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vendredi 3 février 2017

LE REVENU QUI SE RÊVE AUX NUES



Pour discuter du revenu universel prôné par le vainqueur de la primaire de la gauche (Mister Hamon) rien de tel que d'inviter le Professeur Hitérol pour m'éclairer de sa science infuse (*).



Fabiano : Bonjour Professeur, il y a bien longtemps que nous ne nous étions pas vus (*) !

Prof Hitérole : Affirmatif mon cher ! Ainsi, vous me convoquez pour parler du revenu universel ?

Fabiano : Oui, de ce fameux revenu dont je ne suis pas encore revenu. Mr Hamon, désigné pour représenter le parti socialiste déliquescent  à l’issue des primaires de la belle alliance de la nulle ère, porte cette idée-là dans son cœur !

Prof Hitérole : Je sais tout cela Fabiano. Il porte une idée qu’on ne pourrait qualifier de neuve, comme dirait Catherine. Déjà, en  1797, Thomas Paine dans sa « Justice agraire » défendait le joli principe d’une manne attribuée à chacun, à sa majorité, et financée par un fonds alimenté par les propriétaires terriens.  Car t’es rien si la vie te met à plat nette, heu net, heu n’est-il pas ?          

Fabiano : C’est donc une idée philosophique que n’aurait pas aplatie d’un doigt niais Rousseau ?

Prof Hitérole : Exact ! Une noble idée qui s’enracine dans la notion de justice ! Certains s’approprient la terre qui appartient à tous ; ils s’enrichissent au détriment des autres. Aussi, un revenu minimum universel permet-il de faire vivre dignement ceux que l’égoïsme et la cupidité des autres ont écartés !

Fabiano : Oui, mais dans ce cas ce revenu n’est pas universel ! Les nantis n’y ont pas droit puisqu’ils se servent déjà bien copieusement sur la bête ! Il faudrait plutôt parler d’un revenu de substitution, un gagne-pain, une manne au nez gras qui tombe du ciel à défaut d’émerger d’un emploi ou d’une rente !

Prof Hitérole : Je vous rejoins sur ce point. Quand l’emploi ploie, à la suite de robotisation, il faut absolument concevoir que la machine raréfie le travail. On peut parler de vacances forcées, de mise en disponibilité puisqu’on informatise ! L’ordinateur peut être appelé geek tant il handicape la création de postes jadis humanisés : poinçonneur des lilas, attachés parlementaires… Oui, la machine remplace l’homme et ce dernier doit disposer d’un revenu que ne lui confère plus une activité salariée. Un revenu pour faire autre chose : du sport, de l’art. La robotique peut ainsi créer l’art aux beaux tics, des tics d’éthique pour leste éthique !

Fabiano : Et toc ! Mais, de farouches adversaires à cette idée, à l’image de Manuel Valls, prétendent que la robotisation et l’informatisation vont créer des emplois, des métiers qui restent à inventer. Ils allèguent que le postulat de départ est faux : l’emploi ne va pas se raréfier ! Qu’en pensez-vous ?

Prof Hitérole : C’est le cœur du débat ! Si on pense que le travail va se raréfier sous le poids des grappes de technologie à la Schumpeter, alors oui, il va falloir partager le travail et c’est l’idée des 35 heures, voire Deezer  pour ceux qui aiment la musique. Et si le partage ne suffit pas alors, oui, ceux qui n’ont pas accès à l’emploi devront percevoir  un revenu de subsistance, un succédané du salaire

Fabiano : Un succès d’années de faillite si j’en crois les détracteurs à cette proposition. Payer des gens à ne rien foutre, poils dans la main, regardant la poutre dans l’œil des voisins, tout cela va être coûteux, ruineux, non ?

Prof Hitérole : C’est un point de vue que nul n’a failli taire ! Tout le monde est conscient des coûts hardis à porter sans couardise apportée ! Mais on peut financer en faisant payer les robots qui remplacent nos muscles ! On peut récupérer des sommes indument versées pour des emplois fictifs si vous voyez ce que je veux dire…

Fabiano : Je vois très bien ! Donc c’est possible sous certaines conditions ? Cela n’a rien d’utopique ?

Prof Hitérole : Non, plutôt lutte épique contre un libéralisme qui, depuis des années, accroît le fossé entre les riches et les pauvres.  Hamon porte un beau projet mais il doit revoir la copie pour l’adapter à l’épreuve des faits, car à bosse !

Fabiano : Et si le postulat s’avère faux, si la modernité ne tue pas l’emploi mais, au contraire en étant bien ancrée, en crée ?

Prof Hitérole : Ah, heu, oui. C’est le cœur du débat ! Si on pense que le travail va bénéficier de nouvelles opportunités avec les nouvelles technologies alors, oui, on pourra réduire le taux de chômage, atteindre un plein emploi, mais…

Fabiano : Mais…

Prof Hitérole : Mais il se pourrait que ces emplois pro courent précaires dans les prés courts du développement numérique. L’Uberisation en est déjà un bel exemple. L’économie collaborative engendre des métiers indépendants qui à, leurs dépens, dansent sur le fil fragile d’un marché sans protection.  Cette inclination à plonger les gens dans les abysses dures  l’Uber l’eut…et l’aura encore !

Fabiano : Il ne faut donc pas trop imaginer un monde de plein emploi !

Prof Hitérole : Les 30 glorieuses sont loin derrière nous. Beaucoup pensent que la croissance ne reviendra plus quand d’autres ne la souhaitent pas : elle pollue, asphyxie nos villes, fait réchauffer la planète ! On veut mettre une croix sur l’augmentation du PIB : une croix censée stopper une croissance, est-ce tôt paix pour nos écosystèmes ?

Fabiano : Vous, vous, ré répétez ??


Prof Hitérole : Je fatigue Fabiano ! Bon, on y va à ce resto chinois ? J’ai une sacrée fringale, moi !

(*) Voir mon l'avant dernier entretien avec cette sommité (entretien avec José Bové où j'assistais comme témoin)