Nathalie Kosciusko-Morizet (je ne sais pas si je le prononce bien) prend souvent le métro pour se plonger dans le monde de l'underground parisien qui constitue le prochain vivier électoral. Et oui, la jeune femme souhaite remplacer Delanoë à la tête de l'hôtel de ville parisien ! Alors pour gagner les municipales avec un profil de bourgeoise il faut aller au charbon. NKM a consigné toutes ses impressions dans un petit carnet Clairefontaine. Aujourd'hui nous découvrons ses tribulations tout le long de la ligne 1
(Précision : NKM s'exprime à la troisième personne du singulier)
Elle prend la ligne 1 et pour sa défense lance l’argument « il
faut bien un début ». Arrivée au pont de Neuilly elle repense au petit
Ponte de cette ville, un fils d’émigré hongrois et hongrois tellement tout ce
qu’il dit qu’elle en ressent un goût lâche d’amertume.
Mais pas le temps de s’attarder
dans les réminiscences amères car voilà déjà les sablons dont Jean fut le
principal représentant avec sa voix vouée à Mireille, non pas la Matthieu, à celle de Jean Nos-Huns. Qu’est-ce qu’il chantait déjà ? Ah, j’ai la mémoire
qui flanche, se dit Nathalie, je ne me souviens plus très bien.
Un homme la
bouscule, il sent la sueur à plein tube (comme dirait Londres, enfin..Albert). Il descend Porte Maillot et le sien
porte des fragrances nauséabondes. Nathalie sort de son sac un petit flacon de
parfum et s’en remet une rasade sur le cou. Une femme assez typée l’accoste :
« Ah Rika ! » Non, répond Nathalie, vous devez faire erreur je
suis NKM, quand même, on ne peut me confondre avec une autre ! La femme s’excuse,
elle transporte un parfum large en thym et sort à Argentine avec un visage pas
pâle eu égard au fard qui n’a rien de breton. Nathalie soupire ! Sa
tournée des rames risque d’être un calvaire ! Une grosse escouade descend
à Charles de Gaulle à contrecourant d’un régiment qui monte en horde d’incivilité
frisant l’invincibilité. Le train souterrain poursuit sa route et voilà Georges
V. Tiens, une station qui porte le nom d’un monarque britannique s’étonne
Nathalie. Elle n’est pas au bout de ses surprises : la station suivante
est en hommage à Roosevelt , le 32ème Président des USA. Mais
la rousse svelte n’a pas le temps de cogiter sur l’internationalisation que
déjà la station Champs-Elysées apparaît. Un type, aux fausses allures de Jo
Dassin y descend en portant à la main des petits pains au chocolat. Il a l’air
complètement miro car il cherche un moment son chemin avant que de sortir à
droite.
Une vieille dame monte et lui
demande un autographe. Nathalie se sent
regonflée dans son estime. Elle s’apprête à poser sa signature sur une photo
sortie tout droit du sac de la vieille dame mais le stylo fuit ! Elle
tente de le rattraper mais l’encre n’est pas sympathique ! Ce n’est rien
dit la vieille dame qui ressort une nouvelle photo et un stylo neuf immatriculé
dans les Hauts de Seine. Le temps d’une signature et c’est déjà Concorde en un
vol ! En parlant de vol, Nathalie fait gaffe ! On l’a avertie de la
présence de pickpockets alors,
régulièrement, elle revérifie son sac ! Ouf, tout concorde, comme la
station qui vient de pointer son nez. Sur le quai un violoneux s’escrime pour
gagner quelques piécettes qui auraient
échappé à Bernadette Chirac. L’argent ne vient pas et on a l’impression que les
usagers pressés se soucient peu qu’on corde...
La rame reprend sa course comme la chenille
dans la chanson. Un étudiant discute avec son amie des mésaventures de son
dernier stage : que des tuiles. Mais les deux jeunes gens des tuiles rient
pour y descendre, justement. Nathalie
les voit poursuivre leur route sur le quai, main dans la main ! Elle se
fredonne la chanson de Françoise Hardy « tous les garçons et les filles de
mon âge ». Elle est alors apostrophée par un homme bedonnant et qui n’a
pas l’air royal ! Il l’insulte en la traitant de Sarkozienne délurée !
La seule façon d’échapper à ce fou est
de descendre : Musée du Louvre ! Mon Dieu, ce type, quel tableau, elle va en porter de la croix par d'épiques assauts ! Elle va
reprendre la prochaine rame ! La voilà !
Nathalie monte et se fait
déjà bousculer par une cagoule banlieusarde dissimulée sous des écouteurs Iphones. Aîe, faune ! Ça
continue ! Elle doit rester debout cette fois ci et c’est fatiguant !
Une boîte à sommeil s’annonce, sa fatigue l’ouvre et rives au lit
douillet se profilent. Elle se voit détendue sur une plage de sable blanc !
Ma parole, elle dort debout ! Réveille-toi Nathalie ! Tu dois à la tâche atteler.. Ah,
là t’as, Chatelet ? Ah oui, c’est cela ; donc logiquement après c’est
l’Hôtel de Ville : la cible favorite, le Graal ! Comme le gagner cet
hôtel ? Avec quel algorithme ? I need algo, soupire Nathalie. Arrive
la station Saint Paul qui devance la Bastille ! En parlant de Bastille
elle en prend une à la menthe (allô quoi !) pour se refaire une haleine qu’hélas
trac entame ! Voici la gare de Lyon qu’elle préfère à l’art de Guillon, ce
fieffé humoriste qu’elle aimerait pendre ! A deux pas d’elle un
sexagénaire vient de roter sans la moindre excuse ! Est-ce en lien avec le
nouveau point d’arrêt dit de rots ? Cette réflexion l’empoisse :
comment les gens peuvent-ils se laisser aller ainsi ! Quelle damnation !
Hé M’dame, Nation, je dois descendre, lance un freluquet boutonneux aux arômes
de cannabis ! Il la bouscule et saute sur le quai ! Le temps d’un
nouveau tronçon et Nathalie se retrouve témoin de vingt scènes plus ou moins saines
mais qui corrobore l’idée que le métro de Seine assène de dures clichés, bien
trop popu à son goût. Voilà le prochain point d’arrêt. C’est Saint Mandé là ?
Oui, lui répond un beau noir d’origine sud-africaine qui travaille au black
comme docker pour le compte d’un patron
sonné. Le noir d’ébène doit se sauver tôt et n’a pas le temps de luis serrer la
main. Elle le voit partir de dos, le back du black et se dit que certains n’ont
pas la vie facile.
Elle n’a guère le
temps de s’attendrir. Une armée de blaireaux descend à Béraut, dans un état bourré et en scandant « Bayrou
aux barreaux » ! NKM, la libérale, lit Bérault en lettres blanches sur fond bleu en se disant
qu’elle arrive au bout de sa souffrance ! Et oui, terminus ! On
arrive au château de Vincennes et les passagers, tels des moutons du vert nés, s’égaillent vers les tourelles
et le donjon !
Mais demain sera un autre jour ! Nathalie se prépare à
affronter la ligne 2.
Prochain épisode : la ligne 2
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