Jacques Chirac, l'ancien Président de la République (1995-2007) s'est éteint ce 26 septembre 2019. L'homme de deux cohabitations, de deux mandats (12 ans à l'Elysée) ferme, en nous quittant, une page de notre histoire.
Retour sur le parcours de cette bête de la politique.
Jacques
Chirac est né le 29 novembre 1932 à Paris et sous Albert Lebrun, le brun qu’il
préfère appeler bouse car, d’origine corrézienne, il aime retrouver les vaches
de sa terre ancestrale. Ses grands-parents sont des hussards de la république
maniaques de la craie et du tableau noir. Son père est employé de banque et
administrateur d’une société d’aéronautique et, dans les deux cas, on parle de
vol ; ce qui influera, par la suite, sur l’esprit magouilleur du jeune
enfant.
Fils unique
(sa sœur aînée est décédée avant sa naissance), Jacques poursuit ses études à
Paris, les rattrape, et passe par l’Institut d’études politiques en 1951. Il
milite brièvement pour le parti communiste en vidant des ballons rouges car,
déjà, il est fine gueule et ne recule devant aucun nectar de Bacchus.
Après Sciences Po (où il rencontre Bernadette,
sa future épouse), il effectue son
service militaire en Algérie (1956–1957) sans sale armée, sans devoir avouer l’âge
et gène. Il intègre ensuite l’ENA (Ecole Nationale d’Administration) et la
promotion Vauban, dont il cita d’elle : - Tous en remparts d’œufs !
Car y on apprend la langue de bois et à marcher sur des œufs. Il en sort diplômé
en 1959 (l’année de ma naissance ; je ne me la pête pas, mais quand même...).
Au début des
années 60, il devient chargé de mission au cabinet du premier Georges Pompidou
et, à cet égard (très chiraquien ce « à cet égard »), il s’ s’engage
alors en politique, et devient secrétaire d’État aux Affaires sociales en avril
1967. Sous son impulsion, l’ANPE (Agence Nationale Pour l’Emploi) est
créée le 13/07/1967 alors que le taux de chômage n’est que de 2 %. Mais bon, il
pense déjà au futur : ça va grimper, l’économie prend froid, le chaud
meurt.
Durant les
sixties, il s'implique dans des mandats locaux. On le voit Conseiller municipal
de Sainte-Féréole (19270) ou, tel un bulldozer il bouscule à grands vents pour
se faire Eole. Il devient député de Corrèze, Conseiller général de Corrèze. Ce
grand échassier migrateur revient régulièrement sur ses terres, le bec affamé ;
et ne lasse pas Tulle (haineux, la spatule ?).
Parallèlement,
il gravit progressivement les échelons des postes gouvernementaux. En 1968,
plongé dans un mai tumultueux, il participe aux accords de Grenelle qui feront
grimper le Smic de 35 % et instaureront la semaine de 40 h. En 1972, il est
nommé Ministre de l’agriculture et du développement rural. Il excelle dans ce
domaine où il n’entend plus les cris « mort aux vaches ! ». Il
se bat pour éviter que les éleveurs ne croulent sous les traites dans des
situations qui vont de mal en pis.
Lors des
élections présidentielles de 1974, il soutient Valéry Giscard d’Estaing (c’est
un « bon choix » madame !). Nullement ingrat, VGE le nomme
premier ministre. Peu convaincu par le droit à l’avortement, il finit par
soutenir pleinement sa ministre du travail, Simone Veil, pour faire passer la
loi sur l’IVG (1975), tout en l’incitant à continuer la clope en guise de
symbole de parité homme-femme, sur lequel il ne faut pas mégoter !
Mais, homme
de convictions, Jacques Chirac, en désaccord avec la politique gouvernementale (notamment
économique) démissionne de son poste en août 1976. A la fin de la même année,
il fond un nouveau parti, le RPR (Rassemblement pour la République) comme un
pied de nez à VGE ! Pour bien enfoncer le clou, il se lancer dans la bataille
de Paris et gagne les municipales au nez et à la barbe du favori du Président,
un certain d’Ornano, descendant d’un maréchal d’Empire mais très mal, car il
chutera !
Chirac
devient donc maire de Paris et occupera ce mandat jusqu’en 1995. Il met sur
pied, car il a du chien, un système de motocrottes ! Des agents en moto
équipés d’un aspirateur à déjections sont embauchés. Mais Chirac aspire à autre
chose : la grandeur des arts premiers, ceux des civilisations anciennes.
Le Corrézien a toujours été passionné par les civilisations précolombiennes, africaines,
indonésiennes… Et le quai Branly, bientôt ébranlé, se verra doté d’un
magnifique musée sous la houlette d’un maire qui aurait tant aimé devenir un
anthropologue.
L’hôtel de
ville ne suffit pas. Non qu’être édile soit un emploi fictif comme celui qu’il
a octroyé à tel ou telle autre, au sein de son fief, ce qui lui vaudra les
foudres de la justice ! Mais, être premier magistrat d’une ville aussi
grande soit-elle, n’aiguise pas son appétit de pouvoir. Il faut viser plus
haut, toujours plus haut !
Jacques se
présente à la présidence de la République mais échoue devant le sphinx
socialiste, François Mitterrand, sans pouvoir blesser le pote aux roses. Il
gagnera sa petite revanche en devenant Premier Ministre de l’homme de Latché,
pour une cohabitation tumultueuse, une première dans cette 5ème
République. Chef de gouvernement d’un droite qui vient de remporter les
législatives, Chirac se heurte au Président qu’il considère déjà comme un mythe
errant.
Est-ce la
défaite qui le rendit aigri et gris qu’il faillît l’entendre parler de bruit et
d’odeur émanant d’une famille étrangère qui gagne 50.000 francs annuels de
prestations sociales, sans travailler, tandis que sur le même palier un bon
travailleur français ne gagne que 15.000 frs par an ?
Un dérapage
verbal qui, il l’avouera plus tard « était une bêtise » sur
laquelle il ne faudrait pas trop se cambrer!
L’ambitieux
se représente à la présidence en 1998. Il échoue de nouveau face à l’auteur du « coup
d’Etat permanent », bienheureux de dégommer, encore, une particule de
gaullisme, un petit père manant, à défaut d’éradiquer le cancer qui le ronge.
Quand s’érige haine !
Commence
alors une traversée du désert. La gauche perd encore les législatives en 1993
et une seconde cohabitation s’impose à Mitterrand. Chirac ne sera pas de la
partie. C’est son ami de 30 ans, un certain Édouard Balladur qui se retrouve à
Matignon. L’homme au goitre s’entoure d’anciens protégés de Jacquou le croquant
qui croque et croque dans la pomme de discorde (mangez des pommes !) et
crie à la trahison en voyant le petit Sarkozy lui préférer Édouard ! Ce
dernier, caricaturé en monarque à chaise à porteurs, grimpe dans les sondages.
On le voit gagnant pour la prochaine présidentielle.
Chirac se
bat, sort de l’obscurité, prend le taureau corrézien par les cornes, revient au
pas de charge dans l’arène politique, lance des piques, adore, et se retrouve
au deuxième tour des présidentielles de 1995, là où on ne l’attendait plus !
Il l’emporte sur Lionel Jospin.
En
inauguration de son mandat, l’homme profondément chaleureux (amateur des
poignées de mains et empâtant l’empathie) montre son humanité par un discours
courageux, le 16 juillet 1995. Il reconnaît la responsabilité de l’Etat
français dans la déportation des juifs durant la guerre et insiste sur le
devoir de mémoire pour que jamais ne réapparaisse les démons du Vel d’Hiv
(1942).
Sinon, le
début de son septennat est calamiteux. Il jette de l’huile sur le feu. Son
premier ministre, son fils spirituel, le « meilleur d’entre nous »
comme il aime à la nommer, Alain Juppé, se met tout le monde à dos par des
réformes téméraires. Le pays est bloqué.
Mal
conseillé, Chirac pense qu’en dissolvant l’assemblée nationale et en procédant
à de nouvelles élections législatives il récupérera davantage de députés pour
former une belle assise ! Dissolution, dis : solution ?
C’est le
contraire qui se produit ! La gauche plurielle (socialistes + communistes
+ écolos) gagne et Jacquou se voit affublé d’une cohabitation de 5 ans avec
Lionel Jospin, le socialiste puritain qui a souvent du mal à fendre l’armure.
Durant ces 5
années de cohabitation, l’homme de la Terre et des arts primaires doit se
contenter de signatures (passage aux 35 heures de Martine Aubry, intercommunalité
de Chevènement, suppression des fonds spéciaux utilisés par l’Elysée, aïe !).
L’unique
sujet de satisfaction durant ce quinquennat jospinien aura été la victoire de l’Equipe
de France face au Brésil (3-0), en finale d’une coupe du Monde organisée en France.
Il laisse éclater sa joie de supporter lambda, écharpe tricolore au cou,
retrouvant une joie d’enfance où il trouve encore aise.
En 2002, l’empêché
de tourner en rond se représente pour un second mandat. Il se retrouve au
second tour avec, face à lui, un borgne, épouvantail, aux propos nauséeux !
Jean-Marie Le Pen !
Se lève
alors une réaction populaire qui dépasse les borgnes ! Sus au Front
National de JMLP ! Qu’on soit de droite ou de gauche on votera pour Chirac !
Na !
Le Corrézien
est élu avec un score qu’on retrouve, en général, lors de scrutins truqués dans
les pays d’Afrique : 82,2 % ! Un véritable plébiscite !
Jacques l’avouera :
j’aurais dû alors en profiter pour sceller une alliance nationale, réaliser l’union
des Français ! Je n’ai pas su !
Au
contraire, en nommant Jean-Pierre Raffarin comme premier ministre, il s’assure
le concours d’un bon patelin, père tranquille et peu réformateur. Cependant, l’homme
gagne en sympathie en se découvrant une âme écologiste et visionnaire :
-
Notre maison
brûle et nous regardons ailleurs !
Le ton est
pathétique et grave. Les paroles raisonnent au cœur de Johannesburg pour un
sommet de la Terre. Cet amoureux de la nature, de la campagne, sait de quoi il
parle ! Il aimerait voir son écho logique semer des verts dans une nouvelle
poésie mondiale.
A défaut de
grande réforme (hormis le plan cancer mis sur pied en 2003), le Président
brille par ses discours ou ses prises de position. Il s’oppose ainsi à la
guerre en Irak que souhaite le président Bush, en guise de répression à la
suite de l’effondrement des tours du World Trade Center. Le discours tenu par
son ministre des affaires étrangères, De Villepin, résonne encore dans notre
mémoire collective.
Chirac sait
que la guerre ne mène à rien. L’avenir lui donnera raison. Le chaos s’installera
en Irak et fera germer des mouvements salafistes et Daech…
Victime d’un
accident vasculaire cérébral en 2005, sa santé devient fragile. Il se retire de
la vie politique !
Il garde en son cœur le souvenir de sa fille Laurence,
anorexique, morte trop jeune à l’âge de 58 ans.
Il la
rejoint, désormais, dans l’éternité en nous laissant toute une page de notre
histoire de France mais aussi une grand part de mystères et de complexité que sa pudeur n’aura jamais écrits sur des
pages de magazines people.
Salut
Jacquot !
On peut avoir atteint le sommet de l'Everest, quand la Camarde nous appelle toutes ces années elles, elles...