Le confinement nous rend paresseux. Le réveil sonne plus tard.
Je me décale comme Annie. Elle se lève vers 9 H, moi vers 9 H 30. Avant mon
café, Annie verre sert : un jus d’orange bien vitaminé pour nous mettre d’aplomb.
Puis je prends mon arabica, mais hume, Annie, thé.
- Il est ex Ceylan, me lance-t-elle comme à son habitude,
tandis que je dévore déjà les viennoiseries avec un appétit de feu ! Et je
sais ce que tu penses : plus gourmand que moi il n’y a pas pire homme, Annie !
Elle déguste par petites bouchées, calmement. Des vagues de
sérénité semblent hausser Annie vers l’ataraxie. Et je sens qu’à cette quiétude
féline Annie m’a lié.
Je parle de la Covid et laisse Annie taire (elle est
sanitaire) sa mince angoisse ! Elle m’écoute en souriant comme si les
difficultés Annie veut les niveler.
- Les perspectives d’avenir se délitent, Annie !
- Ceux des litanies renchériront tes propos, mon chéri,
répond-t-elle avec aplomb ! Il faut continuer à vivre ! Malgré la
pandémie !
- Je n’arrive pas à comprendre que tu ne puisses pas faire la
tête, Annie ! Les affres virales nous contractent tellement !
- Détends-toi mon chou ! On n’est pas à plaindre !
On a un job et nos boss nous permettent le télétravail !
C’est vrai ! On est privilégiés ! On vit au bord de
la mer et on peut travailler chez nous en regardant les remous maritimes !
Annie est traductrice pour le compte d’un éditeur qui veut
écouler sur le marché français un roman d’un britannique adepte du Brexit.
- Ce roman m’amuse, dit-elle, son héroïne s’appelle Annie !
- Ah ? Ah ! C’est motivant pour toi, donc !
- Oui, sauf que, bon là je suis sur un passage scabreux !
Annie est une secrétaire à qui son boss administre une fessée alors qu’il lui a
manifesté beaucoup d’égards au préalable ! C’est dérangeant ! Pourquoi
cet homme qui aime Annie fesse tant ?
- Dis donc, ton auteur anglais, il ne serait pas un peu
pervers sur les bords ?
- J’ai l’impression. Mais, excuse-moi mon chou : ça m’excite !
En fait, le boss est sous son charme et l’attire Annie ! Lui, est comme un
papillon attiré par sa lumière sexuelle et aime, avec ses fêlures, Annie (avec
ces faits : l’uranie). Elle joue un double jeu mais s’en lave Annie !
- Ca ne vire pas quand-même dans les pratiques SM ?
- Non, pas encore, ça n’essaime pas SM ! Mais je sens
que ça pourrait ! La fille a l’air tellement tordue ! Par exemple,
dans le chapitre 1, on l’accuse de se connecter trop souvent sur son portable
pour vérifier si son petit bichon maltais est sage à la maison. Des accusations
qu’Annie dément, tord (canidé mentor ?). Le boss la met alors à l’épreuve,
sans s’défausser (sens des fossés) pour mesurer ce qu’Annie vaut !
- C’est vraiment un sale jeu pervers entre eux !
- Oui, mais c’est assez facile à traduire ! Pas de mots
savants ! Donc, je disais : elle fut mise à l’épreuve et Annie y
laissa la santé à ne pas pouvoir s’annihiler salace, hantée ! Mais, je t’ennuie
avec mon roman, non ?
- Un peu, pas trop ! En fait, là, il faut que j’aille
dans le bureau pour terminer un rapport ! A tout à l’heure ma biche !
- Bisous mon chou !
Je me retrouve face à mon écran. Il me faut terminer des
tableaux Excel ! Je repense à Annie : quelle évolution ! Elle me
disait que, petite, elle lisait des illustrés que lui payait son père coco
invétéré. A l’époque elle était Pif, Annie mais sans les rois mages dont se
moquait bien son paternel.
Animée, Annie met de la vie dans mon existence ! Et dans
ce bal qu’Annie (danse Balkany ?) galvanise, je me sens virevolter d’amour !
Des petits pas s’invitent sur l’escalier. Annie va prendre l’air
un moment ! Elle a besoin, plus que moi, de respirer la mer ! Sans
vent, sans sel, Annie erre (sans ses lanières ?) !
Elle doit marcher, en ce moment, tandis que je m’acharne sur
des formules mathématiques et des si imbriqués). Les gens d’ici la
reconnaissent : elle ne bat pas la campagne, elle longe la cote avec une
envie carnassière ! Tous savent qu’Annie bat l’isthme !
Elle rentrera dans une heure et me dira :
- Tu penseras à t’oxygéner mon amour ?