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samedi 26 février 2011

PORTE DE VERSAILLES SE PORTE VERS SAILLIES


Impossible de se garer ! Les flics agencent la circulation en dépit de la présence majestueuse des feux tricolores. Il est impossible de tourner à gauche dans le bon sens de la marche, celle de ce flot de voitures qui, sans nul doute, se dirige vers un parking attenant au salon. Ce salon qui nous tend les bras mais demeure inaccessible pour une raison asymptotique qui échappe à notre rationalité.

Plusieurs tours des pâtés de maison en salivant déjà sur ceux que nous dégusterons une fois dans l’enceinte pour se résigner, finalement, à s’accorder sur le fait suivant : trop de monde, pas de place de stationnement, pas de parking public à l’horizon !

Aussi nous opérons un repli stratégique et le hasard d’une route abandonnée de toute boussole GPSique nous emmène à fréquenter de jolis quartiers du XVIème arrondissement où nous pouvons enfin garer la petite C1. Le parcmètre nécessitant une carte Monéo, dont nous ne sommes pas propriétaire, nous concevons unanimement qu’il faut puiser là une raison péremptoire pour ne pas payer la place !

Après moult péripéties, sur lesquelles je ne daignerai pas m’étaler, nous atteignons à la pointe d’une rame de tramway l’espace d’exhibition rurale dont se repaissent nombre figures politiciennes.

Dès le passage du seuil c’est l’odeur qui vous monte à la gorge : un subtil mélange de fragrance bovine qu’altère délicieusement le fumet d’une paille en décomposition sous l’influence acide des évacuations diurétiques des animaux de la ferme.

D’abord l’odeur puis très vite le bruit ! Les décibels rivalisent d’agressivité sonore par le truchement de multiples haut-parleurs qui éructent les spécificités de chaque stand. Ici on vente l’opiniâtreté de l’usage des trailleuses électriques ultra-modernes ; là on vous bassine sur l’excellence de la reproduction des limousines dans un contexte de désertification calculée.

Les grosses vaches, aux poils soyeux bien entretenus, ne voient plus passer que des trains de visiteurs qui déambulent à vitesse réduite. Les gros essaims humains font leur miel de la pérégrination poussive qui fait butiner de stands en enclos. D’abord emmitouflé dans ses habits d’hiver le voyeur des existences cachées du monde bucolique se voit progressivement délesté de ses oripeaux en raison de la chaleur doublement animale qui prend ses quartiers.
Soudain l’évènement récurrent se produit : l’arrivée d’un personnage politique. Le fait s’avère patent : présence d’un gros micro au bout d’une perche, escouade de journalistes et de spécialistes du cliché, service d’ordre.

Je m’approche ! Oui, c’est bien elle ! Mme Kosciusko Moriset en personne. J’ai tout juste le temps de lui tailler un portrait de profil. Et quel profil ! Le type aquilin personnalisé ! Cette femme-là pourrait aller loin si les petits cochons ne la mangent pas !

Ces petits porcins ne sont pas très loin d’ailleurs. Comme les autres hôtes du salon ils se reposent sur la paille, agressés en permanence par les distorsions sonores, les piaillements des enfants et les caquètements des citadins déracinés.

Peu leur chaut la présence de la Ministre à l’Ecologie ! La dame ne fait que passer, suivie de son aréopage institutionnel et je me contenterai d’une seule photo en guise de souvenir !

La faim nous tiraille car le petit déjeuner remonte à plus de cinq heures. Aussi sommes-nous heureux de nous retrouver au second étage du salon pour quelques dégustations gratuites.
Notre palet se régale d’abord de l’acidité jouissive des pommes Ariane. Ces petits joyaux rouges ont le don de vous rafraîchir l’haleine et les compliments n’arrêtent pas de fuser :

- Elles sont succulentes, géniales, admirables !
J’en reprendrai plusieurs quartiers mais comme l’estomac ne se colmate pas je trouve un complément nutritionnel en la présence de petites verrines (en plastique) qu’un marchand de légumes propose plus loin !

En ce salon on peut manger à l’œil à condition de disposer de son temps ! Or nous avons perdu de précieuses minutes en cherchant un emplacement pour notre véhicule. Il faut déjà envisager le retour et, après engloutissement de quelques petites tomates bio, nos pas nous guident vers la sortie…

Le temps de clamer un dernier salut aux taureaux amorphes et aux vaches placides et nous voilà au dehors du temple de la vie agricole, ce sanctuaire annuel de l’existentialisme rural qui se veut le point de passage obligatoire des politiciens en campagne.

Nous voilà au dehors avec une pensée profonde pour les amis à quatre pattes qui se languissent de retrouver leur verte prairie, leur alpage, leur terroir !

Ils en ont encore pour quelques jours à ruminer…

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