Chokri Belaïd, figure emblématique de l’opposition
tunisienne, vient d’être assassiné, un certain 6 février 2013, au sortir de son
domicile par plusieurs balles à la tête.
Pour beaucoup de ses concitoyens la Tunisie perd un de ses valeureux fils, mais
se découvre un nouveau martyr de la démocratie. Avocat brillant il avait étudié
le droit, d’abord en Irak puis en France où il poursuivit un troisième cycle à
l’université Paris VIIl.
Déjà victime de la répression sous Bourguiba, Chokri intensifie
son engagement pour bouter Ben Ali lors de la révolution de Jasmin. Le tyran
déboulonné, on voit l’avocat devenir membre de la Haute instance pour la
réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la
transition démocratique créée en mars 2011 et présidée par Yadh Achour.
Il dirige en mars 2011 le mouvement des patriotes
démocrates, issu de la fusion avec le Parti du travail patriotique et
démocratique. Les islamistes le craignent eu égard à sa détermination et à ses
convictions.
Chokri dénonce la violence et croit à l’instauration
durable d’une démocratie en Tunisie.
À la veille de son assassinat,
Belaïd lance un appel pour une conférence contre la violence. Il ne sait pas qu’il
en sera la première victime. Sa veuve, Besma, témoignage de cette menace permanente qui rodait autour de son mari.
Cet assassinat de Chokri Belaïd est un acte criminel qui
enfonce la Tunisie dans une spirale de violence et semble voler la révolution à
ceux qui y croyaient. Le peuple se révolte contre Ennahda, le parti au pouvoir,
l’accusant au pire d’être le commanditaire de l’assassinat et au mieux de n’avoir
pas sur le protéger !
Le peuple réclame de nouvelles élections mais Ennahda a
été élu démocratiquement !
En réalité la Tunisie est en proie à ces différents séismes
sociaux qui font le lit d’une révolution. La marche vers la démocratie est d’autant
plus difficile que le pays s’enfonce dans le marasme économique et que le
pouvoir en place a du mal à se débarrasser de son formatage salafiste pour
ouvrir une fenêtre vers la laïcité !
Long
chemin hérissé de ses péripéties
Elle
claudique au soleil votre démocratieDans la chaleur funèbre d’un soleil tunisien
Aux rayons démembrés sous la hargne des chiens.
La dépouille sacrée de Chokri, votre père
Comme des enfants perdus dans une ire pérenne
Vous marchez d’un pas lourd dans son bourbier de haine
Sous les salves létales d’un fantôme assassin ?
Nul n’a revendiqué l’agonie du jasmin
La vierge effarouchée chante au cœur d’Ennahda.
Elle suffoque au soleil votre démocratie
Dans le vide imposant d’un futur sans dessein
Dans le chômage lent qui serpente en vos reins.
Coule en digne ruisseau le chagrin d’être là
Dans ce pays promis à de douces clartés
Et qui perd ses combats contre l’obscurité.
Une sourde colère sous les stores tamisée
Une trêve ténue entre deux irruptions
De colères viscérales nappées d’indignation.
On lui prête mensonge et moult impérities
Ses arcanes ont volé cette révolution
Qui sublimait vos âmes au-delà des passions.
Pour s’en laver les mains ne tait pas l’opinion
Vous brandissez les poings devant les barbelés
Vous n’imaginiez point de sitôt les lever !
Qui à vos yeux rejoue l’ancienne tyrannie
Népotisme béant, cécité salafiste
Habiles corruptions, répression rigoriste.
De broussailles obscures fermées aux compromis
Des scories de Coran par les vents emportés
Brouillent encore les épures d’une laïcité.
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