La petite
Colette Dacheville naît le 8 novembre 1932, à Versailles pour très vite
apprendre auprès de Versaillais des vers saillants. La poésie l’inspire tout
comme l’art dramatique !
Aussi, très vite, après des études secondaires
de seconde ère, elle s’inscrit à des cours de théâtre aux côtés de Charles
Dullin, Tania Balachova et René Simon. Elle est vraiment douée fait feu de tous
bois pour brûler les planches très tôt, ou sans (sans tréteaux). Sa recherche
de perfection ne se dément jamais. Elle devient Stéphane Audran qui est l’anagramme
de « âne dans pré haut » et on se demande à quoi ça rime !
En 1954 elle
épouse Jean-Louis Trintignant lequel la laissera tomber alors qu’elle est si
fragile, mais oui, être une femme libérée ce n’est pas si facile. L’acteur préfère
les charmes de Brigitte Bardot, créée par Dieu et par l’entremise de Roger
Vadim…
Elle
apparaît à l’écran en 1957, dans « le Jeu de la nuit » de Daniel
Costelle. Cause-t-elle de l’émotion ? Sans doute car elle est vraie,
vivante. Nulle tentation de sombrer dans la mollesse car tout jeu de las nuit.
Chabrol, un des pères de la nouvelle vague, est subjugué par cette jeune femme.
Il lui demandera de tourner dans ses films, puis sa main. Elle devient donc une
héroïne chabrolienne notamment dans « les cousins », en 1959. Ce film
évoque férocement la petite bourgeoise de province, un thème très cher à
Chabrol.
En 1960,
elle tourne dans « les bonnes femmes » sous la caméra de celui qui est
son mari. Elle incarne Ginette, vendeuse en magasin, et a comme partenaire,
entre autres, Jane que joue Bernadette Laffont.
Dans
« La femme infidèle », en 1969 (toujours de Chabrol) elle interprète
une séductrice, Hélène Desvallées, infidèle et dont l’amant se fait trucider
par le mari. En 1970, encore sous l’œil attentif de Chabrol, elle incarne
Hélène David, enseignante, dans « le Boucher ». Elle joue l’amoureuse
du boucher du village (Jean Yanne), un homme qui s’avèrera être un tueur en
série.
En 1972,
sous la direction de Buñuel, elle joue dans « le charme discret de la
bourgeoisie ». Elle y incarne Alice Sénéchal, bourgeoise empêtrée dans ses
méandres, entre codes policés de l’époque pompidolienne et déviances liés au
trafic de stupéfiants. La beauté froide de l’actrice imprime ce film aux
multiples messages.
Mais Chabrol
demeure son mentor. Avec lui elle remporte, en 1979, le césar du Meilleur
second rôle pour sa prestation dans « Violette Nozière », l’histoire
d’une jeune fille (interprétée par Isabelle Huppert) qui tue père et mère pour
échapper à des parents étouffants.
Hélas, en
1980, Stéphane Audran et Claude Chabrol divorcent. La carrière de l’actrice
s’efface peu à peu devant celle d’Isabelle Huppert, nouvelle égérie des films
de son ex mari. Il n’empêche, elle retrouve Claude dans « Le sang des
autres » en 1982, « Poulet au vinaigre » en 1985, « Jours
tranquilles à Clichy » en 1990 et « Betty », en 1992 !
Désormais
Stéphane Audran obtient de petits rôles anecdotiques dans des comédies de Zidi
ou de Mocky. Sa carrière s’essouffle un peu. Elle souffre de troubles
psychosomatiques. Elle cherche refuge dans la médecine parallèle (notamment la
chinoise) et la…gastronomie.
Elle vient
de nous quitter, en silence et comme par pudeur, en ce 27 mars 2018 tandis que
tous les feux de l’actualité se braquaient sur le visage tristement héroïque du
lieutenant-colonel Beltrame.
Elle nous
laisse le souvenir d’une grande actrice, au charme teinté d’élégance et de
compassion. Elle est, à tout jamais, associée au nom de Chabrol, son mari, avec
qui elle aura tourné 24 films !
Une grande
dame du septième art vient de nous quitter…
Colette
voulut s’appeler Stéphane
Pour
capter sur l’écran ses fans
D’un
beau regard de bourgeoisie
Grâce
élancée vers l’infini.
Stéphane
à Chabrol se lia
Pour
le bonheur du cinéma
Tendre
biche ou femme infidèle
Elle
devint sa douce aquarelle
Au
clair des yeux du romantisme
Rousse
élégance en jeu subtil
Du
cœur saignant jusqu’aux idylles
Égérie de la nouvelle vague
Féminité,
colliers et bagues
Incandescence et magnétisme...
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