On
pensait qu’elle avait tourné définitivement la page du septième art mais c’était
sans compter sur l’obstination de Marc Hélezespris. Le jeune réalisateur a su
convaincre notre BB nationale de se remettre devant la caméra, pour le plus
grand bonheur de ses fans (chiens de tous poils, bébés phoques et même quelques
humains nostalgiques…).
Le
film est insipide comme le goût des plats que tente de savourer Aubin Marie
(Brigitte Bardot), boulimique frappée d’agueusie.
Le
scénario est bien plat, mal cuisiné et ne tient pas la distance avec le modèle
du genre « la grande bouffe » de Marco Ferreri (1973).
Marie
ne peut s’empêcher de manger, de se perdre dans la nourriture pour oublier le
mal qui la ronge : un passé glorieux d’actrice vénérée la rattrape dans
ses nuits. Elle se lève (long passage nocturne où on devine vaguement une silhouette
empâtée qui pourrait tout aussi bien être celle de Maïté évoluant dans une
galerie minière, houilles ouille ouille !) et descend à la cuisine pour
vider le réfrigérateur.
Pour
l’accompagner dans cette déchéance elle
écoute un tango d’art (et non pas « elle écoute un temps Godard »). Ça
lui donne un rythme soutenu et permet surtout de donner à ce film son unique
support musical.
Elle
mange, engloutit tout en vitupérant contre ces jeunes artistes allumeuses qui
balancent leur porc sur les ondes et les réseaux sociaux. Et en parlant de
porc, eh bien, elle en reprend. Et pas qu’un peu ! Avec de la mayonnaise
mélangée à la Chantilly !
Mais
le goût n’est pas au rendez-vous. Elle consulte un spécialiste, le Docteur Sam
Etausne (joué par un jeune peu prometteur, Michel Picolloli, dont le nom n’est
même pas inscrit sur le générique). Le spécialiste s’avère charlatan et, comble
d’ironie, se vautre également dans l’abondance alimentaire.
Les
deux êtres vont fatalement se retrouver dans la bombance orgasmique. Les
morphales évoluent de concert, ignorant les maux des rations. Aucun des deux ne
relèvera l’autre.
La
fin suicidaire sous le miaulement strident des chats et l’aboiement douloureux
des chiens constitue le point d’orgue de ce court métrage quelque peu navrant.
On
se demande encore pourquoi BB s’est lancée dans cette aventure dans laquelle
Hélezespris jouait gros (il aurait hypothéqué son mas « Scarpe-Aulne »,
belle résidence douaisienne où il a planté l’alnus).
Jouer
gros pour un résultat qui risque d’être maigre…
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