CHERCHEZ DANS CE BLOG

samedi 4 mars 2017

L'HOMME DE PLUS EN PLUS SEUL


La situation est comico-tragique. François Fillon sorti tout droit de Solesmes pense : « ils sont sots les miens ». Il parle de ceux qui lui étaient fidèles et qui quittent le bateau depuis qu’une mise en examen lui pend au nez jusqu’aux sourcils dans l’affaire Pénélope Gate.

L’homme est de plus en plus seul dans sa campagne mais dit qu’il ira jusqu’au bout. Les défections se multiplient. Le juppéiste Apparu s’en va déjà, Solère ne veut pas lui faire de l’ombre, Lecornu ne tient pas à jouer les cocus de service, le directeur de campagne Stéfanini prend la position démissionnaire et même Nadine mord anneaux olympiques de la fuite en avant.

Mais il n’y a pas de plan B et le Sarthois campe sur ses positions. Il ne cédera pas ! Il fustige une Justice que naguère il encensait en sensé sans pour autant cesser de se saucer sans souci.

Oui, François Fillon ressemble à cette vieille dame indigne du film de René Allio, sorti en 1965.

Une vieille femme, Madame Bertini, se retrouve seule à la mort de son mari. Faisant fi des héritiers, elle vend tous ses biens et s’achète une voiture pour parcourir la France en compagnie d’une serveuse de bar et d’un cordonnier libertaire.

François pourrait se retrouver tout seul à parcourir les campagnes 24 heures dûment, de formule 1 en formule 1 avec des prix d’ami consentis par son mentor, Sarkozy, désormais administrateur indépendant d’Accor.

Oui, François joue ses dernières cartes et en appelle au peuple (quel peuple ?). Il prévoit une marche de soutien, demain, dimanche 5 mars, à Paris, au Trocadéro. Les juges sont dans le collimateur.

Faut-il en pleurer, faut-il en rire ? Certains de ses proches admirent sa pugnacité (quelque peu teintée de mercantilisme* et d’égo déployé), d’autres sont prêts à le lâcher tellement il fait pitié !


Il m’est venu fatalement à l’esprit de parodier la chanson de Jean Ferrat qui fait l’ouverture de l’œuvre d’Allio.


Etats d’âmes des fillonistes désemparés

On est marri, le froid vint tant
Pour refroidir nos feux damnés
Fillon a payé femme, enfants
Indûment ; on est ajourné !
Si on va où se lave Hessel
Faudrait jouer les indignés
Mais le Sarthois bat trop de l’aile
On voudrait bien ses plaies panser

Refrain

Faut-il pleurer, faut-il en rire ?
Fait-il envie ou bien pitié ?
On n’a pas le cœur à le dire
On ne voit que le temps passer

Le malheur de gaffer qui fume
Et qui pollue son univers
Les défections, soudain, l’embrument
Les jours s’écoulent à l’envers
A peine voit-il ses lauriers naître
Qu’il faut déjà y renoncer
Il peut s’accrocher aux fenêtres
Déjà jeux naissent à le flinguer !

Au refrain

Il a subi plus de dix manches
De casseroles attentionnées
Mais sans pleurs il se tient aux branches
Dédaignant les sales âmes en jet
Quand toute une envie se résume
A surmonter l’inquisitoire
A fustiger les juges en glumes
Épillets trop usurpatoires

Au refrain


* Fillon, en se maintenant, peut prétendre passer les 5 % au premier tour et sans crever le plafond des dépenses de campagne. Il sera alors remboursé par l'Etat de 47% de ses dépenses assurées amplement par la cagnotte des primaires (vous savez ? Les 2 € pour aller voter)

CE PETIT FILS DE POLAK QUI CONNUT SON DROIT DE RÉPONSE SUR TAPIS VERT



Ils sont trois, issus de l’immigration, qui ont marqué de leur classe le football hexagonal : Raymond Kopa, fils d’immigrés polonais, Michel Platini d’origine italienne et Zinédine Zidane au sang berbère.

Le premier vient de nous quitter à l’âge de 85 ans. Une légende s’est éteinte et pleure le monde du ballon rond.

De son vrai nom Raymond Kopaszewski, Raymond Kopa né à Nœux-les-Mines le 13 octobre 1931. Au Nord, c’est les corons et le mythique club de Lens (les sang et or). Curieusement ce n’est pas Lens qui attirera le petit prodige mais Angers, en 1949.
Deux saisons à joueur, là-bas, qui lui fera dire : avec mes talents je vins (avec métal angevin car déjà considéré comme une rock star). Mais c’est mi-figue mi-raisin qu’il quitte le vent d’Angers car il faut tourner ses pages pour un cépage bien mousseux : celui de Reims !

Et oui, le petit milieu de terrain offensif, au pied habile, se retrouve au grand stade de Reims : dur émoi !

Il y jouera de 1951 à 1956, inscrivant 54 buts et offrant des caviars à ses partenaires et jouant même la finale de la coupe d’Europe : défaite 3-4 contre le Real Madrid le 13 juin 1956. Et justement, le talent du jongleur attire l’attention des Espagnols. Le voilà recruté par le grand club des Meringues où il ne cherchera pas à faire pâtisserie, heu, tapisserie car en football, quand il reste trop sur la touche se meurt un gars !

A Madrid il explose ! Il devient le premier Français vainqueur de la Coupe d'Europe des clubs champions en remportant le trophée en 1957. En finale, le Real Madrid bat la Fiorentina (qui pleurera de flots rances) deux buts à zéro.

L’année suivante il remet ça. Le Real, mené par Kopa, gagne la coupe d’Europe en battant en finale le Milan AC (3-2) et on aimerait que cela dure mille années !

La même année, Kopa participe à la belle aventure de l’équipe de France en Coupe du Monde, en Suède. Il met les bouchées doubles et suer doit ! Les efforts sont récompensés ! La France termine à la troisième place après avoir été battue, en demi-finale par le Brésil d’un certain Pelé (2-5 dont un triplé du maestro).

De telles prouesses lui font gagner le ballon d’or 1958, le Graal ! Kopa atteint le sommet et les vœux restent intacts : toujours faire mieux.

En 1959, Kopa gagne pour la 3ème fois consécutive, sous le maillot madrilène, la coupe d’Europe. Ironie du sort, il bat le Stade de Reims, son ancien club (2-0) à en faire pleurer l’avant-centre rémois en justes fontaines.

Pour consoler Just Fontaine, Kopa le rejoint. De 1959 à 1967 le maître à jouer retrouve la champagne qui va bientôt le remercier (l’heureux Mercier) et formera avec Just un joli tandem. Le Stade de Reims termine la saison 1962-1963 vice-champion de France derrière l'AS Monaco. Mais, la saison suivante, les choses se gâtent. En froid avec un nouvel entraîneur, Georges Verriest, Kopa fulmine et lance pour le bonheur de la presse : « les footballeurs sont des esclaves ! ». Mais le Spartacus du ballon rond en prendra pour 6 mois de suspension au fil de l’arrêt niais en cet ère où le joueur rémois lambda « laid perd » naît. Bientôt, au gré des vicissitudes, le grand club tombe en seconde division.  

Malgré des offres alléchantes qui s’étalent et chantent, Kopa reste à Reims pour aider son équipe à remonter en première division. L’objectif est atteint (et ce n’est pas de la tarte !) lors de la saison 1965-1966. Mais le glorieux club n’effectue qu’un passage éphémère parmi l'élite car il est à nouveau relégué en 1966-1967.

Kopa y achève sa carrière de haut-niveau et retirera, sans rêve-errance, les crampons en 1967 à l'âge de 35 ans.

Il continuera, dans le « civil » comme entrepreneur. Il crée le groupe Kopa en commençant modestement, au fond de son jardin avec la Kopa-Cabane A. Il y vend des équipements sportifs. L’affaire prospère (youp la boum).

On le voit aussi consultant pour France Inter lors des coupes du monde 1978 et 1982, et pour RMC en ce qui concerne celle de 1986.

Il s’entretient, joue au tennis, respecte une certaine diététique prodiguée par un professeur à thé :

-      Évite les épices Kopa, lui lance-t-il régulièrement, mauvais pour l’intestin.

Malgré tout l’homme s’en est allé ; la mort va droit au but pour éviter que trop longtemps le corps n’erre…

Il nous laisse l’image d’un héros du terrain vert, génie du ballon rond à une époque où l’argent ne sévissait pas trop encore (mais quand même un peu) dans ce milieu mercantile.

Une belle image de l’intégration à une époque où d’aucuns remettent en cause notre droit d’asile.


Comme ce vilain nœud les mine !