S’il avait été réellement un espion de sa gracieuse Majesté et s’il eût été encore assez jeune pour être en service, peut-être aurait-il su déjouer l’attentat de Manchester.
Mais
voilà, Roger Moore n’a jamais été un espion. Il a juste enfilé le costume du 007
pour la beauté de l’art cinématographique. Quant à la jeunesse, elle lui a
tellement filé entre les mailles de Scotland Yard qu’il en est mort !
Et
oui, Roger Moore vient de nous quitter
le jour même où nombre de ses concitoyens périssaient sous les éclats d’une
bombe djihadiste.
Roger
représente, pour moi, la meilleure incarnation de l’agent secret 007, bien plus
que Sean Connery (surtout ne pas prononcer « c’est une connerie » car
il en prend une douche écossaise) ou que ces acteurs plus ou moins doués qui
ont succédé à ces deux monstres sacrés pour interpréter le héros
indestructible.
Je
suis conscient que c’est un avis très subjectif mais, que voulez-vous, Roger
Moore représente au mieux et à mes yeux
(voire vice-versa) le flegme britannique
personnalisé.
D’ailleurs
le cinéma ne s’y est pas trompé qui l’a qualifié à sept reprises pour se
glisser dans la peau du gentleman des services secrets de la Couronne (encore très mal remboursée par la Sécurité Sociale, mais...je m'égare).
Le
petit Roger naît un 14 octobre 1927 à Stockwell, près de Londres. A 18 ans, il
quitte sa province, bien décidé à empoigner la vie. Le cœur léger et le bagage
mince, il est certain de conquérir…l’armée ! Et oui, Roger devient
capitaine dans le Royal Army Service Corps… Je vous demande un peu !
Heureusement, un grave accident de voiture lui remettra du plomb dans la
tête ! Après sa convalescence, sentant que con va l’essence martiale, il se décide d’épouser l’art
dramatique ! Tac !
Il
suit les cours à la Royal Academy of Dramatic Art (soit la RADA à ne pas
confondre avec l’art à Dada ou loup roux doux d’août ou l’ère est d’aider ou…mais
qu’est-ce que je raconte, là ?)
Et
bientôt il se fait remarquer. La télé britannique l’embauche pour jouer
Ivanhoé. Un rôle de chevalier qui confère un cœur de lion ! Voilà du butter dans les spinach, comme le dirait Popeye, même s’il
faut se coltiner 39 épisodes et en plus en noir et blanc !
Après
cette terrible épreuve marquant d’Yves à
Noé (ses costumiers) les organismes, Roger joue Le Saint, toujours pour la télé des rosbifs Mais, cette fois-ci, la
dose augmente : 118 épisodes ! Un véritable calvaire pour l’acteur
englué dans un rôle d’aventurier nommé Simon Templar même si s’y monte ample
art de la comédie ! Jouer le Saint n’est qu’terre, lance Roger en
maugréant histoire de dire qu’on ne décolle pas vers les hautes sphères
divines.
La
TV ? L’idée, Roger, serait d’y
déroger ! Hélas, le petit écran le capture de nouveau. Le voilà pris dans
les mailles d’Amicalement vôtre !
Heureusement on réduit les doses : que 24 épisodes et, cerise sur le
gâteau, la joie d’avoir Tony Curtis comme comparse ! La classe !
Roger joue le rôle de Brett Sinclair, un Lord qui joue les redresseurs de
torts. Quitter un sombre saint pour jouer un saint clair ne vous fait pas
monter au Paradis même si avec son pote le cœur
tisse une amitié solide.
Le
Paradis il va enfin le trouver avec la reconversion en James Bond. En 1973, il
joue dans Live and Let Die (avec la bande originale de Paul Mac Cartney alias
Boss of the Wings !). Il ne veut pas s’arrêter là ! Sinon c’est
colère ! Il faut te faire vivres et ne pas te laisser, Moore, ire !
Alors on continue. En 1974, c’est l’homme
au pistolet d’or (à ne pas confondre avec la piste au lait d’Ore, un micro
tournage d’un ami de Haute Garonne, jamais diffusé).
En
1977, Roger récidive dans L’espion qui
m’aimait où il joue avec BB, non pas celle de initiales de Gainsbourg, mais
Barbara Bach, une jolie actrice jadis tentée par une carrière de chanteuse mais
trop tiraillée entre les reprises de l’Aigle Noir et la cantate BW 4 !
En
1979, comme c’est un pro Roger, il continue : le voilà 007 dans Moonraker (leur
Halo de thune, heu le râteau de Lune) qui, sans vraiment être un navet nous
plonge dans les navettes…spatiales.
En
1981, c’est rien que pour vos yeux,
où Moore joue avec notre Carole Bouquet nationale, alors encore toute en fleurs
et ayant besoin d’être au parfum avant que Chanel ne s’en occupe. En 1983, Octopussy ajoute une nouvelle pieuvre de la longévité de
Roger : à 55 ans, il reprend du service dans un film qui parle d’Inde et
ses temps d’œillets mais sans voir 007 endeuillé.
Car
James Bond n’est jamais triste. La mort ne t’atteint pas quand sonne le glas
Moore ! Alors comme le rôle est assez cool, Roger se prend une piqûre de
rappel. Mais ce sera la dernière car elle est dangereusement vôtre (1985) ! Oui, il ne faut pas abuser avec
le Bondage, enfin, je veux dire, la Bondérisation. Ce sera donc le dernier James
Bond pour notre homme. Dans ce dernier opus, à nouveau, tandis que suent rats,
Bond danse, sape, les tord, est toujours vainqueur ! Bref, la
routine ! Il est temps d’arrêter ! Allez, va, gars Bond d’âge
mûr !
Roger
jouera encore dans quelques films insignifiants (où tu te fais, ah Moore, haché !)
puis se consacrera aux Droits de l’enfance en étant ambassadeur de l’UNICEF.
Mais
il se fait las, Moore ; pas las, guère d’entrain.
Alors
il s’éteint, ce 23 mai 2017, à l’âge de 89 ans, à Crans-Montana, en Suisse, un
peu loin de son île natale sévèrement frappée par la folie meurtrière.
On
ne lui en voudra pas.
Il
sera toujours le 007, magnifique et si délicieusement british !
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