Ils naissent, poussins noirs, sur le sol africain
Et pris dès l’éclosion sous des ailes altières
Ils jouent en plein soleil, les pieds nus, les pieds fins
Ces pieds qu’on leur modèle pour maîtriser la sphère.
On leur promet la lune, le Paradis sur Terre
Pour peu que leurs talents se promettent mythiques
Ils signeront contrat pour entrer dans la guerre
Des maillots de grands clubs aux sponsors éclectiques.
L’Europe ouvre les bras à ses donneurs de rêves
Ces génies du ballon qui transforment le jeu
En ballets aériens mus d’étincelles brèves
Féerie de jonglage qui fascinent les yeux.
Mais que viles blessures aient prématurément
Signé la fin du culte à la gloire montante.
On voit l’astre tomber dans la nuit du néant
Orphelin de la gloire à la démarche errante.
Pour celui qui demeure dans les bras du Zénith
Les honneurs n’ont qu’un temps quand sa peau le rattrape
Elles sifflent des tribunes ces insultes en orbite
Expulsée de la gueule de racistes sous cape.
Celui dont le combat est de garder prestige
Pour ne pas dévisser à la bourse du foot
Devra changer son âge, illicite prodige
Pour garder les crampons sans éveiller les doutes.
Ainsi revit l’Afrique ses heures coloniales
Sous le prisme sournois d’un sport médiatisé
Elle envoie ses talents aux techniques géniales
Taquiner le ballon sur des gazons dorés.
Et ce n’est que justice que tous les deux ans soient
Rappelés aux pays les mercenaires d’ébène
Des équipes d’Europe ne les retiennent point
Quand d’autres réticentes avouent que ça les gène !
Car la Coupe d’Afrique des Nations devient mère
Nourricière pour ces pieds coupés de leur racine.
Elle permet le retour aux pays noble et fier
Et le port d’un maillot aux couleurs d’origine.
Par comble d’infortune la coupe, cette année
Sera bue par gorgées nauséeuses et dégoût.
L’équipe du Togo par le FLEC (*)
A été mitraillée ! Mais que ce monde est fou !
La Coupe, cette année, vivra en Angola
Sous haute surveillance et sans ses éperviers (**)
Le Togo mutilé ne s’impliquera pas
Dans la compétition : on ne peut qu’acquiescer.
Dommage pour l’Afrique, continent sinistré
Aux ressources nombreuses, pillées par l’Occident
La Chine et la Russie, et qui doit désormais
Gérer l'inter-éthnique et ses mots combattants…
(*) Front de libération de l’enclave de Cabinda. Cette enclave a été annexée par l'Angola, en 1975, pour des raisons économiques. On y trouve du pétrole !
Cette situation pousse le Front de libération de l’enclave de Cabinda à installer un gouvernement en exil, dirigé par Nzita tiago leader historique. Un bureau politique du FLEC en exil revendique l’indépendance du Cabinda. La lutte armée entre le gouvernement de Luanda et le FLEC provoque une situation politiquement tendue et répressive.
En 2004, différentes factions du FLEC signent aux Pays-Bas un accord de réconciliation. Le 1er mai 2008, elles décident d’abandonner la lutte armée et le mouvement est rebaptisée renomment le Front de libération de l’Etat de Cabinda (FLEC).
Sur le terrain néanmoins, une guérilla est encore active contre les forces armées angolaises.
Malgré cette situation, le Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (COCAN) 2010 choisit le Cabinda pour le pacifier. Ainsi le groupe B composé du Togo, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Burkina Faso y est logée.
En dépit de cette décision, le FLEC soutient que le Cabinda est ‘’en guerre’’.
(**) Nom donné aux joueurs togolais.
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