Comme c'est le 10 mai, je
vais (ainsi que je le fis l’an passé) zapper sur la nostalgie des tonton-
maniaques plus ou moins Hollandais pour
me consacrer à l’hommage annuel à Bernard Dimey !
Ah ! Bernard Dimey,
parolier inépuisable, marathonien de l’alexandrin, comme tu nous manques.
Quand on n’a rien à dire et du mal à se taire,
On peut toujours aller gueuler dans un bistrot,
Parler de son voisin qui n’a pas fait la guerre,
Parler de Boumediene et de Fidel Castro,
Parler parler parler... pour que l’air se déplace,
Pour montrer qu’on sait vivre et qu’on a des façons,
Parler de son ulcère ou bien des saints de glace,
Pour fair’ croire aux copains qu’on n’est pas le
plus con.
Quand on n’a rien à dire on parle de sa femme
Qui ne vaut pas tripette et qui n’a plus vingt ans,
Qui sait pas cuisiner, qui n’aime que le drame,
Qui découche à tout va, qu’a sûrement des amants.
On parle du Bon Dieu, on parle de la France
Ou du Vittel-cassis qui vaut pas çui d’avant,
On pense rien du tout on dit pas tout c’ qu’on
pense.
Quand on n’a rien à dire on peut parler longtemps.
Quand on n’a rien à dire on parle du Mexique
De l’Amérique du Nord où tous les gens sont fous,
Du Pape et du tiercé, des anti-alcooliques,
Du cancer des fumeurs et des machines à sous,
Des soldats des curés, d’la musiqu’ militaire,
De la soupe à l’oignon, de l’îl’ de la Cité.
Quand on n’a rien à dire et du mal à se taire
On arrive au sommet de l’imbécilité.
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