Jean Vermeer entend sonner les cloches de l’Eglise de Delft. Le printemps renaît d’un vive lumière dans ce petit coin de Hollande que berce une bucolique atmosphère.
Les cloches sonnent midi et les ouvriers de la faïencerie ont cessé l’ouvrage. Ils reprendront dans un heure selon les modalités d’une convention collective signée avec le MENEF (Mouvement des Entrepreneurs Néerlandais Exportateurs de Faïence). Une convention qui instaure les 60 heures par semaine ; une belle avancée sociale pour l’époque. Car nous sommes vers le début de la fin (ou plutôt vers la fin du début) du XVIIème siècle.
Jean Vermeer n’a pas le temps de manger. Il profite d’une très belle éclaircie pour capter la lumière et la retransmettre sur sa toile. En d’autres circonstances sa petite cuisine serait sombre et peu avenante à la muse picturale. Mais, par ce beau jour de printemps, le soleil généreux dispense mille rayons qui font s’éclater les tulipes et rougir les minois des jolies bataves.
Cela fait trois heures qu’il s’attelle sans tollé à sa toile sous les « chwet » des sittelles situées sur les branches d’un arbre qui jouxte sa petite demeure.
Il s’attelle à cette toile qui doit mettre en lumière une femme qu’il aime pour sa spiritualité. Cette femme est Tanneke, servante de profession, attachée à son service comme l’est la petite Griet, cette jolie dulcinée qui porte constamment une jolie perle à son oreille gauche. Jean a d’abord aimé Griet. Il l’a peinte en priorité. Jean peint les femmes qu’il aime. A Griet il avait dit :
- Tu seras ma Joconde, ma Mona Lisa hollandaise !
Effectivement il avait plutôt bien réussi le portrait de cette jeune fille à la perle. Mais elle lui en avait voulu d’avoir raté son nez :
- On dirait que j’ai fait de la chirurgie esthétique, lui avait-elle reproché ! Ce n’est pas mon nez, cela ! Tu avais bu une bonne bière ou quoi quand tu m’as peinte ?
Ils s’étaient quittés, fâchés. Avec Tanneke et son sens de l’humour, les choses iraient plus sereinement ! Son seul souci était la morphologie imposante de son sujet. Tanneke était, comme on dit, une femme gironde bien que ne connaissant pas Bordeaux. De plus, elle souhaitait un plan américain, bien qu’elle ne connût pas les Nouvelles-Colonies !
Pour ces deux raisons il fallait que le peintre prît une toile imposante et qu’il commandât à son fournisseur des kilos supplémentaires de peinture !
Mais peindre Tanneke fut un vrai plaisir !
Elle lui proposa une pose intelligente : elle verserait du lait dans un bol. S’il le fallait elle répèterait à l’envi ce geste simple et noble, pour qu’il puisse prendre le temps d’établir, au bout de son pinceau, l’équivalence du retranscrit et du factuel.
Elle réitéra des dizaines de fois ce geste et le lait se mit à tourner puis à composer comme une sorte de beurre :
- C’est amusant, dit-elle au maître, j’ai l’impression d’avoir usé d’une baratte !
- Cesse de baratiner, lui lança espiègle Vermeer, et continue de pencher la tête vers l’objet de ton désir : ce lait !
- L’objet de mes désirs, ce lait l’est, lui répliqua-t-elle, facétieuse. Sauf qu’il tourne au beurre. De plus, je fatigue. Si nous montions.. ?
- Où, demanda Vermeer, d’un air faussement ingénu ?
- A l’étage !
- Ah, ah, ah ! J’aime ton humour Tanneke !
- Oui, c’est ce que m’ont dit les tiers : tes clients !
- Ah, ah, excellent ! Mais cesse de bouger sinon ma peinture sera du yaourt !
- Mais elle se vendra, qui sait ? Tu feras ton beurre !
- Trop hilarant ! Ho, ne bouge pas, attends, je capte cette superbe luminosité. Reverse un peu de lait, veux-tu ?
- Il faut que j’en reprenne dans le pot à lait. Juste une minute…Voilà !
- Parfait ! Dis donc, Tanneke, je ne savais pas que tu avais un teint hâlé !
- Ah, ah, drôle mon maître ! Bon, vous en avez pour longtemps encore ?
- Je fignole les contrastes, Tanneke, c’est ma marque de fabrique ! Ne sois pas soupe au lait ! Reste agréable ! Ne te mets pas à râler !
- Mettre à ras lait ? Non ! Oh que non ! J’évite les débordements !!
- Voilà, c’est fini, en de brefs délais !
- Je peux voir, Maître ?
- Bien sûr, Tanneke, alors, qu’en penses-tu ?
- Je, je fais grosse… Tu m’as exagérée, non ?? Non ?
- Ben…heu, non !
- Goujat !!
Les cloches sonnent midi et les ouvriers de la faïencerie ont cessé l’ouvrage. Ils reprendront dans un heure selon les modalités d’une convention collective signée avec le MENEF (Mouvement des Entrepreneurs Néerlandais Exportateurs de Faïence). Une convention qui instaure les 60 heures par semaine ; une belle avancée sociale pour l’époque. Car nous sommes vers le début de la fin (ou plutôt vers la fin du début) du XVIIème siècle.
Jean Vermeer n’a pas le temps de manger. Il profite d’une très belle éclaircie pour capter la lumière et la retransmettre sur sa toile. En d’autres circonstances sa petite cuisine serait sombre et peu avenante à la muse picturale. Mais, par ce beau jour de printemps, le soleil généreux dispense mille rayons qui font s’éclater les tulipes et rougir les minois des jolies bataves.
Cela fait trois heures qu’il s’attelle sans tollé à sa toile sous les « chwet » des sittelles situées sur les branches d’un arbre qui jouxte sa petite demeure.
Il s’attelle à cette toile qui doit mettre en lumière une femme qu’il aime pour sa spiritualité. Cette femme est Tanneke, servante de profession, attachée à son service comme l’est la petite Griet, cette jolie dulcinée qui porte constamment une jolie perle à son oreille gauche. Jean a d’abord aimé Griet. Il l’a peinte en priorité. Jean peint les femmes qu’il aime. A Griet il avait dit :
- Tu seras ma Joconde, ma Mona Lisa hollandaise !
Effectivement il avait plutôt bien réussi le portrait de cette jeune fille à la perle. Mais elle lui en avait voulu d’avoir raté son nez :
- On dirait que j’ai fait de la chirurgie esthétique, lui avait-elle reproché ! Ce n’est pas mon nez, cela ! Tu avais bu une bonne bière ou quoi quand tu m’as peinte ?
Ils s’étaient quittés, fâchés. Avec Tanneke et son sens de l’humour, les choses iraient plus sereinement ! Son seul souci était la morphologie imposante de son sujet. Tanneke était, comme on dit, une femme gironde bien que ne connaissant pas Bordeaux. De plus, elle souhaitait un plan américain, bien qu’elle ne connût pas les Nouvelles-Colonies !
Pour ces deux raisons il fallait que le peintre prît une toile imposante et qu’il commandât à son fournisseur des kilos supplémentaires de peinture !
Mais peindre Tanneke fut un vrai plaisir !
Elle lui proposa une pose intelligente : elle verserait du lait dans un bol. S’il le fallait elle répèterait à l’envi ce geste simple et noble, pour qu’il puisse prendre le temps d’établir, au bout de son pinceau, l’équivalence du retranscrit et du factuel.
Elle réitéra des dizaines de fois ce geste et le lait se mit à tourner puis à composer comme une sorte de beurre :
- C’est amusant, dit-elle au maître, j’ai l’impression d’avoir usé d’une baratte !
- Cesse de baratiner, lui lança espiègle Vermeer, et continue de pencher la tête vers l’objet de ton désir : ce lait !
- L’objet de mes désirs, ce lait l’est, lui répliqua-t-elle, facétieuse. Sauf qu’il tourne au beurre. De plus, je fatigue. Si nous montions.. ?
- Où, demanda Vermeer, d’un air faussement ingénu ?
- A l’étage !
- Ah, ah, ah ! J’aime ton humour Tanneke !
- Oui, c’est ce que m’ont dit les tiers : tes clients !
- Ah, ah, excellent ! Mais cesse de bouger sinon ma peinture sera du yaourt !
- Mais elle se vendra, qui sait ? Tu feras ton beurre !
- Trop hilarant ! Ho, ne bouge pas, attends, je capte cette superbe luminosité. Reverse un peu de lait, veux-tu ?
- Il faut que j’en reprenne dans le pot à lait. Juste une minute…Voilà !
- Parfait ! Dis donc, Tanneke, je ne savais pas que tu avais un teint hâlé !
- Ah, ah, drôle mon maître ! Bon, vous en avez pour longtemps encore ?
- Je fignole les contrastes, Tanneke, c’est ma marque de fabrique ! Ne sois pas soupe au lait ! Reste agréable ! Ne te mets pas à râler !
- Mettre à ras lait ? Non ! Oh que non ! J’évite les débordements !!
- Voilà, c’est fini, en de brefs délais !
- Je peux voir, Maître ?
- Bien sûr, Tanneke, alors, qu’en penses-tu ?
- Je, je fais grosse… Tu m’as exagérée, non ?? Non ?
- Ben…heu, non !
- Goujat !!
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