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mercredi 17 février 2016

LE MESSAGER DE PAIX AUX AILES BRISEES



L'ancien secrétaire général de l’ONU, Boutros Boutros Ghali, vient de nous quitter, ce mardi 16 février, au Caire, à l’âge de 93 ans.

Boutros Boutros-Ghali (Boutros signifie «pierre» en arabe) est un copte élevé dans une famille bourgeoise du Caire. Une famille lettrée qui l’emmena à lire du Stendhal et à manier trois langues…

Sans oublier la langue diplomatique qu’il usa avec charme mais, hélas, sans excès de conviction durant son mandat à l’ONU. 

Jeune homme, il est envoyé à Paris pour y poursuivre des études de Droit. Il reste marqué par la figure de son grand-père qui ouvrit l’Egypte à l’occidentalisation, au code Napoléonien même si, erreur funeste, il vendit le Soudan à la reine Victoria. Mais Napoléon n’avait-il pas fait de même avec la Louisiane, en 1803, en la cédant à Thomas Jefferson ?

Il n’empêche, le grand père de Boutros se fit traiter de « traître » en son pays. Il finira assassiné, en 1910, par un certain Ibrahim Nassef Al-Wardani.

Revenu en Egypte, Boutros Boutros-Ghali se rapprochera de Sadate qui le nommera ministre des affaires étrangères. Un poste occupé dès 1977 et qui le mènera à la conclusion des accords de paix israélo-égyptiens de Camp David, en 1978.

Ce 17 septembre 1978, Sadate l’Egyptien et Menahem Begin, le faucon israélien devenu colombe, signaient un accord qui déboucha sur un traité de Paix en 1979 : l’Egypte y récupéra le Sinaï (1982) et Israël obtint la normalisation des relations diplomatiques avec l’ancien pays des pharaons.

En revanche, cet accord avortera dans sa volonté de redonner plus d’autonomie à la Cisjordanie et à la Bande de Gaza. Et les problèmes israélo-palestiniens demeureront…

Boutros en ressentit sûrement quelque amertume, comme une œuvre inachevée. Il retrouvera le même goût amer lors de son mandat onusien. L’échec de ses efforts pour trouver une solution au conflit de l’ex-Yougoslavie ou pour éviter le génocide du Rwanda l’aura fortement marqué.

En 2001, déjà bien usé par le poids de l’âge et des désillusions, il disait : «Je me sens humilié avec ce qui s’est passé au Rwanda. J’ai été l’un des premiers à parler de génocide mais je n’ai pas réussi à ébranler l’opinion publique. Les Etats sont restés insensibles à mes appels.»

Et le « Kissinger égyptien » de verser des larmes sur lui-même mais aussi sur ce Monde en proie aux guerres perpétuelles et aux éruptions terroristes…


Butros Butros Ghali, comme une vieille icône d’une institution internationale entachée d’incapacité à stopper les spasmes d’un monde désorienté…



Quelques larmes tombées sur les pages mouvantes
De ces livres fidèles à l’hiver de ta vie
Le temps d’un souvenir en dresseur de tourmente
Inondant le passé de flots d’impéritie.

Francophile, amoureux des valeurs des Lumières
Tu croyais les porter, guerre froide finie
Pour briser les fusils, hérissant les frontières
L’impuissance onusienne t’agonit de dépit !

Bosnie-Herzégovine, innommables combats
Casques bleus impuissants devant Srebrenica
L’OTAN reprend la main que tu ne manies plus

La même infirmité au cœur du Rwanda
Génocide éventrant la paix de tes soldats
Des regrets en ta tombe sous le ciel qui s’est tu...