Ils
sont trois, issus de l’immigration, qui ont marqué de leur classe le football
hexagonal : Raymond Kopa, fils d’immigrés polonais, Michel Platini d’origine
italienne et Zinédine Zidane au sang berbère.
Le
premier vient de nous quitter à l’âge de 85 ans. Une légende s’est éteinte et
pleure le monde du ballon rond.
De son
vrai nom Raymond Kopaszewski, Raymond Kopa né à Nœux-les-Mines le 13 octobre
1931. Au Nord, c’est les corons et le mythique club de Lens (les sang et or).
Curieusement ce n’est pas Lens qui attirera le petit prodige mais Angers, en
1949.
Deux
saisons à joueur, là-bas, qui lui fera dire : avec mes talents je vins
(avec métal angevin car déjà considéré comme une rock star). Mais c’est mi-figue
mi-raisin qu’il quitte le vent d’Angers car il faut tourner ses pages pour un
cépage bien mousseux : celui de Reims !
Et
oui, le petit milieu de terrain offensif, au pied habile, se retrouve au grand
stade de Reims : dur émoi !
Il y
jouera de 1951 à 1956, inscrivant 54 buts et offrant des caviars à ses
partenaires et jouant même la finale de la coupe d’Europe : défaite 3-4
contre le Real Madrid le 13 juin 1956. Et justement, le talent du jongleur
attire l’attention des Espagnols. Le voilà recruté par le grand club des
Meringues où il ne cherchera pas à faire pâtisserie, heu, tapisserie car en
football, quand il reste trop sur la touche se meurt un gars !
A
Madrid il explose ! Il devient le premier Français vainqueur de la Coupe
d'Europe des clubs champions en remportant le trophée en 1957. En finale, le Real Madrid bat la Fiorentina (qui
pleurera de flots rances) deux buts à zéro.
L’année
suivante il remet ça. Le Real, mené par Kopa, gagne la coupe d’Europe en
battant en finale le Milan AC (3-2) et on aimerait que cela dure mille années !
La
même année, Kopa participe à la belle aventure de l’équipe de France en Coupe
du Monde, en Suède. Il met les bouchées doubles et suer doit ! Les efforts
sont récompensés ! La France termine à la troisième place après avoir été
battue, en demi-finale par le Brésil d’un certain Pelé (2-5 dont un triplé du
maestro).
De
telles prouesses lui font gagner le ballon d’or 1958, le Graal ! Kopa
atteint le sommet et les vœux restent intacts : toujours faire mieux.
En
1959, Kopa gagne pour la 3ème fois consécutive, sous le maillot
madrilène, la coupe d’Europe. Ironie du sort, il bat le Stade de Reims, son
ancien club (2-0) à en faire pleurer l’avant-centre rémois en justes fontaines.
Pour
consoler Just Fontaine, Kopa le rejoint. De 1959 à 1967 le maître à jouer
retrouve la champagne qui va bientôt le remercier (l’heureux Mercier) et
formera avec Just un joli tandem. Le Stade de Reims termine la saison
1962-1963 vice-champion de France derrière l'AS Monaco. Mais, la saison
suivante, les choses se gâtent. En froid avec un nouvel entraîneur, Georges
Verriest, Kopa fulmine et lance pour le bonheur de la presse : « les
footballeurs sont des esclaves ! ». Mais le Spartacus du ballon rond
en prendra pour 6 mois de suspension au fil de l’arrêt niais en cet ère où le
joueur rémois lambda « laid perd » naît. Bientôt, au gré des vicissitudes, le grand club tombe en seconde division.
Malgré
des offres alléchantes qui s’étalent et chantent, Kopa reste à Reims pour aider son
équipe à remonter en première division. L’objectif est atteint (et ce n’est pas
de la tarte !) lors de la saison 1965-1966. Mais le glorieux club n’effectue
qu’un passage éphémère parmi l'élite car il est à nouveau relégué en 1966-1967.
Kopa y
achève sa carrière de haut-niveau et retirera, sans rêve-errance, les crampons en 1967 à
l'âge de 35 ans.
Il
continuera, dans le « civil » comme entrepreneur. Il crée le groupe
Kopa en commençant modestement, au fond de son jardin avec la Kopa-Cabane A. Il
y vend des équipements sportifs. L’affaire prospère (youp la boum).
On le
voit aussi consultant pour France Inter lors des coupes du monde 1978 et 1982,
et pour RMC en ce qui concerne celle de 1986.
Il s’entretient,
joue au tennis, respecte une certaine diététique prodiguée par un professeur à
thé :
- Évite les épices Kopa, lui lance-t-il régulièrement, mauvais
pour l’intestin.
Malgré
tout l’homme s’en est allé ; la mort va droit au but pour éviter que trop
longtemps le corps n’erre…
Il
nous laisse l’image d’un héros du terrain vert, génie du ballon rond à une
époque où l’argent ne sévissait pas trop encore (mais quand même un peu) dans
ce milieu mercantile.
Une
belle image de l’intégration à une époque où d’aucuns remettent en cause notre
droit d’asile.
Comme
ce vilain nœud les mine !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire