Valéry Giscard d'Estaing s'en est allé rejoindre le sphynx Mitterrand et ce diable de Jacquot, le Corrézien, son ennemi patenté. Petite biographie de ce personnage, haut en couleur, qui dirigea la France de 1974 à 1981, en la regardant dans le blanc des yeux, en allant manger chez elle, à la bonne franquette, avec ou sans accordéon...
Le petit Valéry ne naît pas en Caux (vu qu’il n’a
rien de Saint) mais à Coblence c’est-à-dire en Rhénanie car son père y est
Haut-Commissaire. Dans cette zone occupée par les troupes françaises, le petit
garçon ne vivra pas principe allemand. En effet, quelques mois après sa
naissance, datée au 2 février 1926, son père est rappelé en France par
l’Inspection des Finances. La famille s’installe dans le 8°
arrondissement ! Valéry poursuit ses études durant l’occupation, histoire
de s’occuper et d’obtenir son double baccalauréat en philosophie et
mathématiques élémentaires en 1942, à l'âge de 16 ans.
La libération de la France le sublime et il
s’engage dans l’armée de De Lattre de Tassigny (lui aussi, il a de la
particule). Il se retrouve dans les chars dont les chardons auront raison des
dernières résistances nazies.
Après la guerre, il brille en polytechnique puis
intègre l’ENA dont il sort les épingles du jeu et 6ème de sa promotion (la
promotion Europe, nom prédestiné).
En 1959, il est élu conseiller général du
Puy-de-Dôme et sera réélu, sans discontinuer, jusqu’en 1974 ! Cette charge
n’est pas un fardeau tant il la vêt d’énergie : - Quel éclair mon faix
rend, dira-t-il souvent.
Tombé dans un puits de dogmes monétaristes, il
s’occupe des Finances sous les gouvernements de Pompidou, Debré, Chaban-Delmas
et Messmer. Valéry aux finances fait augmenter les taxes et étend la TVA sur le
commerce de détail quitte à porter le chapeau en rendant les français obérés.
Le premier choc pétrolier, en 1971, lui donne du
fil à retordre car l’inflation se profile ! Il doit dévaluer le franc
tandis que le mark s’apprécie. VGE fait sortir le franc du serpent monétaire
européen, et mesure, en coûts, l’œuvre, en janvier 74. Notre monnaie nationale
fluctue, donc, au gré de l’offre et de la demande et cette absence de changes
fixes contribue à doper une inflation vipérine !
Georges Pompidou se meurt et VGE pense à la
présidentielle ! Il se lance avec comme slogan « Giscard à la
barre » et donc, en visionnaire prépare « Giscard au Barre » car
bientôt il pêchera le gros poisson économiste. Mais j’anticipe…
Le 19 mai 1974, VGE l’emporte sur Mitterrand et rentre à l’Elysée. Il se brouille très vite avec un corrézien zélé dont il avait fait un premier ministre. Chirac, qui conserve encore aise hyène, claque la porte de Matignon, tel un loup, pour créer son propre parti : le RPR.
VGE nomme alors Raymond Barre, le meilleur économiste
de France (dit-on) pour redresser une nation qui cumule désormais inflation à
deux chiffres et chômage. Barre mène alors la barre, et Barre barre.
Les mesures d’austérité d’une liste héritée
(liste noire de potions amères) ne sont d’aucuns secours devant le second choc
pétrolier en 1979 ! Le chômage continue de grimper, le français en
supporte le coût et l’épaule en ploie. La France est plongée en pleine stagflation (forte inflation et croissance ralentie qui génère le chômage).
Une telle déroute économique fait déjà oublier
les acquis sociaux de ce septennat : la majorité à 18 ans, la loi sur
l’IVG (défendue par Simone Veil), le divorce par consentement mutuel.
Le septennat est aussi marqué par des faits médiatisés
qui le fragilisent. Ses fréquentations avec la France à fric lui fait recevoir
des diamants de l’Empereur Bokassa de Centrafrique. Cette affaire qui remonte à
1973, alors qu’il n’était que ministre, lui revient en plein figure ! VGE
doit se carats-pâté, si j’ose dire, dans des explications du style « ce cadeau
reçu a permet de financer des œuvres de bienfaisance".
La presse ne le lâche pas non plus sur ses différentes
sorties nocturnes. On lui prête des tas de maîtresses. Un soir, sa voiture heurte
le camion d’un laitier ce qui fera le beurre de la presse à sensation. Les
rumeurs enflent vachement ! Ca va de mal en pis ! VGE n’était pas seul à bord, Marlène Jobert (oui, c’est
mieux que Michel) aurait été à ses côtés. L’actrice a toujours démenti.
Enfin, l’affaire Boulin. Le corps du ministre du
travail est retrouvé en octobre 1979 dans l’étang Rompu de la forêt de
Rambouillet. Crime ou suicide ? Toujours est-il que cette mort affectera VGE
qui envisageait d’envoyer Boulin à Matignon.
VGE se représente en 1981 mais se fait piquer par
la rose mitterrandienne. Il ne fera pas un second mandat, terrassé par la force
tranquille qui l’assène de maux rois !
Heureusement , il reste l’Europe pour laquelle il
s’est beaucoup battu consolidant la réunification franco-allemande, en serrant
plusieurs fois la main d’Helmut Schmitt, le chancelier de la RFA.
Il est élu plusieurs fois député et siège au Parlement européen de 1993 à 1996. En effet, Giscard d'Estaing a toujours œuvré pour une promotion de l'Union européenne à la fois politique et monétaire. Avec son ami allemand dont il aime à dire « Il plane parfois, mais sert Schmitt ! » il met en marche le Système monétaire européen et s'émeut de voir SME grandir. Il fait naître le Comité pour l'union monétaire de l'Europe en 1986.
L’écu voit le jour ;
il est le 1° avatar de l’euro, lequel le remplacera comme moteur monétaire dès qu'on sentira que l'écu lasse.
En 2003, il rentre sous la coupole et s’assoit
sur le fauteuil 16 ! Après sa défaite au régionale de 2004, qu’il ne juge
pas trop académique en ses riches lieux, il se console en entrant au Conseil
Constitutionnel.
En 2005, il milite pour le « oui » à la
constitution européenne mais essuie un revers cuisant avec le morceau de
chiffon qui lui sert, habituellement, a briquer les touches de son accordéon
chromatique ! Le traité de Lisbonne, qui s’inspire d’un projet de
constitution européenne pondu par lui-même, est rejeté par les Français, dans
le cadre d’un référendum. Pour se détendre, il retourne en Auvergne, pour une randonnée. Le mieux, dans ces cas-là, serait faire un dôme !
VGE se consolera en voyant les parlementaires
français adopter le texte, à peine remanié ! C’est donc qu’ils jugeaient
son analyse bonne (son âne à Lisbonne ?)
Les années passent et VGE poursuit ses activités
constitutionnelles dans le château d’Estaing, dans le Lot. Il passe de temps en
temps visiter Vulcania, le centre français de culture scientifique autour du
volcanisme, dont il est le père fondateur (ouverture en 2002).
Il écrit, aussi, notamment « la Princesse et
le Président », en 2009. On peut y voir le coup de foudre que VGE avait
pour la princesse Diana, écrit dans une prose indigne d’un ancien Président,
comme le diront moult critiques.
Une fois encore, ses frasques sexuelles le rattrapent.
En mai 2020, une plainte est déposée par une journaliste allemande pour
attouchements au niveau des fesses qui auraient eu lieu en 2018.
L’ancien président juge « grotesque » cette
accusation pour « un geste dont personne n'a gardé le souvenir ».
Il essaiera d’en faire une chanson, pour en rire, mais l’accordéon rend alors
son dernier souffle. Il est hors nerfs !
Et, à son image, notre brave Giscard rendra le sien, le 2 décembre
2020, à Authon !
Triste nouvelle que l’automne oit !