Ainsi
soit-il. Donald Trump a prêté serment sur la Bible et devient le 45ème
président des Etats-Unis.
Rien de
tel que la bible pour se donner une nouvelle Genèse quand les vies tiquent d’avoir
supporté huit années d’aubes à Marie, heu d’Obamarie. Oui, rien de plus
exaltant que la bible pour évoquer Job, ce travail qu’on promet à tous les Américains
avec un « First America », l’Amérique d’abord.
En vérité, je vous le
dis, rien de plus grandiose que la bible pour soutenir cet homme aisé qui hèle
toute une nation à lui ressembler : soyez riche, osez (Osée ?),
cessez vos lamentations et comme des pros faites-vous une place au soleil. Je
serai là derrière vous. Je ne vous décevrai pas !
Oui, il a
prêté serment sur le livre saint et retentirent les canons pour le canoniser !
La pluie
était au rendez-vous, faisant dire à ses détracteurs : ça dégoutte.
L’eau
venait comme pour bénir son discours à bas thème : le fameux « America
First », une « Amérique d’abord » répété à l’envi, en grains de
chapelet. Une oraison hors raison charpentée de phrases courtes, comme si le
nouvel hôte de la Maison Blanche parlait ainsi qu'il tweetait : pas plus de
140 caractères par phrase.
Le nanti
social, habitué des trusts, était arrivé, l’air d’un sombre héros, accompagné
de sa femme Melania et de son fils Barron, dix ans, qui aurait préféré envoyer
des chewing-gums mâchés à tous les vents, sachant qu’il avait des prix chez le marchand !
Donald,
qui ne ressentait pas le froid de canard, a embrassé Michelle Obama laquelle n’eut
pas l’air enchantée, flûte ! En revanche, il n’a pas serré la main de son
ex rivale, Hillary, pas hilarant !
Tout
Washington, enfin presque, s’était donné rendez-vous : les présidents
Jimmy Carter, George W. Bush, Bill Clinton. Il y avait aussi les leaders
politiques, les juges de la Cour suprême, Bernie Sanders, les futurs ministres
cousus d’or qui n’ont jamais eu besoin de Jean-Pierre pour gagner des millions.
La foule des
admirateurs, un agglomérat de braves gens paumés croyant au Messie, applaudissait
le prophète mais s’avérait peu magnanime dès que les écrans géants montraient
une dame blanche : « il ne faut pas que la frigide erre ici, mettez
la en taule ! ». Pauvre Hillary ! Elle avait pourtant fait l’effort
de venir malgré tant de rancœur.
Le
discours fini, une jeune soprano, Jackie Evancho (et vante froid
éventuellement, si besoin est) se mit à chanter l’hymne national, The
Star-Splangled Barner (la bannière étoilée).
Trump aurait préféré Mireille Matthieu, mais la star avignonnaise avait prétexté d’un gala en Russie prévu depuis des mois par son ami Poutine.
Il a donc
fallu s’accommoder d’une bannière étoilée en mineur (Jackie a moins de 16 ans) avant que d’aller
au charbon, polluer la planète en crachant sur la Cop 21, se recroqueviller
derrière ses frontières en sifflotant l’harmonieuse mélopée du protectionnisme.
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