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jeudi 30 août 2018

APRES L'EURE C'EST PLUS L'EURE






Pourquoi le volatile voulut-il ce départ ?
Le temps des migrations s’annonçait bien plus tard.
Il avait mille raisons pour quitter ce décor
Hostile, selon ses mots, au futur de son  corps.

L’oie avait rencontré de méchants cantonniers
Qui n’aménageaient pas la route de Louviers
A défaut de subsides ils s’étaient mis chasseurs
Leurs fusils scintillaient au soleil ; elle prit peur.

Peu avant ce fait-là si félon : un revers !
Tandis qu’elle amorçait une ponte, ô, deux maires
De villages voisins voulurent se la farcir
Elle marcha sur ses œufs, paniquée ; elle dut fuir.

Quelques journées après Bernay l’avait bernée
Feignant sous de doux leurres une hospitalité
Des gamins désœuvrés lui avaient lancé pierres
Manquant de la tuer ! Rhapsodie meurtrière !

Elle avait cru un jour trouver l’aise en de lisses
Herbes folles et sauvages, pré près des Andelys
Mais un vil cul terreux fou de son pâturage
Avait brandi sa faux ; elle obvia le carnage !

Lassée de tout ce poids d’avanies et de haine
Elle s’envola d’Évreux. Une foi souveraine
Lui ouvrait l’ascension vers des jours bien meilleurs
Elle vivrait désormais l’oie de la pesante Eure.