Georges Moustaki est décédé jeudi 23 mai au
matin à l'âge de 79 ans selon son entourage. Il était né "Giuseppe
Mustacchi", de parents grecs, à Alexandrie en Égypte le 3 mai 1934.
Alexandrie, le seul vrai point commun avec l’électrocuté de la baignoire, parce
que pour le reste…
Oui, pour le reste il y a rien à voir !
Circulez ! Moustaki est resté fidèle à lui-même : un poète, un
artiste engagé, un citoyen du monde, un éternel indigné que camouflaient sa
barbe et sa voix douce !
Combien de fois ai-je chanté « le Métèque » ?
Ai-je le chanterai encore en m’accompagnant de la guitare ou du piano. Ah, « Le
métèque » ce grand tube de 1968 qui l’a lancé sur la voie international.
Et pourtant, bien avant « la gueule de
métèque, de juif errant et de pâtre grec » il aura fabriqué quelques pépites !
Mais pour les autres ! Dix ans auparavant, en 1958, il écrivait « Milord »
pour sa compagne d’alors, une certaine Edith Piaf !
Il s'était installé à Paris en 1951 sur l’île Saint Louis. Dans la Capitale il avait
fait une rencontre décisive : celle de Georges Brassens qui l’avait
intronisé dans la grande loge poétique et noctambule de Saint-Germain-des-Prés.
Il écrira quelque 300 chansons pour les plus
grands interprètes, Piaf, Montand, Barbara (la longue dame brune), Gréco,
Reggiani (Ma Liberté, Sarah, Ma solitude), avant de les chanter lui-même
accompagnée de sa fidèle guitare.
Il se mettra aussi à la peinture et à l’écriture
de musiques de film.
Il chantait « qu’on avait toute la vie
pour nous amuser et toute la mort pour nous reposer » alors repose toi
bien mon bon Georges et bien le bonjour à Brassens, Trenet, Piaf, Ferré,
Ferrat, Brel…
Tu quittes cette Terre à un moment de troubles
internationaux : Bachar massacre en Syrie, l’ONU redoute une montée des
hostilités entre sunnites et chiites, les attentats djihadistes prospèrent, l’argent
creuse des fossés entre riches et pauvres, la pollution ronge les écosystèmes,
Guantanamo n’est toujours pas fermé…
En hommage à ton talent et à ton combat de
poète pacifique je me suis permis de revisiter une de tes œuvres (ah, ce tempo
brésilien !) en la noircissant quelque peu !! Puisses-tu me pardonner
cette sinistre parodie ! Cette chanson « Les eaux de Mars » je l’ai
rebaptisée « Les bourreaux de Mars » en référence au dieu de la
guerre !
Un jet de pierres, des rancœurs qui ruminent
Un bonheur sans racine, des gens peu solidaires.
C’est un éclat de terres, c’est la bombe en éveil
C’est la mort sans pareille, tout un ventre entrouvert !
Un accent militaire, une meute aux abois
Retour des croix de bois, c’est un missile en l’air
C’est un corps qui pourrit, la paix qui se morfond
Un espoir moribond, la blessure de vie
C’est le souffle méchant d’assassines machines
L’humanité en ruine, le vide, le néant
C’est Bachar qui jacasse, liberté qu’on renverse
Le désert qu’on agresse par les bourreaux de Mars.
C’est le pied que l’on panse d’une écorchure en sang
La colère qui s’étend, c’est la pierre qu’on lance
C’est un trou dans la terre, un chagrin qui chemine
Vers de tristes ravines, sans espoir salutaire
C’est un avion dans l’air qui de la paix dispose
Les obus qui arrosent des maisons de misère
Une écharde, un clou, c’est l’agonie qui monte
C’est un laissez pour compte par l’argent du plus fou !
Un poison, la peste, c’est comme un fil tranchant
Un secours qu’on attend, mais un revers de veste
C’est la loi des gris jours, le noir du quai
D’une gare efflanquée de chemins sans retour
C’est le cri d’un courroux, un corps de supplicié
Des images brouillées dans la boue des tabous
Un pas, un bond, dans les combats de races
Des slogans qui tabassent, c’est un sale horizon
C’est la prison des bruits, les écrous dégueulasses
C’est les bourreaux de Mars, la grand-messe des cris.
Une pierre, un bâillon, c’est la greffe des claques
Des agents qui matraquent, une entaille au talon
Un drap, puis pierre, un tombeau qui chemine
Dans les sombres racines du néant militaire
C’est l’hiver qui efface l’été de la raison
Des poètes qui font pour les bourreaux de Mars
Des victimes choisies, au cœur du mal profond
Puis les bourreaux de Mars exhibent leur raison
Un pas, une " ... pedra é o fim do caminho
E um resto de toco, é um pouco sozinho ...
"
Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire...