|
C'est pas comme au rugby, hein, mais là, quand même, on vous met à l'honneur ! |
Jean-Marc, beau Nantais (j’en marque Bonn,
hanté) vient de remplacer Fabius au Quai d’Orsay. Oui le taciturne héros,
accessoirement germanophile, se voit parachuter aux affaires étrangères après
avoir, il y a quelques ans, effectué un CDD de Premier Ministre…dans une autre
vie.
Un métier pas de tout repos pour quelqu’un
qui recherche la tranquillité sans sombrer dans la « bravitude »
comme dirait l’autre. Et pourtant, il a dû avaler des couleuvres quand il a su
que son mentor, un certain Hollande, avait décoré de la légion d’honneur son
Excellence Mohamed ben Nayef.
Qui est donc cet heureux récipiendaire au nom
si exotique comme récipient d’airs ou
mélopées arabisées ? Et bien, oui, c’est le prince héritier d’Arabie
Saoudite.
Oui, Flamby a décoré de notre plus
majestueuse breloque un représentant d’un régime qui bafoue le droit des femmes
et procède régulièrement à des exécutions capitales sur la place publique tant
ses bourreaux lissent lames ! Et devrais-je un cimeterre ?
Notre Président, en cette fin de règne
apocalyptique que n’explique pas uniquement le fiasco du projet El-Khomri
(enfin Macron), pensait à la discrétion pour ce discrétionnaire geste. Il
imaginait que cette remise en catimini ne s’ébruiterait pas et couta menu sans
couteux minés. Comme si, perspicace comme il apparaître sous sa bonhomie
légendaire, il sentait que cette remise avait un parfum de soufre, d’où l’heure…choisie
pour cet acte honteux.
Une heure dérobée, hors de son emploi du
temps. Une heure en coup de vent, aussi fugace qu’un Rafale qui raie le ciel de
La Mecque après avoir été vendu aux rois du Pétrole.
On imagine la scène
- Votre Excellence, je
vous décore de la légion d’honneur. C’est ça ou rien !
- Non moi c’est Saoudien
- Oui, bien sûr. Heu,
faisons ça vite et dans la discrétion. Si mes compatriotes le savent ils
seront, dans bien des cas, dépités !
- Mon traducteur me dit
que pour nous ils seront décapités !
- Ah, oui, heu…humour des
Princes ?
On me dira que, de tous temps, la real politique
a inspiré les démarches diplomatiques et qu’il est de bon temps de gratifier un
pays qui nous aide à combattre Daech, quand bien même il aurait, dès l’origine,
aidé financièrement le Califat à prendre
son essor.
On me dira aussi que le Prix Sakharov a été donné à la femme du blogueur saoudien Raef
Badoui, condamné à 1000 coups de fouet par le régime de ce brave Ben Nayef.
Aussi, pour ne pas trop brusquer l’orgueil du wahhabisme, une petite médaille
pouvait arrondir les angles !
On me dira enfin que les rois du Pétrole
sont à ménager avec finesse pour qu’ils demeurent de bons clients potentiels
pour les produits létaux made in France (rafales, chars AMX, frégates…). Les princes du pétrole, quand bien même
leurs recettes énergétiques baissent, sont à même de soutenir tout un pan de
notre industrie et éviter que ne grimpe encore la courbe du chômage !
Alors pourquoi avoir honte d’une démarche
qui, in fine, fera le buzz sur les réseaux sociaux ?
Les bateleurs d’internet s’en sont donnés
à cœur joie. L’image du Président normal n’en est sortie que plus écornée.
Ayrault n’en eu que plus de mal à
justifier, sur les ondes, l’acte manqué de son patron. Il passa une bien
mauvaise heure sur France Inter.
Et comment viendrait d’Ayrault bonne heure
si se dérobe honneur ?