Pourquoi le volatile voulut-il
ce départ ?
Le temps des migrations s’annonçait
bien plus tard.
Il avait mille raisons pour
quitter ce décor
Hostile, selon ses mots, au futur
de son corps.
L’oie avait rencontré de
méchants cantonniers
Qui n’aménageaient pas la
route de Louviers
A défaut de subsides ils s’étaient
mis chasseurs
Leurs fusils scintillaient au
soleil ; elle prit peur.
Peu avant ce fait-là si félon :
un revers !
Tandis qu’elle amorçait une
ponte, ô, deux maires
De villages voisins voulurent
se la farcir
Elle marcha sur ses œufs,
paniquée ; elle dut fuir.
Quelques journées après
Bernay l’avait bernée
Feignant sous de doux leurres
une hospitalité
Des gamins désœuvrés lui avaient
lancé pierres
Manquant de la tuer ! Rhapsodie
meurtrière !
Elle avait cru un jour
trouver l’aise en de lisses
Herbes folles et sauvages,
pré près des Andelys
Mais un vil cul terreux fou
de son pâturage
Avait brandi sa faux ;
elle obvia le carnage !
Lassée de tout ce poids d’avanies
et de haine
Elle s’envola d’Évreux. Une
foi souveraine
Lui ouvrait l’ascension vers
des jours bien meilleurs
Elle vivrait désormais l’oie
de la pesante Eure.
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