Quelques minutes avant que son avion ne pose ses roues sur le Tarmac d’Ankara, Barack Obama contempla à travers le hublot le bleu turquoise du ciel, que ne rayait nul nuage. Dans les haut-parleurs la sono diffusait la marche turque de Mozart, interprétée par Ivo Goporelich pour le compte de la Deutsch Grammophon.
Obama prit tendrement la main de Michelle qui somnolait à ses côtés.
Une bien belle journée s’annonçait.
Obama était heureux d’avoir quitté l’Europe. Tous ces sommets plus ou moins bien franchis avec des premiers de cordée pas toujours fiables, qui ont comme nom Brown, Merkel ou encore Sarkozy…
Tous ces sommets sous haute surveillance et où les discours s’enchaînent, tandis que, dehors, les pacifistes s’enchaînent en signe de mépris à l’égard du G20 impérialiste et de l’OTAN belliciste...Tous ces sommets il les avait redoutés. Puis finalement il s’en était bien sorti, sans hors piste…
Le pays ottoman l’attendait bras ouverts. Il souffla sereinement sur les franges noires de sa femme qui se réveilla.
- On arrive Michelle, c’est la Turquie !!
Dans les yeux de Michelle brillèrent mille petites étoiles parmi lesquelles on pouvait deviner celles échappées du drapeau américain et une, plus grosse, évadée du drapeau turc, loin plus loin que le croissant de lune qu’elle côtoie, par habitude...
A Ankara, Obama commença sa journée sur une musique symbolique, en visitant le mausolée de Mustafa Kemal Atatürk. Atatürk c’est un peu le père spirituel de l’Etat turc moderne. C’est lui qui l’a laïcisé juste après la première guerre mondiale. Sans Kemal qui sait si la Turquie n’en serait pas encore à l’état de République islamique !
Puis Barrack fit un discours devant le parlement et déclara : "Les Etats-Unis ne sont pas en guerre avec l'islam."
Et tout cela pouvait signifier mille choses : la destruction de Guantanamo, la main tendue vers le grand peuple Turc et le souhait de le voir adhérer à l’Union Européenne, la reconstruction de l’Irak défiguré par la Bushrie, le développement de l’Afghanistan et sa détalibanisation, le retour au processus de paix entre Israël et les Palestiniens.
Au dessus des cheveux crépus du grand métis volèrent, comme des spectres lumineux, des colombes de la paix qui arboraient dans leur bec des rameaux d’olivier.
La fin de la journée se passa agréablement avec dégustation de loukoum, prestation scénique américanisée de derviches tourneurs sur fond de disco remixé à la sauce Mikaël Jackson.
A un moment, le grand président américain susurra à l’oreille de son hôte, Abdullah Gül, le Président truc, heu, turc :
- C’est pas mal comme musique, c’est plus rythmé que du Charles Aznavour ! Vous savez cet arm.., cet harmonieux personnage qui a fait beaucoup pour la chanson française ?
- Oui, j’en ai vaguement entendu parler, lança laconiquement monsieur Gül.
Obama se mordit les lèvres. Il avait failli gaffer ! Surtout ne pas évoquer le mot « Arménie ». Une vieille histoire turque à ne pas ressasser ici ! Surtout ne pas gâcher une si belle journée !
Après s’être relaxé dans un hammam tout en sirotant un gin (pas un ginn, qui est un esprit qui habite dans l’eau des sources…et des hammam), Barrack termina la journée par un bon restaurant où il engloutit 4 kebab à la crème d’aubergines ! Je vous dis pas l’appétit !!
Le lendemain il se rendit à Istanbul. Une ville qui bosse fort et qui croit à l’adhésion à l’Europe.
Devant les étudiants stambouliotes (habitant Istanbul) il conforta leur dessein :
- Vous avez raison de croire en l’Europe ! Vous êtes quasiment des européens ! Grâce à Attatürk vous êtes devenus pratiquement des occidentaux laïcs ! Bon, d’accord, le petit Nicolas il ne vous sent pas en Europe. Et ce vieux croulant de VGE non plus ! Mais, croyez-moi ! Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Ils vireront leur cuti, vous verrez ! Cependant, je vous mets en garde. Ils faut absolument que vous reconnaissiez que, par votre faute, les Arm…les armées de l’OTAN n’ont pas toujours reçu les troupes nécessaires. Vous devez davantage vous investir dans le traité de l’Atlantique Nord !
Barrack sentit l’adrénaline lui grimper le dos. Il avait failli gaffer. Une fois de plus…
Mais personne ne le remarqua. Un des étudiants de l’ancien Califat le qualifia même de grand apôtre de la paix. Un sourire en banane s’esquissa sur les lèvres de Barrack.
Regonflé à bloc, le grand basketteur de la Maison Blanche se rendit à la Mosquée bleue. Comme le veut la tradition il ôta ses chaussures taille 48, et déambula pieds nus dans le sanctuaire musulman. Puis il visita la basilique Sainte-Sophie (ancienne mosquée). Pris par un appel de la nature il dut se précipiter dans des toilettes…turques ! Il remarqua, ainsi, qu’en terme de lieu d’intimité ce n’était pas Byzance ! Les kebab ne devaient pas être de qualité supérieure ! Les salmonelles sont légions dans nombre de boucheries turques se dit-il en substance, à moins que les aubergines n’aient été lavées dans l’eau du Bosphore !!
Il alla se coucher avec des spasmes intestinaux. Il fallait pourtant être en forme pour le lendemain. L’Irak attendait le Président américain. Une visite surprise, comme ça, sans que personne ne le sache ! Un bonjour aux troupes de l’Oncle Sam qui en ont marre de bivouaquer à Bagdad sans prendre le café.Ah les voyages ! Ca forme la genèse d’un grand homme d’Etat.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire