On voudrait que cette
affaire ne prît point autant d’importance, qu’elle ne fût pas relayée par tant
de médias compte tenu de la gravité de bien d’autres situations sur notre
planète ; pourtant, n’est-ce pas là l’occasion de mettre un terme à un type
d’émission télévisée que d’aucuns avouent honnir tout en s’en repaissant ?
On voudrait mettre sous
l’éteignoir le nom de Cyril Hanouna parce qu’il n’en vaut pas la peine, parce
qu’il y a tant à s’indigner de mille autres scandales, guerres et viols sur
notre triste planète et, cependant, nombre de Français, même ceux qui
ignoraient le triste produit cathodique « Touche pas à mon poste »
(sur C8), finissent par connaître ce monde parallèle, animé par un gourou
déviant et désormais sous les fourches
caudines du CSA et de celles de la nouvelle ministre de la culture, Mme Nyssen.
Car, l’affaire est grave
mais au-delà du simple cas d’Hanouna c’est une réflexion qu’il nous faut porter
sur l’avenir de notre télévision, des sponsors qui l’alimentent et de la
déontologie qui doit la maintenir à flot.
De quoi s’agit-il ?
Dans un canular diffusé jeudi 18 mai, dans son émission Touche pas à mon poste, Cyril a
piégé en direct des hommes qui le contactaient après s'être fait passer pour un
bisexuel dans une petite annonce.
La déontologie et un minimum
d’intelligence auraient dû dissuader l’animateur à se lancer dans ce genre
d’expédition médiatique. Il n’en a rien été.
Lundi matin, une quinzaine de militants LGBT (Lesbiennes, Gays, Bi
et Trans de France) se sont rendus au siège du CSA pour taguer le trottoir avec
le slogan "Hanouna producteur d'homophobie, CSA complice".
Sur Twitter, le réalisateur Xavier Dolan a qualifié l'animateur
d'"imbécile". En soi ce n’était pas un scoop, on le savait depuis un
moment déjà ! Ce qui est étonnant, en revanche, c’est que certains ne s’en
aperçoivent qu’à présent. Il m’aura fallu deux minutes de diffusion, un jour,
alors que je m’étais égaré sur C8, par le plus malheureux des hasards, pour me
rendre compte de la vacuité du personnage, de son extrême déliquescence
intellectuelle qui n’avait d’égale que sa vanité.
"On peut certes rire de tout. Piétiner la dignité, c'est
autre chose. Tolérer une discrimination justifie toutes les autres", s’est
indignée l'ex-garde des Sceaux Christiane Taubira, revenue de nulle part.
La chroniqueuse de France Inter Sophia Aram a jugé l'épisode
"à vomir": "Tu es responsable d'une banalisation des
humiliations que subissent de nombreux homosexuels", a-t-elle lancé à
l'animateur comme si ce dernier pouvait l’entendre !
Oui, je doute qu’Hanouna soit un fidèle auditeur de France Inter
et qu’il prête attention à la chronique géopolitique de Bernard Guetta ou à
celle, très scientifique, de Mathieu Vidard « la tête au carré ». Il
doit y avoir une certaine carence en neurones dans sa tête à curer !
En attendant, que de buzz
sur les réseaux sociaux, que d’articles concoctés en flambeaux d’indignation,
que de levées de bouclier : un tel déploiement pour la défense légitime des
victimes de l’agitateur d’opprobre ne peut, à mes yeux, se justifier que si la
cause est nationale.
En d’autres termes en
finir, une bonne fois pour toutes, avec ces émissions débiles, nivelant la
culture au niveau zéro et toujours susceptibles de susciter des dérapages de
toutes sortes : homophobie, xénophobie, islamophobie, railleries sur le
physique des gens…
Je doute que le combat ne
se place sur ce terrain.
Car alors, et depuis
longtemps, il n’y aurait plus place dans
le panorama audiovisuel pour une émission comme « on n’est pas
couché » de Ruquier où fausses polémiques et contre-vérités se côtoient, exacerbées
par des chroniqueurs incompétents. Il n’y aurait plus audience pour
« Salut les Terriens » d’Ardisson, émission durant laquelle injures
et propos sexistes s’épanouissent jusqu’à voir Macron se faire traiter de
gérontophile par un certain Eric Brunet sous prétexte que sa femme pourrait
être sa mère !
Oui, je doute que le
combat ne se porte, dans ses velléités, qu’à l’encontre d’Hanouna et que rien
de change à l’avenir.
Le roi déchu (en supposant
qu’il le soit), lâché par ses sponsors, laissera la place à d’autres princes de
la provocation gratuite, pour le plaisir d’un certain public.
Car le petit écran aime se
reconstituer ces moments de pure déliquescence intellectuelle pour capter
l’esprit reptilien de millions de téléspectateurs, flatter la bassesse de nos
instincts et endormir l’esprit critique.
Il alimente ainsi les
réseaux sociaux qui, de tweets en tweets, de réactions en humeurs atrabilaires,
se ruent sur la polémique du moment, du scandale dont il faut absolument
parler, de l’indignation à laquelle nul ne pourrait déroger sous peine de se
faire traiter d’inconscient ou, pire, d’indifférent à la misère humaine !
Mais où est-elle la misère
humaine si ce n’est dans les bateaux de fortune des migrants de la Méditerranée,
dans les plaies d’Alep, dans les geôles d’Ankara, dans le désespoir des
chrétiens d’Orient ou encore dans le long sanglot des homosexuels de
Tchétchénie ?
Les dérapages d’Hanouna ne
doivent pas occulter toutes les réflexions que nous devons alimenter pour
guérir notre planète.
La télévision se
grandirait à multiplier les émissions d’éveil, d’intelligence, le plus
intensément portées vers l’objectivité.
Mais le
cherche-t-elle ?.
Hanouna
raie
Le sens
moral
A nous
navrer
Mal
sidéral !
Hanouna
crée
La
polémique
A nous
nacrer
D’ire
homérique
Hanouna
paie
En
dérision
A nous
napper
D’indignation
Mais
Hanouna n’est qu’un produit
Parmi
tous ceux de l’incurie
Qui
souillent les fleurs cathodiques
De calamités
névrotiques
Et que finisse
gorge chaude
Pour tant
de sales baguenaudes
Issues de
Cyrille Hanouna
Gorge en
pleurs : Syrie la noue, na !
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