronné de 75 ans, ancien sbire de Moubarak, et Abdel Moneim Aboul Fotouh, un
islamiste de 60 ans, ex détenu dans les geôles du raïs, ont donné lieu à de
belles envolées lyriques et des passes d’armes mémorables. En dépit des pires amygdales
jamais échues dans la gorge d’un tribun Mr Moussa réussit à tenir la dragée
haute et la faconde.
Comme chez nous, en notre beau pays de France,
les deux rivaux ont cherché à se piéger mutuellement, à se charrier sur la
charia, à faire courroux sur le Coran, jusqu’à ce qu’untel avive le débat sur
les relations avec Israël…
Mais qui sont ces deux hommes ?
Aboul
Foutouh, pas tout fou, est le grand favori des sondages SOFRES (Société Obscure
de Formulaires et de Recherche sur l’Egypte Souveraine) car il sait exécuter de sublimes grands écarts
pour séduire les jeunes révolutionnaires bobos des quartiers luxueux tout en
cajolant les salafistes des bidonvilles. Les frères musulmans laids du Caire l’éduquèrent
mais il a su s’en émanciper (disons qu’ils l’ont viré) car il prône un islam modérato
loin des maux des rets intégristes. Entouré d’un aréopage de capitalo-marxistes,
de keynésiens-monétaristes, de féministes et de coptes (chrétiens du coin),
Aboul Foutouh a fait du droit à une couverture médicale et à l’éducation ses
priorités. Il s’est aussi engagé à secourir la bande de Gaza et à reconsidérer
les relations avec Israël, ce «partenaire-ennemi».
Amr Moussa
(76 ans), ancien chef de la Ligue arabe est l’autre grand favori de cette
présidentielle. Le diplomate le plus célèbre d’Egypte, jadis chouchou de Moubarak,
se présente comme un homme s’étant dans l’expérience baigné. Et il aime ça
Moussa ! Un sauveur contre le chaos. L’ancien ministre des Affaires
étrangères a mené une campagne basée sur sa maîtrise des rouages étatiques avec
un seul slogan : «Restaurer la stabilité ». Se considérant comme le
représentant de l’Egypte laïque et républicaine, il défend les militaires et
rêve d’une société moderne et multiconfessionnelle. Il se targue d’être l’unique
rempart contre la marée montante des Frères musulmans flanquée de sa nébuleuse
salafiste, qui contrôlent déjà le parlement ! Pour capter les voix des
islamistes modérés, Moussa les fait mousser en leur garantissant effectuer ses
cinq prières rituelles quotidiennes !
Mais il
traîne ce boulet d’ancien agent de Moubarak !! Et le peuple pourrait lui
reprocher de n’avoir pas soutenu la révolution alors qu’elle se déroulait sous
les fenêtres de la Ligue arabe à proximité de la place Al Tahrir…
Suspense !!
Le second tour est prévu pour les 16 et 17 juin.