C’est toujours un plaisir de retrouver le Professeur
Hitérole à l’occasion d’un apéritif. Après son entretien avec José Bové il a daigné m’accorder un peu de son temps pour m’expliquer les problèmes des
agriculteurs
Fabiano : Professeur,
éclairez ma lanterne ! Pouvez-vous m’expliquer ce qui se passe chez nos
agriculteurs qu’ils se sentent obligés de faire un défilé de tracteurs à Paris
puis à Bruxelles ?
Prof Hitérole : Hé bien, ces
opérations escargot loin d’être délits massent le long des routes
l’exaspération des éleveurs de porc, de vaches et les produits qui en
résultent : viande, lait, principalement. Pour dire vite, entre 22.000 et
25.000 exploitations sont au bord du dépôt de bilan et préfèreraient vendre des
peaux de bêlants si les ovins ne risquaient pas, à leur tour, la surproduction
parallèlement au danger de la fièvre catarrhale ovine dite maladie de la
langue bleue. Mais, je m’égare à perdre la laine…
Fabiano : Oui,
professeur, revenons à nos moutons…je veux dire aux porcs et aux vaches !
En quoi les filières porcines ou bovines ne nourrissent-elles plus leur
homme ?
Prof Hitérole : Je vais
commencer par le Porc pour amarrer mon exposé lequel devrait défiler sans
divaguer ! Le porc, en France, est une viande bradée, bridée par les
distributeurs brodeurs de marge ! Les grandes surfaces vendent
régulièrement des côtes de porc à 2€ le kg alors qu’un prix de vente de 7€ le
kg devrait être proposé pour couvrir les prix de revient de l’éleveur l va
falloir trouver une prime à verrat et c’est ainsi qu’un arrêté public va limiter
la promotion sur viande de porc fraîche à deux mois par an, en janvier et
septembre. En dehors de ces deux mois les rabais ne pourront plus transformer
un prix à moins de 50% du prix moyen. Mais le pire est le coût subi par
l’embargo russe pour des raisons liées à l’Ukraine. La peste porcine n’explique
pas tout ! Poutine fait sa tête de cochon et empêche 150.000 tonnes de
porc européens de se transformer en koulibiak ! Le producteur de porc qui
s’échine ne comprend pas et lance : pourquoi ai-je arrêt ? La
commission européenne va devoir subventionner le stoppage des corps heu le
stockage des porcs pour l’instant invendus afin de faire rebondir les cours
bêtes, limiter l’écart négatif entre prix de vente et prix de revient et tenter
d’éviter que l’écart casse le moral des éleveurs.
Fabiano : N’ont-ils pas
trop produit quand même ? N’y a-t-il pas surproduction ?
Prof Hitérole : La
surproduction est européenne. Les cochons allemands et espagnols ont filé,
mignons, sur l’autoroute de la concurrence et nos élevages ont été détruits car
les charges dans l’hexagone sont bien supérieures à celles de nos voisins. Tant
et si bien que la France qui avait une balance commerciale
« porcine » excédentaire de 94 millions en 2000 est désormais
déficitaire (- 143 millions en 2012). La France vend moins et achète plus.
Comment relever le défi si terre perd en compétitivité ? Die Schweine et
los cerdos doivent être moins nombreux c’est verrats cités !
Fabiano : Hum, c’est du
chacun pour soi. Et en ce qui concerne le lait ?
Prof Hitérole : La crise vient
principalement de la fin des quotas. Pour la première fois depuis 31 ans les
éleveurs européens vont découvrir la joie d’entreprendre en toute liberté. Car
on détricota laiterie-quotas ! La fin des quotas équeute l’écoute des
coûts régulés ! Sans quota l’éleveur lambda pourra surproduire au risque
de faire chuter les prix ! Pauvres prix, de plus en plus volatiles qui
nous posent la question de savoir ce que vaut lait, question que la vie colle
sur le mur des préoccupations des éleveurs craignant d’être plumés. Il faut
rajouter un autre problème : au niveau national on a supprimé le mécanisme
de négociation interprofessionnel des prix géré par le CNIEL (Centre National
Interprofessionnel de l’Economie Laitière) sous prétexte qu’il portait
préjudice au consommateur final par constitution d’une entente sur les prix
cartel est la crainte !. Il n’en est rien, apparemment. Les tiers n’ont
jamais eu à en souffrir car les vaches sont plutôt du côté des
distributeurs ! Ils vendent le litre de lait antillais, heu entier, à 1 €
alors que, souvent, l’éleveur l’a vendu à 33 centimes et il lui manque 10 à 15
centimes pour couvrir ses frais ! Désormais, sans mode de régulation
propre à la filière, les négociations avec les supermarchés seront encore plus
difficiles !
Fabiano : Pas facile de
vendre des produits « Frais » ! On ne peut pas fixer des prix
planchers des vaches ?
Prof
Hitérole : Ce prix plancher existe. Le 24 juillet, les
producteurs de lait ont arraché une revalorisation des prix à
hauteur de 3 à 4 euros les 1.000 litres pour atteindre 340 euros. Mais cette
hausse a un impact très limité et n’est qu’un pis à lait car elle ne concerne
que les produits de marque, l’avoine de la grande distribution.
Fabiano : Hum, si je
comprends entre embargo russe, suppression des quotas, lobby de la grande
distribution, concurrence européenne, nos agriculteurs s’enfoncent dans le
déficit alors qu’on devrait leur dire : on fait tout pour ne pas que vous
vous en lisier !
Prof Hitérole :
Exactement ! D’où les opérations escargot et les révoltes paysannes qui telles
des verrues virales rurales dévient, râlent ! A nous de consommer français pour
soutenir notre production à gris col qui ne demande qu’à retrouver son blanc
(pain) !
Fabiano : Ça tombe bien,
ce midi je mangerai du coq au riz Caux-niaque de chez nous !
Prof Hitérole : Ah ? Vous
n’êtes plus végétarien ?
Prof Hitérole : Non…enfin,
momentanément…Pour les besoins de la cause.
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